Commerce extérieur : bilan des importations françaises au troisième trimestre 2023

Les importations françaises de sciages de résineux ont enregistré une baisse de 3 % au troisième trimestre 2023 par rapport à la même période en 2022, se chiffrant à 516 206 m³. Cette diminution est encore plus notable lorsqu'on la compare au troisième trimestre de 2019, avant la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, marquant une contraction de 17 %. Entre janvier et septembre 2023, les importations cumulées ont suivi cette tendance décroissante, affichant une réduction de 17 % pour atteindre 1 850 086 m³. Cette réduction est visible dans presque toutes les régions exportatrices, à l'exception notable de l'Europe du Nord.

L'Europe de l'Ouest, qui est le principal fournisseur de sciages résineux pour la France, a vu ses exportations se stabiliser au T3 2023 par rapport au T3 2022 avec moins de 280 000 m³ exportés vers la France. Cette baisse est importante par rapport aux valeurs des années précédentes avec en particulier un repli de 16 % par rapport à 2019 ou encore un repli de 26 % soit environ 100 000 m³ par rapport à 2021. Si l'on compare la période de janvier à septembre 2023, à la même période en 2022, la chute est d'environ 264 000 m³, soit une baisse de 23 %. Cette baisse est sensiblement identique si l'on compare cette fois aux volumes de 2021, toutefois elle est plus relative si l'on compare à 2020 (-7 %) ou encore à 2019 (-13 %).

Ces baisses s'expliquent par un ralentissement de la demande depuis l'été 2022, exacerbé par la chute de l'indice de confiance dans le secteur de la construction et par un recul des permis de construire.

Les importations en provenance de Belgique et du Luxembourg ont particulièrement diminué, tombant sous la barre des 70 000 m³ au T3 2023 soit une baisse supérieure à 40 % par rapport aux importations 2019, 2020 ou encore 2021. Sur les neuf premiers mois de l'année 2023, les importations tombent à 223 892 m³, ce qui représente une chute drastique de 44 % par rapport à 2022. Cela s'explique certainement par le ralentissement des importations belges en provenance d'Allemagne, de Russie et la baisse de la demande ressentie en France. Ces données sont en cours de vérification auprès de nos homologues belges et seront consolidées dans le cadre de la publication du bilan des importations 2023.

En se concentrant sur l'Allemagne, qui est le premier pays exportateur vers la France, le T3 2023 révèle une légère hausse de 3 % par rapport au T3 2022, avec des importations s'élevant à 143 000 m³. La baisse est toutefois très nette si l'on compare aux volumes importés aux T3 des années précédentes puisqu'elle atteint 22 % par rapport à 2021 et une dizaine de pourcents par rapport à 2019 et 2020. Sur les neuf premiers mois de l'année 2023, on note une diminution des importations d'environ 85 000 m³, soit une baisse de 15 % par rapport à 2022. L'Office fédéral des statistiques allemand rapporte que l'indice de production de bois d'œuvre en Allemagne a légèrement progressé en novembre, et bien que la production de janvier à novembre ait baissé de 6 %, la tendance générale reste à la hausse.

Les signaux du marché allemand indiquent une détente progressive. L'indice des nouvelles commandes pour la construction de bâtiments en Allemagne a connu une légère augmentation en novembre. Ce regain d'activité, couplé avec une corrélation positive à long terme entre les importations de bois d'œuvre et les nouvelles commandes dans le secteur de la construction, suggère une amélioration des perspectives pour les exportations de sciages résineux vers la France.

Les baisses les plus significatives à savoir -38 % au T3 2023 par rapport au T3 2022 sont celles des importations en provenance d'Europe de l'Est, qui s'établissent à un peu plus de 54 000 m³. La baisse est supérieure à 60 % par rapport aux T3 2019 et 2020 et supérieure à 70 % par rapport aux T3 2021. Si l'on prend les données d'importation des neuf premiers mois de l'année 2023, l'on arrive à un niveau d'importation historiquement bas puisque d'environ 222 000 m³. Pour mémoire, en 2021, sur la même période de neuf mois, les importations en provenance d'Europe de l'Est avoisinaient les 500 000 m³. Si l'on compare 2023 à 2022, la baisse est de 44 % par rapport à la même période de janvier à septembre 2022. L'explication est évidemment a trouver dans l'arrêt des importations de bois en provenance de Russie (-97 % par rapport au neuf premiers mois de l'année 2022), en raison de l'interdiction totale, à compter du 10 juillet 2022, de l'entrée de ces bois sur le territoire de l'UE. Malgré l'interdiction totale d'importation en provenance de Russie, l'on retrouve 490 m³ de sciages au T3 2023. Cela peut s'expliquer par un « déblocage » par les autorités douanières de bois arrivés au port avant le 10 juillet 2022, ce phénomène devrait s'arrêter peu à peu. Les bois en provenance de Lituanie, Lettonie, Pologne et Estonie connaissent également une forte baisse du fait des échanges commerciaux importants qui existaient entre les pays baltes et la Russie et la Biélorussie.

