«Forêt-bois, une filière 4.0», ainsi fut intitulé le congrès organisé en Bourgogne- Franche-Comté fin novembre par l’interprofession, le 12e du genre. Comment l’intelligence artificielle s’insinue dans la filière, pour la piloter, la rationaliser, la simplifier – la changer, en un mot –, ceci dans toutes ses composantes – formation, production, conception... –, c’est ce sur quoi se sont penchés les congressistes. Si le changement fait parfois rêver et parfois pas, il se profile comme puissant, quasi-incontournable. Forêt et modèle, chantier forestier et chantier virtuel, atelier et usine virtuelle, savoir-faire et algorithmes : les deux vont cohabiter, cohabitent déjà. Mais l’arbitrage final reviendra... aux jeunes générations.
Chaque congressiste a pu s’en convaincre à l’écoute d’une quinzaine de conférenciers très pointus dans leur domaines, ce qui se profile à l’horizon, ce sont des robots, toujours plus de robots, et des robots toujours plus intelligents. Non pas de style humain comme C-3PO dans Star Wars, mais des genres de robots quand même. Des machines automatiques, voire des groupes de machines, capables de gérer, par algorithmes interposés, une grande quantité de données. D’après le rapport «Règles européennes de droit civil en robotique» adopté en commission du Parlement européen en 2017, le robot est une intelligence disposant d’une enveloppe physique, rendu autonome grâce à des capteurs et par l’échange de données, qui peut s’adapter à l’environnement et éventuellement (ce critère est facultatif ) disposer d’une capacité d’auto-apprentissage. On notera que la plupart des machines à commande numérique répondent à cette définition, telles en scierie les centres qui optimisent la découpe en fonction des caractéristiques de la grume et des com- mandes clients. Certes, elles ont leur langage informatique spécifique, leur enveloppe physique est fixe – la scie à ruban ne se déplace pas dans le parc à grumes vers l’arbre à scier ! – mais ce sont néanmoins des machines dotées d’intelligence artificielle prenant des décisions autonomes. Si la deuxième transformation a été pionnière en matière d’intégration du numérique avec les usines connectées, l’exploitation forestière et la scierie connaissent aujourd’hui une intégration de plus en plus rapide de l’intelligence artificielle. Et en deuxième transformation, celle-ci irrigue désormais les PME.
Demain une forêt de robots
Les machines d’exploitation forestières, abatteuses, porteurs, quant à elles, se déplacent. Thomas Richard, responsable commercial Europe latine John Deere, a conduit l’auditoire du congrès Fibois BFC, à regarder différemment les machines d’exploitation, comme de gros robots forestiers : «Les nouvelles technologies en développement chez John Deere préfigurent le moment où il n’y aura plus personne dans la machine et où elle sera commandée d’un bureau», a-t-il conclu. Il était venu présenter la technologie baptisée par John Deere Timbermatic Maps. Sur les chantiers forestiers, Tim- bermatic Maps recueille des données bois abattus et itinéraires en temps réel, et les traite pour fournir aux conducteurs des informations en continu utiles à leur travail : quantités de billons abattus, transportés, acheminés, etc […]
Photo : Présentation d’un schéma figurant le Timbermatic Maps au congrès Fibois BFC par Thomas Richard, responsable commercial Europe latine John Deere.
Voir notre édition verte, Le Bois International, Scierie, exploitation forestière N°42…