Dans un environnement à la recherche de solutions durables, la chimie du bois permet de créer de nouveaux matériaux : emballages, biofilms, bioplastiques, bois composites... Les pistes présentées dans le cadre du 19e Xylodating, le 31 octobre à Barbezieux-Saint-Hilaire (16) ouvrent des perspectives à la filière. Toutes ont un point commun : le bois, matériau traditionnel, sait miser sur l’innovation.
Déstructurer le bois permet d’ouvrir de nouvelles perspectives d’usages grâce à ses nombreux composants (fibres, microfibrilles, polymères, molécules d’intérêt). Ils pourront être extraits et fonctionnalisés pour le développement de films ou encore de matériaux chargés et fonctionnels» explique le pôle de compétitivité Xylofutur (1) dont l’un des domaines d’activité stratégique porte sur la chimie du bois.
L’emballage, précurseur
Le secteur bois papier carton représente la moitié du poids économique d’une filière emballage qui pèse lourd avec 400 entreprises, 25.000 emplois et un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros. «Depuis plus de 20 ans, l’emballage est associé à l’écoconception» rappelle Jean-Christophe Boulard, délégué général d’Atlanpack, le cluster graphic et packaging de la Nouvelle-Aquitaine, proche du conseil régional. Aujourd’hui, les directives européennes emballage 2018/851 et 852 ont durci les objectifs environnementaux. Il faut tendre vers 100% de plastiques recyclés. Le pas- sage de l’économie linéaire à l’économie circulaire met une forte pression sur les collectivités pour développer des emballages de substitution. La R&D permet de répondre à ces obligations. En matière de contact alimentaire, Jean-Christophe Boulard insiste sur les résultats des travaux du Consortium scientifique français Emabois qui ont démontré que le bois brut (pin, peuplier, épicéa) est apte au contact alimentaire. Véritable atout contre l’effet de serre, le peuplier déroulé – par exemple – est bon pour les aliments, la santé, élimine les bactéries, il est renouvelable et recyclable, bon pour l’économie, affiche un bilan carbone positif...
Penser autrement
Certains n’ont pas attendu pour introduire du bois dans les plastiques, rappelle Marina Lopez-Guia, chef de projet Chimie du pôle. C’est le cas de MC Plast (44). David Trioux souligne la sensibilité de l’entreprise de plasturgie sur les produits en fin de vie. À la demande d’un client, elle a développé une alternative «d’un usage pérenne, en plastique entièrement biosourcé» à des cales de jeu en ABS pour les menuiseries. 60.000 pièces en BioFibra contenant 20% de farine d’épicéa sont fabriquées chaque année. Économie d’énergie (on chauffe à 175 °C au lieu de 220 °C), facilité de teinte, retrait très faible induisent un prix de revient équivalent à la pièce originale et le client peut communiquer […]
(1) À nouveau labellisé «Pôle de compétitivité», pour la période 2019-2022.
Photo : Le 19e Xylodating a été accueilli dans les locaux de la communauté de communes, «un territoire rural et forestier aux portes de la ville» selon la formule du vice-président du Pays Sud Charente, Benoît Delatte. Sont intervenus Sandra Martin (FururaMat), Jean-Jacques Legat (Plastipolis), David Trioux (MC Plast), Pablo Liras (Smurfit Kappa Sangüesa), Céline Mathieu (CRT Catar Critt Agroressources), Jean-Christophe Boulard (Atlanpack), sous la houlette de Marina Lopez-Guia (Xylofutur). (De gauche à droite).