La société Stora Enso est sur le point de prendre une décision de réduction d’activité face aux fluctuations de la demande et à l’incertitude du marché. Elle a donné cette information à l’agence de presse finlandaise STT, qui l’a publiée le 13 janvier 2022, annonçant qu’elle entamerait la semaine suivante des négociations sur d’éventuelles mises en chômage d’au plus 1 300 employés dans quatre usines de matériaux d’emballages finlandaises, pour jusqu’à 90 jours. Le groupe, qui emploie environ 22 000 personnes dans le monde et a réalisé un chiffre d’affaires de 10,2 milliards d’euros en 2021, est un des leaders dans le domaine du bois et du papier et l’un des plus grands propriétaires forestiers privés au monde.
L’agende de presse de Finlande voit dans cette annonce le signe d’un ralentissement macroéconomique, d’autant plus que, dans le rapport financier du 3e trimestre publié en octobre 2022, la PDG de l’entreprise Annica Bresky avait suggéré que l’économie commençait à affecter les activités de la société : « Les premiers signes d’un ralentissement macroéconomique sont visibles, ce qui pourrait tôt ou tard avoir un impact sur les activités de Stora Enso ». « Cependant, je suis confiante dans notre capacité à anticiper et à nous adapter », avait-elle ajouté. En octobre 2022, Stora Enso a annoncé justement son intention de dépenser environ un milliard d’euros pour convertir une machine à papier fermée de son usine d’Oulu en une usine de production de carton. Début janvier, la société a déclaré avoir finalisé l’acquisition du fabricant néerlandais d’emballages en carton ondulé De Jong Packaging Group. Par ailleurs, le groupe a déclaré en décembre qu’il prévoyait de vendre son usine de carton à Beihai, en Chine, et que la vente comprendrait également les opérations forestières qui approvisionnent l’usine.
Défaillances de PME en France
Si des grands groupes ont commencé à réduire leur voilure, cela concerne aussi l’ensemble du monde des PME qui subit lui une réduction de voilure forcée : les faillites d’entreprises en France ont connu une augmentation en 2022 de 50 % (49,9 %) par rapport à 2021, d’après le rapport du cabinet de conseil analytique Altares. Le nombre de faillites a diminué de façon spectaculaire entre mars 2020 et novembre 2021, les entreprises ayant beaucoup compté sur les programmes de soutien gouvernementaux. Avec l’épuisement des liquidités et la nécessité de rembourser les prêts gouvernementaux, le nombre de défauts de paiement augmente à nouveau. La banque de France parle d’une normalisation de la situation par rapport à la période d’avant l’état d’urgence sanitaire mis en place – le nombre de faillites enregistrées en 2019 était de 21 % supérieur à celui de 2022. Néanmoins, le bond sur un an est fulgurant et concerne surtout les petites entreprises. Mais la situation devient de plus en plus préoccupante pour les grandes PME de 10 à 99 employés, d’après le cabinet Altares. « En 2022, 3 214 défaillances de PME ont été enregistrées contre 1 804 en 2021, avec une hausse de +78 % en un an », indique son rapport. Un tiers de ces défaillances sont survenues au cours des trois derniers mois de 2022, soit une augmentation de 93 %.
« Lorsque les PME échouent, c’est tout le réseau économique local qui en souffre », a déclaré Thierry Millon, qui a dirigé l’étude, à Euractiv France. « Ils ne peuvent plus payer leurs fournisseurs et les pertes d’emplois sont beaucoup plus importantes tout au long de la chaîne de valeur. » L’augmentation de la facture énergétique, la faible croissance économique et les nombreuses contraintes financières imposées par le remboursement des prêts garantis par l’État contribuent à cette tendance. D’ailleurs, des entrepreneurs commencent à se regrouper face à l’injonction de remboursement du PGE dans cette période difficile.
Les défaillances touchent tous les secteurs, mais le secteur de la construction représente un quart des faillites (10 000 fermetures), selon le rapport Altares. Le bond en un an pour les défaillances dans le BTP est de 36,9 %… certes inférieur au chiffre global des faillites. Il reste à espérer qu’il ne s’amplifiera pas car « Quand le bâtiment va, tout va », dit l’adage. Et le bois aussi !
FEM : récession probable en 2023
Selon le Forum économique mondial (FEM), « une récession mondiale est probable en 2023, mais les pressions sur l'alimentation, l'énergie et l'inflation pourraient atteindre un pic ». Un communiqué de l’organisme publié à l’occasion de la réunion annuelle de Davos indique que « près des deux tiers des économistes en chef [du FEM] pensent qu'une récession mondiale est probable en 2023 ; dont 18 % la jugent extrêmement probable, soit plus du double que lors de la précédente enquête menée en septembre 2022. Un tiers des répondants considèrent qu'une récession mondiale est peu probable cette année ».
Le FEM écrit aussi qu’il existe un fort consensus sur le fait que les perspectives de croissance en 2023 sont sombres, en particulier en Europe et aux États-Unis. « Tous les économistes en chef interrogés s'attendent à une croissance faible ou très faible en 2023 en Europe, tandis que 91 % s'attendent à une croissance faible ou très faible aux États-Unis. Cela marque une détérioration ces derniers mois (au moment de la dernière enquête, les chiffres correspondants étaient de 86 % pour l'Europe et de 64 % pour les États-Unis). [...] En Chine, les attentes de croissance sont polarisées, les répondants se répartissant presque également entre ceux qui s'attendent à une croissance faible ou forte. Les récentes mesures visant à dénouer la politique zéro Covid très restrictive du pays devraient stimuler la croissance, mais il reste à voir à quel point le changement de politique sera perturbateur, en particulier en termes d'impacts sur la santé. » En ce qui concerne l'inflation, les économistes en chef constatent des variations importantes entre les régions, la proportion s'attendant à une inflation élevée en 2023 allant de seulement 5 % pour la Chine à 57 % pour l'Europe. « Après une année de resserrement brutal et coordonné des banques centrales, les économistes en chef ont déclaré s'attendre à ce que l'orientation de la politique monétaire reste constante dans la majeure partie du monde cette année. Cependant, une majorité s'attend à un nouveau resserrement en Europe et aux États-Unis (59 % et 55 %, respectivement). Ils ont noté que 2023 impliquera probablement un exercice d'équilibre difficile pour les décideurs politiques entre un resserrement trop fort ou trop faible. », indique le FEM. Saadia Zahidi, directrice générale du Forum économique mondial, a déclaré : « les dirigeants doivent regarder au-delà des crises d'aujourd'hui pour investir dans l'innovation alimentaire et énergétique, l'éducation et le développement des compétences, et dans les marchés de demain créateurs d'emplois et à fort potentiel. Il n'y a pas de temps à perdre. »
Il est fort probable que les grands groupes présents à la réunion de Davos sont dans les starting-blocks… Concernant la filière bois, le ministre de l'Agriculture semble en accord, qui a déclaré suite au dernier Conseil supérieur de la forêt et du bois que dans le cadre du « chantier prioritaire de la planification écologique France nation verte lancée par la Première ministre le 21 octobre, la feuille de route forêt vise à repenser la forêt de demain, sous toutes ses composantes, de l’amont à l’aval »…