Les importations françaises de sciages de résineux en provenance de l'Europe du Nord affichent une robustesse notable avec une hausse de 16 % au T3 2023 par rapport au T3 2022 et de 22 % par rapport au T3 2019. On enregistre une croissance de 8 % pour la période de janvier à septembre 2023 comparée à la même période de l'année précédente, avec un volume d'environ 712 000 m³. Cette croissance s'est particulièrement renforcée au deuxième trimestre et s'est maintenue au troisième trimestre de 2023. Cette évolution positive est liée à l'interruption des importations de bois russe, ce qui a probablement renforcé la demande pour les bois de qualité « bois du Nord ».

En dépit d'un secteur de la construction atone en France, les apports en bois finlandais ont connu une hausse de 10 % par rapport aux trois premiers trimestres de 2022, atteignant près de 425 000 m³. De même, les importations en provenance de Suède ont enregistré une augmentation de 5 % pour se situer autour de 272 000 m³. Cependant, les derniers indicateurs de production en Finlande montrent une baisse de 14 % en novembre 2023, une régression plus prononcée que les prévisions qui tablaient sur 10 %. Cette contraction se reflète également dans l'industrie suédoise du bois, avec des baisses de production remarquables, en particulier dans les régions centrales et occidentales. Le rétrécissement des stocks de bois, y compris le pin nordique et l'épicéa, en Finlande et en Suède, pourrait signaler un ralentissement imminent dans les opérations de sciage. Sur le marché européen, la demande est fluctuante, avec des tensions notables en Allemagne et un recul significatif au Royaume-Uni. Par contraste, la Chine et l'Égypte semblent reprendre leurs achats bien que des doutes subsistent quant à la durabilité de cette tendance.

Globalement, même si l'on ressent tout de même une amélioration en isolant le T3 2023, les perspectives de consommation sont instables, aggravées par un ralentissement général de l'activité de construction à l'échelle mondiale. La demande décroît plus rapidement que la production, en particulier pour le bois blanc, ce qui conduit à une diminution des stocks en Europe. Bien que les achats reprennent en Chine et en Égypte, le volume global de la chaîne d'approvisionnement diminue, laissant place à une incertitude quant à l'équilibre futur entre la production et la consommation de bois résineux.

Sciages tropicaux : durcissement des réglementations environnementales

Entre juillet et septembre 2023, la France a enregistré une baisse de 6 % des importations de sciages tropicaux par rapport au troisième trimestre de l'année précédente, s'établissant à 32 282 m³. Bien que ce chiffre dépasse le niveau post-pandémique de 2019, un ralentissement marqué se fait sentir en provenance du Brésil et de l'Asie. Seules les importations africaines demeurent dynamiques, soutenues par des prix stables. Sur la période de janvier à septembre 2023, la réduction des importations atteint 16 % par rapport à la même période de 2022, pour un total de 96 236 m³. Cette tendance reflète les défis économiques généraux, tels que l'inflation, l'augmentation des coûts de transport, et le fléchissement de la consommation dans le secteur de la construction.

La croissance du marché des sciages tropicaux est freinée non seulement par ces enjeux économiques mais également par un durcissement des réglementations environnementales. Avec l'inclusion de certaines essences africaines dans l'Annexe II de la CITES, et les nouvelles exigences en matière de permis d'exportation et d'importation, le marché est sous pression. Ces modifications réglementaires demandent une preuve de sourcing responsable, ce qui pourrait se traduire par des opportunités pour un marché de plus en plus soucieux de ses impacts environnementaux et sociaux.

