Le pin maritime, qui est la 4e essence bretonne en superficie avec 31 000 ha, après avoir été récolté et transformé en Bretagne pendant plusieurs décennies, a progressivement été délaissé, explique Fibois Bretagne, notamment à partir de 2008-2010, et ceci pour deux raisons : les tempêtes, dont Klaus qui a mis des gros volumes de bois sur le marché en Aquitaine et dont une partie a été transformée en Bretagne, et l’accélération des coupes de récolte de l’épicéa de Sitka arrivé à maturité et dépérissant à cause du dendroctone. Or, ces deux phénomènes étant résorbés et la demande du marché restant soutenue (depuis 2 ans les prix d’achat sur pied ont quasiment doublé), le pin maritime est de nouveau apparu comme une ressource intéressante à valoriser. « Une prospection « efficace » est réalisée par les commis de coupe afin d’inciter les propriétaires forestiers à couper leurs bois de pin maritime arrivés à maturité et ces derniers ne sont pas toujours bien informés de leurs droits et devoirs », note Fibois Bretagne. S’ensuit le constat sur le terrain de coupes d’extraction des pins maritimes dans les peuplements mélangés sans interventions sylvicoles consécutives ce qui conduit à une paupérisation des peuplements, et de coupes rases de futaie sans reboisement apparent. « Cette problématique des coupes est surtout constatée sur les petites parcelles où l’obligation légale de reboisement n’existe pas (seuil d’obligation à partir de 1 ha) : l’érosion de la surface forestière est à craindre de la même façon que pour l’épicéa de Sitka il y a 10 ans. La somme de petites surfaces sur un même secteur atteint vite des surfaces considérables : exemple sur un massif, si 5 propriétaires voisins ont exploité à peine 1 ha chacun, au final c’est presque 5 ha d’un seul tenant qui ont été coupés », précise Fibois Bretagne.
Engagement volontaire
Devant ce constat d’une exploitation soutenue et d’une reconstitution pas toujours satisfaisante les acteurs de la filière (propriétaires, exploitants forestiers, services de l’État…) ont souhaité travailler sur le sujet pour y apporter des solutions. Un groupe de travail coordonné par l’interprofession Fibois Bretagne s’est mis en place et a progressivement abouti à une Charte d’engagement de l’exploitation forestière en forêt privée et à un kit d’information à destination des propriétaires privés.
Ce kit d’information (comprenant à la fois des rappels réglementaires, des contacts pour trouver les bons interlocuteurs permettant de réaliser des projets de reboisement, des propositions d’itinéraires sylvicoles ainsi qu’un contrat type) sera communiqué systématiquement aux propriétaires par les exploitants signataires de la Charte ou par les services de l’État lors des demandes de coupes.
« L’engagement des exploitants forestiers dans la Charte de l’exploitation en forêt privée est un engagement volontaire qui témoigne de la réelle volonté d’aller vers des pratiques plus durables », explique Fibois Bretagne. « Le recours par les propriétaires aux acteurs engagés dans cette démarche pour l’exploitation des bois des propriétaires privés est un avantage fort pour ces derniers et pour la filière dans son ensemble dans une perspective de long terme. Les acteurs de ce collectif vont poursuivre leur réflexion sur les solutions permettant d’améliorer le reboisement systématique. »
La charte de l’exploitation
L’entrée des exploitants forestiers qui le souhaitent est formalisée par la signature de la Charte d’engagement cosignée également par le préfet du Morbihan, Fibois Bretagne, Fransylva Bretagne. Les engagements sont les suivants :
● utiliser le contrat-type élaboré par la filière bois amont pour les ventes de gré à gré ;
● mettre en œuvre des techniques d’exploitation forestière de qualité ;
● informer de manière proactive le propriétaire sur les obligations en matière de reboisement grâce à la remise systématique du kit d’information élaboré par la filière amont au propriétaire vendeur au moment de la signature du contrat de vente ;
● diffuser le kit d’information (fourni à la demande par Fibois Bretagne mais également téléchargeable en ligne) systématiquement aux propriétaires lors d’un achat de bois de gré à gré ;
● travailler avec les autres acteurs de la filière pour coconstruire des outils permettant de faciliter la mise en œuvre du reboisement forestier et communiquer auprès du public.
Le manquement avéré à ces engagements engendrera l’exclusion de la Charte et un an d’interdiction avant de pouvoir réintégrer la Charte. La décision sera prise par le Comité de pilotage constitué par un représentant de chacune des structures qui ont coordonné l’action depuis le début (Fibois Bretagne, les services de l’État, le CRPF de Bretagne-Pays de la Loire, Fransylva, l’association des Experts forestiers de Bretagne, la FNB Bretagne et le Syndicat des exploitants de la filière bois).
Fibois Bretagne tiendra à jour en permanence la liste des exploitants engagés dans la démarche et signataires de la Charte.