L’édition 2017 du salon de l’affûtage, de la fabrication d’outils et de la rectification aura lieu du 23 au 25 mars prochain au parc des expositions de Reims (51). Organisé par le Snafot (Syndicat national des affûteurs français d’outils tranchants), il constitue traditionnellement un lieu d’échanges et de découverte privilégié. Une vocation qui s’avère plus essentielle que jamais, dans un contexte où l’enjeu de l’affûtage se généralise à l’ensemble de la filière bois.
«Les Aff’Tech rassemblent tous les types d’affûteurs pour les outils mécaniques, aéronautiques et le bois et cela permet d’échanger et de découvrir les nouvelles méthodes d’outillage dans les différents secteurs d’usinage. Le bois étant toujours preneur des avancés du secteur de la mécanique», souligne Jean-Baptiste Durousseau, dirigeant de l’entreprise Durousseau outils coupants située à Cenon (33), et toujours membre du bureau du Snafot, après en avoir été président par le passé. Une point que partage Gilles Duterlay, commissaire général du salon : «Ce rendez-vous important est au cœur de nos métiers ; il s’agit de mettre en contact tous les acteurs de notre filière industrielle de la rectification et de l’affûtage, de leur donner l’occasion d’échanger avec l’ensemble de nos fournisseurs et de ceux qui permettent notre travail. C’est une grande réunion pour tous ceux qui travaillent dans ce secteur industriel gravitant autour de la meule et de l’outil».
Les Aff’Tech sont l’occasion de faciliter les échanges entre des professionnels complémentaires. L’offre, plus ciblée et plus personnalisée que dans de grands salons, vise à permettre des échanges de qualité entre exposants et visiteurs grâce à une meilleure valorisation et une spécialisation de l’offre. Ce salon unique en France se veut un carrefour d’information pour enrichir ses compétences, débattre des problèmes rencontrés et chercher mutuellement les solutions les mieux adaptées. Il est à l’image du travail que mène le Snafot depuis plusieurs années, à savoir créer des réseaux d’entraide entre les différents acteurs de l’affûtage, au-delà de leur situation de concurrence éventuelle.
Ce nouveau millésime des Aff’Tech s’annonce sous les meilleurs auspices. «Nous enregistrons 10% d’inscriptions supplémentaires pour 15% de surface de stands en plus. C’est de très bon augure pour cette édition 2017 du salon», précise Gilles Duterlay.
L’affûtage, corollaire du numérique
«On observe un essor certain de l’affûtage en seconde transformation, tout particulièrement en ce qui concerne les agenceurs, qui représentent à l’heure actuelle près de la moitié de notre clientèle. Parmi eux, on trouve de nombreux fabricants de cuisines, qui utilisent notamment des mèches diamant», note Jean-Baptiste Durousseau. «Un agenceur, aujourd’hui, affûte en moyenne 10 à 30 lames par mois, contre environ 3 lames pour un charpentier. Entre les deux, on trouve les menuisiers : ceux-ci utilisent aussi beaucoup d’outils à plaquettes – mais moins que les agenceurs, au demeurant – et la tendance du bois/aluminium, en particulier, requiert des outils très performants.»
Des agenceurs qui doivent, de fait, disposer d’outils qui coupent parfaitement, étant donné la haute technicité des matériaux travaillés, à l’instar des panneaux composites, ou à fortiori dans le cas par exemple d’une plaque anti-feu, avec l’alliance du métal et du bois.
«Pour répondre à cette demande, notre entreprise se situe à des niveaux de précision sans précédent, de l’ordre du 1/100e, voire même en-dessous, garantissant une qualité optimale», souligne Jean-Baptiste Durousseau. «Nous nous imposons aussi grâce à la réactivité que nous garantissons à nos clients. Dans la filière du bois, en effet, les entreprises doivent être d’autant plus réactives qu’elles n’ont commencé que depuis peu à intégrer l’exigence d’un outillage performant, pourtant corrélatif de l’équipement en machines numériques. Seuls les gros donneurs d’ordre, pour l’heure, possèdent des outils de rechange. Or, le développement du numérique implique un outillage proportionnellement performant : ainsi, pour un centre d’usinage d’un montant de 100.000 euros, on peut estimer que le coût de l’outillage s’élève à environ 60.000 euros.»
Durousseau outils coupants a conservé une partie de son activité dédiée au secteur de l’aéronautique, celle-ci représentant à présent environ 10%. «Cela nous permet de nous situer à la pointe des évolutions en matière d’affûtage. On peut en effet estimer que le secteur du bâtiment, dont le bois fait partie, se situe aujourd’hui au même niveau technologique que celui du secteur aéronautique d’il y a dix ou quinze ans, qui utilisait déjà, à l’époque, des plaquettes diamant. Les langages techniques caractérisant le secteur de l’aéronautique et celui du bâtiment tendent d’ailleurs à converger aujourd’hui, ce qui est incontestablement une bonne chose pour tout le monde : on a le sentiment d’œuvrer au sein d’une corporation élargie», se réjouit Jean-Baptiste Durousseau.
«Nous sommes non seulement affûteurs, mais avons développé depuis les années 90 une activité de fabricants d’outils spéciaux, au début avec le secteur de la tonnellerie, pour faire des outils de forme. Nous avons ensuite réalisé des outils sur plan, pour l’activité de restauration de menuiseries anciennes. Nous sommes donc en mesure de réaliser des outils au cas par cas, cela représentant aujourd’hui pas moins de 15% de notre activité, 35% de notre chiffre d’affaires résultant par ailleurs de notre activité de négoce d’outils. Le besoin d’outils spéciaux est quoi qu’il en soit en croissance, avec par exemple les outils dédiés aux parquets antidérapants», estime Jean-Baptiste Durousseau.
«Les entreprises sont de plus en plus attentives à la vitesse de coupe, et disposent en outre désormais de machines comportant des compteurs dédiés», remarque-t-il. «Les entreprises de première transformation, en l’occurrence, étaient en avance relativement à cette problématique d’affûtage. Le poste d’affûteur, en scierie, est traditionnellement d’une importance prédominante, étant donné que les opérations afférentes se situent au cœur de l’activité. Or on constate aujourd’hui une prise de conscience de l’enjeu incontournable que représente l’affûtage chez les entreprises de seconde transformation du bois, tirées vers la haut par le passage au numérique», conclut Jean-Baptiste Durousseau.
Stéphane Jardin