L’ambiance n’était pas joyeuse le jeudi 24 septembre 2020 à Lourmarin (Vaucluse). L’annonce faite – 3 jours plus tôt – par Fibre excellence d’arrêter la production de l’usine de pâte de Tarascon (Bouches-du-Rhône) a complétement plombé l’atmosphère de l’adjudication que l’ONF proposait à la fois en ligne et en présence d’acheteurs.
Le catalogue ne présentait que le tiers des volumes proposés à la même vente en mai dernier. La maigreur du cahier mais surtout le coup de massue que la fermeture subite de Tarascon a assené à toute la profession du Sud-Est explique certainement le faible effectif de soumissionnaires (une dizaine).
Les résultats sont conformes à la situation que l’arrêt de Fibre excellence a créé (56% d’invendu sur le volume total). Pratiquement tous les lots de BI dont les produits étaient habituellement acheminés sur l’usine de pâte des Bouches-du Rhône ont été retirés en séance soit faute d’offres, soit faute de tarifs suffisants. «Heureusement, la vente a été sauvée par notre offre en sapin, mélèze et bois de feu», relativise Yves Rigole, le responsable bois de l’ONF pour Paca et Occitanie. Il ressort des lots commercialisés à Lourmarin, une grosse coupe de mélèze (4.396 m3, en forêt communale de Villars-Colmars, Alpes-de-Haute-Provence) attribuée à la SAS Michel, un exploitant forestier local, au prix unitaire de 28 €/m3 sur pied (v.u. 1,7 m3). De son côté et dans le même département (forêt communale de Selonnet), la scierie des Alpes-Maritimes Coulomp et Fils s’adjugeait 2.231 m3 de sapin au prix moyen de 32 €/m3 sur pied (v.u. 3,6 m3). Pour les autres résineux, les prix n’excédaient pas 15 €/m3 sur pied.
À l’issue des enchères, beaucoup de professionnels exprimaient leur consternation sur la rapidité et la brutalité de la décision de Fibre excellence et, bien entendu, leur vive inquiétude pour l’avenir. «Cet arrêt est une catastrophe, notre société livrait Tarascon il y a déjà 40 ans et, aujourd’hui, cette usine représente 100% de mon activité», déplore Philippe Calvi, exploitant forestier du secteur. Tous ses collègues interrogés évoquent un séisme pour la filière forêt-bois de paca et régions limitrophes. De fait, les finances de Tarascon sont mises à rude épreuve. Les cours de la pâte NBSK ont chuté de 35% depuis 1,5 an et l’usine – site classé Seveso – a investi 40 millions d’euros dans le même temps pour se mettre en conformité environnementale. La direction a proposé un plan de relance (avec baisse des salaires) aux employés qui ont refusé et se sont mis en grève lundi 21 septembre. Dans la foulée de la fermeture, Fibre excellence a indiqué vouloir entamer la procédure de dépôt de bilan de Tarascon si les employés ne reprenaient pas le travail. En cas d’arrêt définitif de Tarascon, près de 300 emplois directs sont menacés ainsi qu’environ 3.000 autres induits par l’activité dans le Sud de la France.
VENTE 2020
•Lieu: Lourmarin (Vaucluse) | • Nombre d’offres moyen par article vendu : 1,8 (3 en mai 2020) |
• Date : 24/09/2020 | • Acheteurs principaux en volume : |
• Nombre d’acheteurs effectifs : 7 (10 potentiels) | - SAS Michel : 4.396 m3 |
• Essences principales : pin noir d’Autriche, pin d’Alep, mélèze et chênes | -Macagno : 4.239 m3 |
• Volume présenté : 33.070 m3 (bloc et sur pied : 29.726 m3 ; UP : 3.344 m3) | -Coulomp : 3.325 m3 |
• Volume invendu : 18.672 m3 | • Acheteurs principaux en valeur : |
• Pourcentage invendu en volume : 56% | -SAS Michel : 122.107 € |
• Nombre de lots invendus : 17 | -Macagno : 76.100 € |
• Nombre d’articles sans offres : 7 | -Coulomp : 71.510 € |
• Chiffre d’affaires total de la vente : 342.273 € |
Voir notre édition verte, Le Bois International, Scierie, exploitation forestière N°31…