Le développement du bois-énergie qui contribue à 16 % de la consommation finale de chaleur en France, et évite la consommation de 10,3 MTep (1) (pourra-t-on s’en priver ?), est sur la sellette… Le Parlement européen, craignant que le développement croissant des installations de bois-énergie ne conduise à brûler du bois d’œuvre, voire à surexploiter les forêts (on en est loin en France), envisage de supprimer l’éligibilité des bois « primaires », dont les bois d’éclaircie et les rémanents d’exploitation, aux aides aux énergies renouvelables (2). Une position que les organisations professionnelles de la filière forêt-bois ont contestée début février dans une note de protestation envoyée aux députés, suivie d’une pétition en ligne lancée par le CIBE.
De son côté, l’association Canopée organisait un séminaire le 14 février alertant sur l’inflation des capacités des chaufferies collectives (3) et sur le bilan carbone, fragile autant que complexe à établir, de l’utilisation du bois-énergie (4). La solution vertueuse qui a semblé rallier tout le monde est l’augmentation de l’utilisation des feuillus en bois d’œuvre, avec le bénéfice collatéral de la production de déchets valorisables en énergie. Il reste le cas des bois de petit diamètre, et pour ceux-là Nicolas Douzain-Didier, délégué général de la FNB, a évoqué lors de cette réunion une solution dont on commence à parler à Bruxelles, consistant à rémunérer le stockage du carbone dans les produits bois, donnant ainsi un avantage aux produits à longue durée de vie (palettes, panneaux…). Une incitation positive qui pourrait rééquilibrer les prix des trois grands débouchés de ces bois. Il restera à développer l’utilisation pour l’énergie des connexes et des bois recyclés comme le fait déjà l’industrie du panneau… Dans tous les cas, le bois doit être considéré comme un matériau précieux, certes renouvelable, mais à quelle échelle de temps ?
(1) Sources : Panorama Chaleur 2020, CIBE, Fedene, SER, Uniclima avec le soutien de l’Ademe et Bilan énergétique 2018 de la France, ministère du Développement durable. Il s’agit de chiffres de consommation (donc de besoins) et non de production.
(3) La consommation de bois du secteur collectif/industrie/tertiaire pourrait selon Canopée monter de 8,2 Mm3 actuellement à 12 à 20 Mm3 d’ici 2050. Les 8,2 Mm3 actuels sont composés de 3,1 Mm3 de plaquettes forestières, 3,1 Mm3 de rondins __SWYP_INC__ 2 m et 2 Mm3 de bois ronds > 2 m (source Agreste, chiffres 2020). La consommation du chauffage individuel est actuellement de 22 Mm3 dont 13 à 15 Mm3 en autoconsommation et devrait rester stable voire baisser (meilleure efficacité des installations).
(4) Voir la note établie à cette occasion par le Cirad : « Du bon usage du concept de substitution carbone par la filière forêt bois ».