Dans le Tarn, Laure Ferré s’est lancée un défi : reprendre et faire prospérer la petite scierie familiale. Cinq ans après sa décision, le chiffre d’affaires a été multiplié par deux. Une politique commerciale dynamique et des investissements en cours permettent d’envisager de belles perspectives.
La scierie artisanale n’est pas morte. Pour s’en persuader, le mieux est de se rendre dans le Tarn, plus exactement à Lavaur. C’est dans cette cité occitane de quelque 10.000 âmes que la famille Ferré ouvrage le bois depuis maintenant 90 ans. D’abord en transformant des sabots de peuplier, platane, aulne issus des ripisylves du bassin versant de la Garonne. Puis, en sciant des résineux et des feuillus de la Montagne noire parce que les mœurs avaient changé et que le sabot ne chaussait plus son homme.
Désormais, Laure Ferré conduit la petite entreprise familiale. La jeune trentenaire a laissé choir une troisième année de licence sur les bancs de la faculté de droit d’Albi pour s’asseoir aux commandes de la Scierie Ferré. Une décision pas forcément anticipée et qui a dû paraître passablement saugrenue à ses camarades d’université...
Évidemment, la représentante de la 3e génération des Ferré dans le bois arrive avec une nouvelle vision du monde et de l’entreprise, avec les certitudes de la jeunesse mais aussi avec les doutes d’une jeune personne qui, finalement, a tout à découvrir et tout à prouver. Ce cocktail singulier – scierie artisanale donc de taille modeste, enthousiasme et inexpérience, jeune femme dans «un métier d’homme» – réunit tous les ingrédients pour s’intéresser à l’histoire de la scierie Ferré.
Chiffre d’affaires doublé en 4 ans
«Mon but était de redynamiser l’affaire familiale qui arrivait en fin de cycle avec le départ en retraite de mon père. Mais j’ai d’abord souhaité bien me former avant d’envisager une progression du chiffre d’affaires», prévient Laure Ferré. Son entreprise transforme actuellement 1.000 m3 de grumes par an, le douglas de la Montagne noire constituant l’essentiel de ses approvisionnements réalisés auprès d’exploitants forestiers locaux. Quelques autres résineux (cèdre, épicéa, sapin...), un peu de chêne, parfois du châtaignier, plus rarement du platane complètent les achats.
Les planches qui tombent du banc de scie Gillet fournissent le cortège classique de produits de construction en charpente et ossature ainsi que des bois de menuiserie destinés aux huisseries et à d’autres usages d’intérieur. Désormais, la jeune fille sait où elle va. «Aujourd’hui, je connais précisément mon rendement matière, je sais donc combien je dois acheter mes grumes et combien je dois vendre mes débits pour les objectifs de marge que je me suis fixés.»
Avec une assistante commerciale qu’elle a embauchée, Laure Ferré a beaucoup travaillé sur l’amélioration de la commercialisation de ses produits. «Mes parents avaient monté un petit négoce de proximité et je l’ai développé en renforçant la gamme d’assortiments et en faisant de la communication localement pour mieux nous faire connaître.» La gérante parle de publicité sur véhicules, de création d’une identité visuelle et d’un site internet, de présence sur les réseaux sociaux, de reportages dans la presse locale ou la TV régionale […]
Voir notre édition verte, Le Bois International, Scierie, exploitation forestière N°19…