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Masques... de papier ?

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Dès le 18 mars, à deux jours de l’adoption de la Loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19, l’industrie papetière française, par la voie de sa fédération, l’Union française des industries des cartons, papiers et celluloses (Copacel), a demandé à être reconnue comme étant l’un des «secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la Nation ou à la continuité de la vie économique et sociale», en invoquant les raisons suivantes :

- les papiers et cartons d’emballages sont indispensables aux chaînes logistiques d’approvisionnement en biens de première nécessité (biens alimentaires, médicaments, matériel médical….) ;

- les papiers d’hygiène (mouchoirs, essuie-mains...) sont indispensables à la santé publique ;

- les papiers graphiques et spéciaux comme ceux pour notices de médicaments, ou pour masques chirurgicaux sont indispensables aux industries produisant ceux-ci.

Cette reconnaissance devait sécuriser les approvisionnements en matières premières, expliquait aussi la Copacel, qui a été entendue.

Si le masque chirurgical restera sans aucun doute le principal symbole associé à l’épidémie de Covid-19 – dont on a vu être affublés même les lapins de Pâques –, son mode de fabrication n’a été que peu mis en lumière. Or, les masques intéressent, mais indirectement, la filière forêt bois, et moins la filière papier – tout du moins à ce jour – que l’on pourrait le croire. A la base des masques, il y a surtout le non-tissé, dont la fabrication s’est développée à l’intersection de plusieurs secteurs, en particulier les secteurs du textile et du plastique. Si son apparition remonte à la fin du XIXe siècle, c’est dans les années 1960, avec l’apparition des fibres synthétiques et des polymères, qu’il prend son essor. «Le non-tissé est un produit manufacturé constitué de voiles ou de nappes de fibres, de polymères et d’adjuvants, orientés directionnellement ou au hasard et liés par friction, cohésion ou par adhésion», indique la CCI des Hauts de France. Les matières premières utilisées peuvent être : les fibres naturelles (lin...), les fibres synthétiques, les fibres bio-sourcées, les fibres bi-composants. Quatre procédés de base permettent d’obtenir les voiles : la voie sèche (cardage), le flux d’air, la voie fondue, la voie humide. Seul ce dernier procédé est similaire au procédé papetier. Il ne concerne que 8% des non-tissés d’après la CCI des Hauts de France dans son document Horizon Eco n°236 de mai 2017. Sur les 2.167 milliers de tonnes produits en Europe en 2014, 177.000 tonnes l’ont été par la voie humide (papetière). La consolidation des voiles est elle soit chimique (agent liant), soit thermique (propriétés thermoplastiques et de thermofixation de certaines fibres synthétiques) soit mécanique (enchevêtrement physique de fibres par aiguilletage). En grande croissance, le marché mondial de non-tissé est de l’ordre de 10 millions de tonnes, dont presque un tiers pour des applications dans les produits d’hygiène (mais aussi pour la construction, l’agriculture, l’automobile...). Parmi le top 5 des vendeurs de non tissés en 2015 dans le monde se trouve le groupe papetier finlandais Ahlstrom (4e après Berry Plastics, Freudenberg Performance, Kimberly-Clark, et avant Dupont).

Ahlstrom-Munksjö, qui réalise 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et emploie quelque 8.000 personnes, a annoncé dans un communiqué le 8 avril qu’il étendait la production de matériaux pour masques faciaux à son usine de Turin en Italie et à Tampere en Finlande. Début mars, la société a élargi la production de matériaux pour masques faciaux à une ligne de fibres fines normalement utilisée pour les matériaux de filtration industrielle dans l’usine de Turin, en Italie. «La technologie est unique, générant une bonne protection et respirabilité pour un usage médical, et approuvée comme masque chirurgical. L’avantage de cette technologie par rapport au matériau chargé électrostatiquement couramment disponible est sa durabilité. L’efficacité de protection des matériaux chargés électrostatiquement est perdue au fil du temps lorsque l’humidité entre en contact avec le média filtrant, tandis que l’efficacité de protection d’un média filtrant mécanique reste intacte dans le temps. Les premières commandes ont été reçues à la mi-mars et Ahlstrom-Munksjö vise maintenant à augmenter la production de tissus pour plus de 20 millions de masques faciaux par mois», indique le groupe.

En avril, Ahlstrom-Munksjö étend la production de matériaux pour masques faciaux à une ligne normalement utilisée pour les matériaux de filtration industrielle à l’usine de Tampere en Finlande. «Actuellement, le matériau est bien adapté aux masques faciaux en tissu plus légers dans les activités civiles. Le test des gouttelettes montre que le média a une efficacité supérieure à 90% à 3 microns et supérieure à 85% à 1 micron, ce qui est proche d’une exigence de masque chirurgical. Le développement continue de répondre aux exigences du matériel pour les masques chirurgicaux à usage médical. Compte tenu de la production en cours, l’usine de Tampere peut livrer des tissus pour environ 10 millions de masques par mois dans un court délai.»

Il y a une faible probabilité que les connexes ou billons français finissent pour l’instant en masque chirurgicaux. Toutefois, la transformation du bois en polymères, qui est un des buts poursuivi par la bioraffinerie (nouvel usager concurrentiel du bois en développement) pourrait dans le futur changer la donne, en le rendant apte à être transformé par voie fondue.

En attendant, la filière papier et carton qui fournit des produits indispensables pour les usages quotidiens, en matière de santé, d’alimentation, d’hygiène, d’information… a réaffirmé sa dimension stratégique. Pour rappel, dans son document «Bilan 2018 et perspectives 2019 de l’industrie papetière française», la Copacel indique que, sur une production 2018 de 7.864 milliers de tonnes de papiers et cartons en France, la part des papiers d’hygiène (846 kt) et spéciaux (447 kt) a augmenté (+0,6% et + 0,8%), quand celle des papier d’emballage et conditionnement (4.461 kt) et des papiers graphiques (2.110 kt) a diminué (-1,2% et -5,1%).

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