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Arbre d'ailleurs : le moringa, entre mythe et réalité

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Une plantation intensive de moringa pour la récolte des feuilles dans le Sud de Madagascar.

Crédit photo D. Dieudonné
Nommé à Madagascar « arbre aux miracles », le moringa est présent dans la plupart des pays subtropicaux ou tropicaux à saison sèche marquée, et même en zone aride. Il connaît actuellement un regain d’intérêt à la fois de la part des pays occidentaux − en tant que matière première pour leur industrie alimentaire voire celle des agrocarburants − et de celle des pays du Sud dans le cadre d’une recherche d’autosuffisance alimentaire et économique, ainsi que l’illustre l’entreprise Mam-Agri de la région malgache d’Atsimo-Andrefana.

Depuis peu, le moringa fait parler de lui comme d’un formidable allié dans la lutte contre la malnutrition à travers le monde. En effet, dans de nombreuses régions concernées par la pauvreté, et notamment en Afrique, il existe de fortes interactions entre l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition. À l’échelle des ménages, c’est leur capacité à pouvoir se procurer en toutes circonstances une nourriture suffisante et nutritionnellement adéquate qui entre en ligne de compte. Si celle-ci est en corrélation directe avec les revenus du foyer, elle dépend aussi de l’offre alimentaire qui leur est proposée. L’agriculture en tant que source de vivres et de revenus est probablement l’un des moyens qui permettra de répondre demain aux enjeux alimentaires planétaires. Pensée de façon raisonnée et autonome, elle peut permettre aux populations d’accéder à l’autosuffisance alimentaire et par conséquent à une amélioration de leur santé. Aujourd’hui, la culture du moringa pourrait répondre en partie à ces nécessités tant ses perspectives d’utilisation sont variées : de l’agriculture à l’industrie alimentaire en passant par le « boom » des agrocarburants, cet arbre n’a pas fini de faire parler de lui.

Un bâton ou une baguette

Le nom du moringa fait référence à la forme de l’arbre. « Moringa » est un mot issu de la langue tamoul qui désigne « le bâton » ou « la baguette ». Cette dénomination se retrouve en anglais, dans l’appellation « drumstick tree ». Par ailleurs, en raison de ses nombreux bienfaits, le moringa est souvent appelé « arbre de vie », « arbre de l’éternelle jeunesse » ou « arbre des merveilles » en Afrique. Au Sénégal par exemple, il se nomme « Nebeday », de l’anglais « Never Die » (Qui ne meurt jamais). À Madagascar il porte le nom de « Ananambo » qui signifie « Arbre aux miracles ». Depuis des siècles, on lui prête de nombreuses vertus comme celle de renforcer le système immunitaire, de guérir ou de se prémunir de nombreuses maladies comme l’asthme, le diabète et les maladies cardiovasculaires.

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Mamy, responsable de l'entreprise Mam'Agri, devant un moringa.
Crédit photo : D. Dieudonné

Un arbre résilient face aux sécheresses

Originaire des régions voisines de l’Himalaya, c’est de l’Inde et du Pakistan que la culture de moringa s’est étendue vers l’Afrique en commençant par l’Égypte. Elle a ensuite gagné la Méditerranée et finalement les Antilles et l’Amérique. Aujourd’hui, le moringa s’est étendu géographiquement et on le retrouve dans la plupart des pays subtropicaux ou tropicaux à saison sèche marquée, voire en zone aride. Cet arbre est bien connu dans le monde entier pour sa résilience face aux sécheresses, pour sa croissance très rapide et sa facilité de propagation quelles que soient les conditions pédoclimatiques. Il pousse mieux dans les climats arides et il a très peu de besoins en termes d’éléments nutritifs. Toutes les variétés de moringa existantes à travers le monde ne sont pas bien connues car les informations disponibles sont encore très limitées. La sélection variétale est fonction des objectifs de production. Certaines variétés peuvent être sélectionnées pour la longueur de leurs gousses et d’autres pour leurs feuilles ou leurs graines, selon les différents critères de production.

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Un jeune moringa.
Crédit photo : D. Dieudonné

Parmi les 13 espèces de moringa retrouvées à travers le monde, Moringa oleifera et Moringa stenopetala sont les plus courantes, d’autres comme Moringa hildebrandtii et Moringa drouhardi sont endémiques de l’île de Madagascar mais Moringa oleifera reste à ce jour la plus cultivée. Plusieurs variétés de Moringa oleifera ont été développées sur la base de la prédominance de leurs composants chimiques (particulièrement pour ses antioxydants), l’adaptation dans des milieux agro-climatiques difficiles, pour favoriser la production de gousses, de graines ou de feuilles. Deux souches dominent aujourd’hui les plantations dans le monde : les Moringa PKM1 et PKM2 qui ont été développées en Inde et au Pakistan où cette filière est développée industriellement, comme nulle part ailleurs.

Le Moringa se plaît à une altitude inférieure à 600 m, mais peut pousser jusqu’à 1 200 m dans certaines régions tropicales. Selon la pratique culturale et la récolte souhaitée, il peut être planté pour obtenir un arbre, un arbuste ou un arbrisseau.