Au troisième trimestre de 2023, les importations en provenance d'Afrique se sont distinguées par une augmentation de 15 % par rapport au deuxième trimestre de 2022, atteignant 22 000 m³. Les nouvelles réglementations CITES n'ont pas encore impacté ces chiffres, car les bois coupés avant le 22 février 2023 ne sont pas soumis aux nouvelles obligations. Des hausses notables ont été observées au Cameroun, au Gabon et au Congo (Brazzaville), avec des volumes respectifs de 11 431 m³, 5 072 m³ et 3 851 m³. Ces performances compensent le ralentissement observé au Cameroun durant le premier semestre, attribué à des conditions météorologiques défavorables et à un environnement économique instable. L'importation gabonaise, quant à elle, a contribué à la stabilisation des volumes sur les neuf premiers mois de 2023, avec une augmentation remarquable depuis 2019, reflétant le renforcement de l'industrie forestière gabonaise. La fin de l'année 2023 permettra de savoir si le coup d'État du 30 aout 2023 au Gabon a eu une incidence sur les importations françaises.

Après un début d'année difficile en provenance de Belgique, le troisième trimestre se stabilise à 3 800 m³. Cette constance peut être attribuée à une hausse des importations depuis le Congo et la République Centrafricaine, compensant les baisses d'autres régions comme le Cameroun, le Brésil, la Malaisie et le Ghana. Le Brésil et la Malaisie ont particulièrement souffert, avec des baisses respectives de 54 % et 35 % pour s'établir à 1 800 m³. Ces deux provenances d'importation ont été largement impactées par des problèmes logistiques et l'augmentation des coûts du fret.

En effet, les exportations de sciages tropicaux du Brésil ont chuté de 43 % en volume, passant de 36 200 m³ en octobre 2022 à 20 600 m³ en octobre 2023. En termes de valeur, les exportations ont diminué de 50 %, passant de 18,2 millions de dollars américains à 9,1 millions de dollars américains sur la même période. Les exportations de bois de l'état d'Acre dans la région amazonienne ont également connu une baisse drastique, passant de 16,3 milliards de dollars américains entre janvier et octobre 2022 à 4,7 milliards sur la même période cette année, soit une chute de 71 % selon les statistiques du ministère de l'Industrie, du Commerce extérieur et des Services Comex. En octobre 2023, les exportations de produits en bois représentaient 22 % (400 000 dollars américains) de la valeur totale des exportations. On espère qu'une reprise des exportations de bois stimulera l'économie de l'État, étant donné son rôle clé dans l'exploitation forestière et la production industrielle, générant de nombreux emplois et des retombées économiques dans toute la chaîne de production. On attend une collaboration entre les agences environnementales et les acteurs de la production de bois pour rétablir les niveaux normaux d'exportation.

En Malaisie, on constate également une baisse des exportations, en particulier en provenance de Sarawak. La valeur des exportations de produits en bois de Sarawak est passée de 3,9 milliards de ringgits en 2022 à 3,1 milliards en 2023. La valeur des exportations de grumes s'élevait à 559 millions de ringgits, soit 18 % de la valeur totale des exportations. Cependant, RHB Investment Bank (RHBIB) maintient sa prévision selon laquelle le PIB de la Malaisie augmentera de plus de 4 % en 2024, grâce à une demande internationale plus forte stimulant la croissance des exportations, en contraste avec le déclin de 8 % en 2023. La consommation intérieure devrait également s'améliorer.

Des appels sont lancés pour transformer le secteur et produire des produits à haute valeur ajoutée en utilisant des matières premières issues de forêts plantées. Dans cet objectif, le gouvernement de l'État s'engage à renforcer l'industrie en aval, en se diversifiant dans des domaines tels que la biomasse, le mobilier, le bambou et le bois d'ingénierie.

Grumes tropicales : l'interdiction des exportations reportée

En volumes cumulés de juin à septembre 2023, les importations de grumes tropicales s'établissent à 5 835 m³, soit une baisse de 19 % par rapport au troisième trimestre 2022. Cependant, en volumes cumulés de janvier à septembre 2023 le niveau d'importation est en hausse de 5 % par rapport à la même période de l'année en 2022. Prévue pour le 1er janvier 2023, l'entrée en vigueur de l'interdiction des exportations des bois en grumes par les pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, RCA, Guinée équatoriale et Tchad) a, une nouvelle fois, été reporté sine die*. C'est l'annonce faite par le président de la commission de la Cemac, le Pr. Daniel Ona Ondo, au sortir de la 38e session ordinaire du Conseil des ministres de l'Union économique et monétaire de l'Afrique centrale (UEAC).

* L'échéance est désormais fixée au 1^er janvier 2028 (source : RFI).