«Personne ne sait ce qui se passe, sauf que la demande est continue et qu’il n’y a tout simplement pas assez de bois disponible auprès des fournisseurs pour suivre le rythme», indiquait un journaliste du Madison’s Lumber le 11 août dernier. La forte hausse de la demande en bois d’œuvre résineux intervenue cet été aux États-Unis, tout particulièrement en Floride, liée à une intensification de la construction, a mis en effervescence la filière. Les scieurs du pays se sont activés mais sans réussir à éviter des délais pour la fourniture de bois d’œuvre résineux. Conséquence prévisible de cette situation de pénurie, les prix du bois d’œuvre ont considérablement augmenté. Hausse qualifiée de «choquante» par certains observateurs. Des industriels du bois comme Conner Industries ont même tenu à informer dans un communiqué sur leur site du fait qu’ils n’étaient pas satisfaits de cette situation «due à une offre et une demande complètement désynchronisées à cause de la pandémie, situation compliquée par de nombreux facteurs». «Historiquement, les mises en chantier ont été le principal moteur des prix du bois aux États-Unis. Nous savons déjà que le marché sans précédent du bricolage et la pandémie ont renversé tout cela pendant des mois. Maintenant que les mises en chantier augmentent avec une demande plus forte que prévu, combinée à la flambée des grandes surfaces, la chaîne d’approvisionnement du bois normalement bien huilée n’a pas été en mesure de rattraper son retard.» Conner industries ajoute dans son communiqué que «puisque le bois est une marchandise, il est juste de dire que les spéculateurs se sont également impliqués dans le marché du bois. Pour les entreprises qui achètent généralement leurs stocks de bois des semaines à l’avance, la situation actuelle a entraîné des achats de panique, car elles essaient de garder une longueur d’avance sur la concurrence, d’obtenir une part de stocks limités et de maintenir leurs calendriers de construction. Malheureusement, lorsque ce type de panique s’empare d’un marché de matières premières, les spéculateurs s’impliquent souvent et peuvent affecter les prix». La société conclut : «En attendant, les bois feuillus pourraient être une solution possible pour répondre à des besoins à court terme». Elle note aussi : «Les prévisions concernant la demande et l’impact de la pandémie faites il y a des mois [...] étaient toutes fausses, et maintenant nous en payons tous le prix».
Cette élévation des prix a en tout cas douché le marché, puisque nos confrères américains du Madison’s Lumber Reporter Timber indiquaient tout récemment «une modération à la baisse du prix des bois revenant à des niveaux plus «normaux», modération ne touchant pas toutefois les prix des panneaux qui ont atteint des sommets eux aussi.
Autre conséquence d’une demande supérieure à l’offre aux États-Unis, des créneaux se sont ouverts à l’exportation, notamment pour des fournisseurs européens. Le Journal américain du transport s’est ainsi fait l’écho du nouveau partenariat entre l’opérateur portuaire privé de Floride GT USA (groupe Gulftainer) et l’entreprise autrichienne Binderholz, un leader européen du bois massif et des produits techniques bois. Ces entreprises ont annoncé leur nouvelle collaboration avec la première arrivée de bois de Binderholz à Port Canaveral le 1er septembre.
Selon un analyste des cours s’exprimant dans Timber industry le 30 août, «les prix du bois exporté d’Europe vers les États-Unis ont doublé pour les fournisseurs européens depuis la mi-avril».
Exploitation forestière