Un arbre providentiel

Toutes les parties de cette plante sont utilisées : les feuilles sont consommées fraîches ou séchées, les gousses se mangent crues ou cuites, les graines servent à la fabrication d’une huile de qualité, les racines sont utilisées comme remèdes contre l’asthme et le paludisme, les fleurs offrent un mets de qualité pour le butinage des abeilles et enfin l’arbre est souvent utilisé pour ériger des clôtures et des haies vives dans des systèmes agroforestiers.

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Obtention de la poudre de moringa après broyage des feuilles séchées.
Crédit photo : D. Dieudonné

Traditionnellement, les feuilles de moringa sont consommées crues ou ajoutées dans la sauce quelques minutes en fin de cuisson. En Inde, elles entrent dans la composition du fourrage pour le bétail et elles ont, comme pour l’homme, un rôle alicamenteux. Depuis quelques années, et notamment avec le renouveau des produits « bien-être » et l’essor du marché des compléments alimentaires en Occident, de nouveaux produits apparaissent comme les feuilles de moringa séchées ou la poudre de moringa (brute ou sous forme de comprimés). Comme bien souvent sur ce type de marché, ces nouveaux produits qualifiés de « superfoods » sont associés à de séduisants slogans jouant sur leur caractère ancestral et miraculeux. Alors qu’en est-il vraiment ? Est-ce une énième supercherie digne des plus grands vendeurs à la criée ou cette plante possède-t-elle réellement des propriétés nutritives qu’il serait bon d’assimiler ?

Pour répondre à cette question, analysons dans les grandes lignes le profil nutritionnel du moringa oleifera et comparons-le à quelques aliments comme la carotte, l’oignon, la tomate, mais surtout à la championne de nos jardins : l’ortie.

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Analyse du profil nutritionnel pour 100g de produits frais.
Crédit photo : Moringa News

Sans grande surprise Moringa Oleifera détrône les plantes potagères communes et même la potion magique de Popeye fait pâle figure face au « miracle africain ». En revanche, quand on le compare aux bienfaits de l’ortie, on remarque tout de suite que le miracle est finalement partagé.

Un marché en croissance

Et pourtant, avec une croissance annuelle de 9 % à 10 %, le marché international du Moringa aurait atteint les 7 milliards d’USD en 20201. Cette croissance est stimulée d’une part par le marché de la santé (en particulier en Europe et dans les Amériques), et d’autre part par une demande croissante en huiles végétales majoritairement pour le secteur de l’agroalimentaire, et plus marginalement pour la fabrication d’agrocarburants. De plus, une demande toujours plus grande pour ce type de produit émerge dans toutes les grandes villes d’Afrique avec une population urbaine en expansion qui tend à épouser le mode de vie occidental et ses différentes pratiques de consommation.

Même si faire voyager des feuilles de moringa sur 3 000 km reste une aberration écologique là où une poignée d’ortie au fond de son jardin fournira les mêmes bienfaits – comme nous allons le voir — au-delà de son aspect nutritionnel, la culture de cet arbre n’en reste pas moins inintéressante dans les pays où il prolifère.

Un arbre à croissance rapide

Selon l’utilisation souhaitée, le moringa peut se planter selon plusieurs configurations. En très forte densité avec un espacement de 10x10cm et 1 million de pieds à l’hectare dans le cadre d’une culture intensive (6-9 récoltes par an quand l’arbuste mesure 30-50 cm de haut) pour favoriser la pousse des feuilles (500 t de feuilles fraîches par hectare). Il peut aussi se planter avec des espacements plus conséquents de 3m à 5 m dans un système agroforestier pour favoriser la production de graines (fabrication de l’huile) et pour jouer un rôle « brise-vent ». Comme le Moringa oleifera a tendance à produire de longues branches verticales qui ne produisent des feuilles et des fruits qu’à leur extrémité, les rendements seront faibles si l’on laisse les arbres pousser naturellement.

Il est donc essentiel de donner aux arbres une forme adéquate lorsqu’ils sont jeunes, en favorisant les ramifications latérales et en lui donnant une forme de buisson touffu, pour la production de feuilles il sera coupé nettement plusieurs fois par an au niveau du tronc principal. Il peut germer et se développer sans irrigation s’il est semé à la saison des pluies mais il demandera néanmoins un sarclage régulier, environ 4 fois par an pour maximiser les rendements. C’est donc un arbre très polyvalent à croissance rapide pouvant atteindre plus 3 mètres par an selon les contextes pédoclimatiques.

