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Les limites du contrôle des importations

Malgré les mesures européennes d’embargo (1) sur les produits russes depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, des volumes importants de contreplaqués en bouleau d’origine russe continuent à être importés en France et dans les États membres, après avoir transité par des pays comme la Turquie et le Kazakhstan (2). Démasqués par la Commission européenne suite à une réclamation du consortium Woodstock (3), ils se sont vus appliquer avec effet rétroactif la taxe antidumping de 15,8 % appliquée à la Russie avant l’embargo.
Si les contreplaqués bouleau ont des qualités spécifiques, il n’en reste pas moins que ces contreplaqués russes, vendus à des prix nettement inférieurs à ceux du marché (moitié moins), prennent des parts de marché aux contreplaqués peuplier français, déjà concurrencés par ceux venant de Chine, devenue le premier fournisseur de contreplaqués feuillus (4) en France. Rappelons aussi que le déficit de la balance commerciale pour les seuls contreplaqués, résineux et feuillus, était de 170 M€ en 2023, et 223 M€ en 2022, année plus favorable en termes d’activité (5).
La question est, au-delà du doute sur l’efficacité de ces mesures d’embargo, de savoir si l’Europe est capable de protéger notre industrie contre des produits vendus à prix cassés et ne respectant pas les réglementations techniques et environnementales régissant nos propres marchés. À ce sujet, le futur règlement RDUE qui entrera en vigueur au 1er janvier 2025, en interdisant la commercialisation en Europe des bois ayant contribué à déforester ou à dégrader des forêts, mais aussi des bois illégaux, dont ceux « de conflits » (dont relèvent précisément les produits bois russes), pourra concourir à limiter certains abus, mais encore faudrait-il que ce règlement soit administré et surveillé plus efficacement que le RBUE, et avec une rigueur adaptée aux risques des pays producteurs. La décision de classer dans un premier temps tous les pays au même niveau faute de cartographie suffisante révèle les limites de ce contrôle…

(1) Pour rappel, les contreplaqués de bouleau originaires de Russie, avant même le début du conflit et la prise des sanctions à l’encontre de la Russie et de la Biélorussie, faisaient déjà l’objet de mesures anti-dumping mises en place par l’UE, sous forme de droits de douane supplémentaires de 15,80 %.

(2) Mais aussi la Chine, le Vietnam, l’Ouzbékistan ou encore le Kirghizistan.

(3) Le consortium Woodstock a été fondé en 2019 par une entreprise polonaise et une entreprise lettone, soutenues ensuite par des scandinaves comme UPM Plywood.

(4) 118 000 m³ de contreplaqués feuillus, ont été importés de Chine en 2023 (source VEM). La Chine est devenue le premier fabricant mondial de contreplaqués avec une production de plus de 75 millions de m³ suivie des États-Unis et de l’Inde, avec respectivement 10 et 11,5 millions de m³ par an (source E.Groutel, rapport CyclOpe 2024).

(5) La production française de contreplaqués était de 234 000 m³ en 2023 dont 42 % de contreplaqués faces tropicales (principalement okoumé) et 58 % de contreplaqués faces « bois de pays » (peuplier et pin maritime), pour une consommation intérieure de 500 000 m³. En 2023, la France a importé 414 000 m³ de contreplaqués soit les 4/5 de sa consommation, et exporté (au sein de l’ Europe essentiellement) environ 150 000 m³. Source : https://propopulus.eu/fr/que-se-passe-t-il/

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