Cette nouvelle satisfaisante pour l’ONF, dont le chiffre d’affaires affiche une hausse de 156 % en septembre 2021 sur un an, est le fruit « d’une reprise économique mondiale, portée par les plans de relance étatiques ». Elle a son revers : « La forte demande américaine et chinoise sur tous les produits en grumes et sciages déstabilise la filière forêt-bois nationale. Cette dernière se heurte à une hausse des prix ou à des difficultés pour s’approvisionner, avec pour conséquence des retards sur les chantiers ». Aussi l’Office, par la voix de son responsable national de la commercialisation, a annoncé via sa note de conjoncture qu’il proposera plus de chêne en 2021 qu’en 2020 et qu’il augmentera les quantités de bois prévues pour les contrats.
Ce sont toutes les essences qui bénéficient d’un marché dynamique des sciages : 20% de hausse pour ceux de résineux blancs en juillet 2021 sur un an, 8 % de hausse sur un an pour ceux de chêne, 6 % de hausse pour ceux de hêtre, rapporte l’ONF en se basant sur les chiffres Centre d’études de l’économie du bois (CEEB). Les pénuries de sciages de résineux blancs favorisent le marché des sciages de résineux rouges ((pin-douglas-mélèze), et ceux de douglas atteignent des prix historiquement hauts, observe encore l’ONF.
En conséquence, les prix « affichent de belles hausses sur les bois vendus sur pied », et « entament une remontée » pour les bois vendus façonnés par l’Office. Les moyennes établies par l’opérateur public sont les suivantes :
- en bois sur pied : sur un an (septembre 2020 à septembre 2021), hausse de 8 % du prix du hêtre, de 5 % du prix du chêne, de 6 % du prix du pin maritime, de 81 % du prix sapin-épicéa, de 22 % du prix du pin sylvestre, et de 43 % du prix du douglas (une essence moins présente en forêt publique).
- en bois façonné pour la même période, les prix moyens sont en légère hausse sauf pour celui du pin sylvestre stable : hausse de 4 % pour celui du pin maritime, de 3 % pour celui du douglas, de 3 % pour celui du hêtre, de 2 % pour celui du sapin-épicéa et pour celui du chêne.
On notera que la hausse spectaculaire du prix moyen du sapin-épicéa est liée, outre à la demande de sciages qui a explosé, au répit dans la crise du scolyte. Au sujet de celle-ci, l’ONF dit rester vigilant ; car si « l’hiver 2020-2021, plus humide, et l’été 2021, moins chaud, ont ralenti l’expansion du scolyte » et qu’« à ce jour, l’ONF a pu écouler tous ses stocks de bois atteints », « cependant, la prudence est de mise, car la situation varie selon les territoires », précise-t-il. « La région Grand-Est demeure encore très touchée. En cas de nouvelles sécheresses en 2022, la crise pourrait repartir de plus belle ».
À chaque année suffit sa peine, et rien ne vient conforter une telle perspective. C’est ce qu’a indiqué une équipe de météorologues à qui avait été posée, dans le cadre des ateliers Regefor qui se sont déroulés au mois de juin 2021, la question suivante : « Les extrêmes climatiques récents dans l’Est de la France : variabilité ou effets du changement climatique ? ». Les spécialistes ont montré que les récents épisodes de sécheresse météorologique dans l’Est français ne pouvaient être, après examen des tendances, attribués au changement climatique, au contraire des vagues de chaleur (les vagues de chaleur de juillet 2019 étant données pour au moins 10 fois plus probables du fait du changement climatique et d’intensité augmentée d’au moins +1,5 °C).