Lors d’une réunion de concertation organisée en décembre à Besançon, la Fédération nationale du bois (FNB), l’Office national des forêts (ONF) et la Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR), ont conclu un accord pour augmenter de 100 000 m3 d’ici 2025 le niveau des contrats d’approvisionnement conclus dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté. L’an dernier, il s’élevait respectivement pour ces deux territoires à 281 000 et 82 000 m3. À noter que les deux tiers de l’accord conclu devraient porter sur le développement de nouveaux contrats en Bourgogne-Franche-Comté.
« La ressource "hêtre bois d’œuvre" représente 50 % en Bourgogne-Franche-Comté et 27 % en Grand Est de la récolte nationale, soit un total de 77 %. Elle est relativement stable depuis 2010, et la tendance est à la baisse pour le présent et le futur », expliquent les trois organisations. « En termes de sciages, sur un total national d’environ 300 000 m3 annuels, les scieries du Grand Est représentent 56 % du total, et celles de Bourgogne-Franche-Comté 18 %. La ressource, valorisée par les transformateurs, provient à 98 % de ces deux territoires. Sur les deux territoires, la filière "hêtre" est portée par près de 70 entreprises ancrées, pour la plupart, de longue date dans leur territoire. Cela représente près de 300 emplois directs en zone rurale, et 100 millions de chiffre d’affaires portés par la filière "hêtre". Ce tissu d’entreprises s’est modernisé, et a des projets d’investissement et de modernisation à horizon 2025 qui nécessitent près de 150 000 m3 supplémentaires. Ce besoin supplémentaire important porte sur l’ensemble des qualités (BC/C et D). Le métier de la scierie est très capitalistique – quasiment 2 euros d’investissement pour 1 euro de chiffre d’affaires –, il faut donc que l’outil fonctionne à sa capacité maximum, pour cela il faut que leur approvisionnement soit sécurisé a minima pour la durée d’amortissement du matériel, la contractualisation est le seul moyen à notre disposition. Actuellement, l’incertitude sur les volumes d’approvisionnement est un frein important à l’investissement. »
Cet accord vise donc à répondre en partie à la demande supplémentaire que pourront avoir les entreprises des deux territoires concernés d’ici 2025. Il est aussi le résultat de plusieurs constats effectués par la FNB, l’ONF, la FNCOFOR et poursuit l’objectif d’aider la filière à apporter des réponses à des problématiques liées au changement climatique ou encore au départ à l’international d’une partie non transformée de la ressource. « En forêt publique, la ressource disponible va diminuer. Les contrats devront intégrer une part croissante de hêtres dépérissants. La qualité moyenne servie va baisser. La ressource disponible non exploitée se situe principalement en forêt privée, dans des propriétés sans plan de gestion. La transformation locale de la ressource est une priorité pour tous, ce qui nécessite d’œuvrer collectivement pour faire baisser très significativement l’exportation de grumes de hêtres. Le contrat d’approvisionnement en est l’outil opérationnel. »
Les trois organisations à l’initiative de ce projet de développement des contrats d’approvisionnement dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté ont prévu d’intégrer le résultat de leurs travaux sur le hêtre dans leur protocole d’accord tripartite pour la période 2022-2025. Elles précisent que l’objectif partagé défini sera complété par les domaines des autres territoires, en particulier dans les Pyrénées et en Normandie.