A l'issue d'une réunion à Matignon, qui s'est tenue entre le Gouvernement et les élus bretons, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé mardi 29 octobre "la suspension de la mise en uvre de l'Ecotaxe" sur tout le territoire français.
Face aux tensions de ces jours derniers, ayant notamment engendré en Bretagne des affrontements entre les agriculteurs et les forces de l'ordre, en raison de la prochaine entrée en vigueur de l'Ecotaxe poids-lourds, le Premier ministre avait décidé de réunir mardi 29 octobre les élus bretons pour discuter d'un aménagement du dispositif. A l'issue de cette réunion à Matignon, Jean-Marc Ayrault, a annoncé "la suspension de la mise en uvre de l'Ecotaxe" sur tout le territoire français. Le Premier ministre a tenu à préciser que la suspension de l'écotaxe ne signifiait pas sa suppression. Il a notamment souhaité que la confrontation cède la place au dialogue pour permettre l'ouverture de discussions sur de futurs aménagements à apporter au dispositif de l'écotaxe. Nul doute que dans ce cadre, les professionnels de la filière bois, également largement concernés, auront à cur de faire entendre leurs voix, comme le réclamait déjà le 24 octobre le président de la FNB Laurent Denormandie, dans un courrier adressé au ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt.
"C'est une Profession agacée et désabusée qui s'adresse à vous. La colère monte dans nos rangs. Le feuilleton de l'écotaxe est depuis sa création géré par le ministère des Transports avec une désinvolture déconcertante", s'insurgeait alors le président de la FNB. "Le secteur industriel que nous représentons a, très tôt, fait valoir les difficultés liées à ce dispositif auprès des administrations et parlementaires. Aucune de nos demandes n'a été prise en considération, toutes rejetées sans solution ni réponse".
Le chiffre : 1,1 milliard / C'est la somme que le Gouvernement espère récolter chaque année avec le dispositif de l'écotaxe poids-lourds.
Pour illustrer ses propos, Laurent Denormandie avait choisi d'interpeller le ministre sur deux demandes précises de la part des professionnels du bois : d'abord l'exonération des grumiers de la liste des véhicules assujettis : "Les grumiers empruntent d'abord des chemins forestiers, puis des chemins vicinaux, des départementales, et empruntent en dernier lieu le réseau taxé. Au cas d'espèce, bien que les transporteurs subissent une taxation minorée (0 - 2% maximum), la loi nous impose de subir une surfacturation de leur part de 5,2%, soit au minimum 3 à 5 fois supérieure au coût réel que les transporteurs vont acquitter. Cet enrichissement sans cause, imposé par la loi, est insupportable dans le contexte économique actuel. Ce coût, la plupart de nos concurrents étrangers ne vont pas le payer, tout comme les bois étrangers qui arrivent par bateau à Nantes ou Bordeaux. Pourquoi est-il impossible de faire entendre le bon sens ?"
Puis sur la possibilité pour les transporteurs de faire peser la charge de l'écotaxe sur leurs clients via une majoration forfaitaire du prix de la prestation de transports : "En choisissant une répercussion forfaitaire, réservée aux transporteurs, le gouvernement a abandonné les PME et TPE face aux géants de la distribution et de la construction, sans solution. A ce jour, aucune entreprise n'a la certitude de pouvoir répercuter le moindre cent à ses clients, ces derniers refusant toute négociation. L'impact financier de cet impôt est pourtant bien supérieur à notre résultat. Et le gouvernement se dérobe devant ce spectacle " Dans ce contexte, on peut imaginer que les professionnels du bois sauront être attentifs aux aménagements dont l'Ecotaxe devrait faire l'objet suite à l'annonce de la suspension de sa mise en uvre. Car ils ne comptent pas être les oubliés de cette mesure et ont déjà prévenu que le cas échéant, à l'image des agriculteurs, ils sauront "trouver les moyens de faire entendre [leur] voix. Nos grumes sont assez longues pour bloquer les routes".