Le président de la Fédération nationale du bois Jacques Ducerf a écrit à la Première ministre Élisabeth Borne pour lui faire part des inquiétudes des scieurs et des industriels du bois quant à l’augmentation des prix de l’électricité. « La spéculation qui gagne le secteur de l’électricité prend une telle ampleur que la continuité de l’activité de nos entreprises n’est plus garantie pour cet hiver et au-delà. Les prix proposés la rendent impossible économiquement et touche toutes les entreprises », indique-t-il dans ce courrier daté du 8 juillet. « Je souhaite tirer la sonnette d’alarme car l’emballement est tel que de simples mesures d’efficacité électrique ou de sobriété ne sont pas de nature à éviter le black-out qui se profile. Le terme est fort mais les prix proposés ces derniers jours le justifient. Beaucoup de nos sites industriels sont semi-électrointensifs et ne sont, à ce titre, éligibles à aucun soutien ou aide de l’État. Nous sommes livrés au bon vouloir du marché de l’énergie de ce secteur oligopolistique ». […] « Le poste électricité est en passe de devenir le 2e poste de charge de nos industries devant celui des charges de personnel. Un scenario jamais connu à ce jour. Cette crise intervient au moment même où le marché de la construction vient d’entrer en récession. La situation nous inquiète particulièrement car le prix de l’électricité que nous subissons est de loin le plus élevé d’Europe. Nous sommes donc face à un problème franco-français. L’écart est de 50 à 100 euros/MWH selon les pays. Nos concurrents espagnols et portugais bénéficient quant à eux de tarifs plafonnés à 180 euros/MWH quand nous sommes facturés à plus de 700 euros/MWH contre 58 l’année dernière. La spéculation entraîne également l’arrivée de courtiers qui viennent harceler et angoisser nos PME et TPE. Certaines se sont fait piéger par des contrats qui sont de véritables « bombes » tarifaires. EDF n’est pas en reste avec la diffusion de contrats « toxiques » sous couvert de lissage de la charge sur 3 à 5 ans. La majorité des fournisseurs alternatifs refuse désormais de remettre des offres de prix ».
Face à cette situation, le président de la FNB interpelle Madame la Première ministre sur la position que va désormais adopter l’État et lui demande de prendre des mesures exceptionnelles transitoires pour permettre aux scieries de poursuivre leur activité. « Notre problématique est donc simple : peut-on attendre un soutien ou une régulation de la spéculation de la part de l’État pour passer cette crise ou doit-on indiquer aux entreprises le choix du laisser-faire ? Doivent-elles signer les contrats proposés au prix actuel signifiant la mise en place de chômage partiel ? […] Nous proposons la mise en place d’un TRTAM (tarif réglementé transitoire d’ajustement du marché) outil opérationnel puisque mis en place lors de la précédente envolée du marché en 2007. À moyen terme nos industries ont la possibilité, par la biomasse qu’elles génèrent sur leurs sites, de devenir autonomes en énergie grâce à la cogénération. Un plan inédit a été mis en place par le gouvernement à l’occasion des Assises de la forêt et du bois. Au regard du nombre de projets et de son succès, il est nécessaire de revoir rapidement et fortement à la hausse le financement de l’opération tout en simplifiant les contraintes d’accès au dispositif car le nombre de projets est 2 à 3 fois supérieur au plan de charge prévu. Le financement de ces installations territoriales de petit volume mais à très haut rendement énergétique et génératrices de compétitivité pour nos entreprises nous semble une manière plus efficace de valoriser notre biomasse que de la transformer en gaz à faible rendement comme le propose le dernier AMI publié par l’État pour GRT gaz ».
6 %
Pour illustrer son propos, le président de la FNB prend en exemple le cas réel d’une scierie qui réalise 22,6 millions d’euros de chiffre d’affaires (CA). L’an dernier, son poste « électricité » s’élevait à 0,5 million d’euros, soit environ 2,30 % de son chiffre d’affaires, cette année il atteindra déjà 1,40 M€ (6 % du CA), et pourrait encore doubler d’ici 2023 (2,7 M€, 12 % du CA).