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Une parcelle de l'entreprise Mam'Agri avec des rangées de stevia au premier plan et des arbres de moringa cultivés pour leurs graines et comme haie naturelle au second plan.
Crédit photo : D. Dieudonné

Une hormone de croissance

Cette dernière particularité a poussé une poignée de chercheur à envisager l’usage des feuilles de moringa comme engrais vert et comme hormone de croissance végétale qui aurait la capacité d’améliorer les rendements d’autres arbres et légumes. C’est ainsi qu’au Nicaragua, l’équipe du professeur Nikolaus Foidl a pu démontrer dans le cadre du programme de recherche Biomasa2 que le jus de feuilles de moringa fraîches peut être utilisé pour produire une hormone de croissance efficace, augmentant les rendements de 25 à 30 % pour presque toutes les cultures : oignons, poivrons, soja, maïs, sorgho, café, thé, chili et melon. Une des substances actives de la plante en serait la cause : la zéatine. Il s’agit d’une hormone végétale du groupe des cytokinines qui stimule la division cellulaire.

Depuis, cette expérience a été maintes fois reproduite et en plus d’accélérer la croissance des jeunes plants, les chercheurs ont démontré que l’extrait de feuilles de moringa permet de renforcer les plantes, d’améliorer la résistance aux ravageurs et aux maladies, d’augmenter l’épaisseur de la surface foliaire, d’augmenter le nombre de racines et de produire des fruits plus gros. Dans des pays où l’agriculture est avant tout vivrière, cette méthode de fertilisation naturelle peu onéreuse pourrait jouer un rôle décisif dans l’amélioration des rendements agricoles et forestiers sans dépendre de l’industrie pétrochimique.

Moringa Oleifera trouve sa place entre le sous-étage et la canopée des forêts tropicales et subtropicales. Pouvant atteindre 10 à 15 m de haut en quelques années, il est dorénavant utilisé majoritairement dans les programmes de reforestation et de lutte contre l’érosion des sols pour sa capacité à procurer de l’ombre aux autres arbres et pour sa résistance aux feux de brousse. Il semblerait même qu’il stimule la pousse des arbres plantés à sa périphérie.

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Une plantation intensive de moringa pour la récolte des feuilles dans le Sud de Madagascar.
Crédit photo : D. Dieudonné

Un arbre « reconstructeur »

Ainsi, au-delà de ses qualités nutritionnelles avantageuses, cet arbre se révèle être un atout dans la reconstruction des écosystèmes en grand danger. C’est le cas notamment à Madagascar ; pays avec l’un des taux de déforestation les plus élevés du monde. L’île a perdu 44 % de ses forêts naturelles depuis les années cinquante d’après le Cirad3. Dans certaines régions de la grande île comme à Toliara (Tuléar), la forêt a tellement disparu que les habitants sont maintenant contraints de couper la mangrove pour trouver leur combustible (utilisé principalement pour la cuisson des aliments).

De nombreuses associations travaillent aujourd’hui sur ce sujet en essayant de former les paysans locaux à planter et cultiver le moringa pour les inciter à régénérer les forêts alentour. En contrepartie, elles tentent de créer des filières de transformation des feuilles et des graines afin de mettre ces nouveaux produits sur les marchés locaux dans le but de fournir une dose journalière de poudre de feuille aux enfants les plus malnutris.

En 2012, le professeur Kokou de l’université de Lomé au Togo a corédigé une analyse des carences (anémies) chez des nourrissons et des enfants de 12 mois à 9 ans avant et après la prise de poudre de moringa pendant 14 semaines4. Il conclut son analyse ainsi : « Les résultats de cette étude confirment que les feuilles de Moringa oleifera peuvent être utilisées comme complément alimentaire dans la prévention et la correction de la malnutrition protéino-énergétique et par carence en micronutriments. Cependant des protéines animales et un supplément de vitamine C sont également nécessaires pour augmenter la quantité de fer dans l’organisme et activer son absorption […] il est important de noter que la consommation des feuilles de Moringa oleifera, seules malgré leurs qualités nutritionnelles exceptionnelles, n’est pas une cure miracle. Moringa oleifera n’est ni un médicament, ni un substitut aux antirétroviraux ». Nous le comprenons ici, le maître mot, comme en forêt, est diversité.

Un arbre à la mode

Un autre produit phare de la filière, l’huile de moringa transformée par une simple pression à froid des graines est utilisée depuis des milliers d’années comme source de cuisson, en cosmétique, pour se parfumer et comme médicament dans les médecines traditionnelles. L’existence et les propriétés antibactérienne et antifongique de l’huile de moringa sont évoquées dès l’Égypte antique, vers 2 480 avant J. – C., dans la Grèce antique et à Rome.

D’un point de vue nutritionnel, elle se rapproche de l’huile d’olive avec laquelle elle partage sa forte proportion en oméga-9 et sa teneur élevée en antioxydant (vitamine E), ce qui explique son application comme onguent pour renforcer l’éclat de la peau (vieillissement, acné). Mais depuis quelques années avec l’essor des agrocarburants, le moringa semble être un candidat idéal pour produire les carburants du futur, selon ses promoteurs. En effet, sa rapidité de croissance et son adaptation à n’importe quel sol permettraient aux industriels de le cultiver sur des terres non agricoles afin de ne pas concurrencer l’agriculture locale et ne pas monopoliser des terrains déjà utilisés pour l’alimentation ou la forêt. De plus, les caractéristiques physico-chimiques de l’huile de moringa correspondent aux standards imposés par la réglementation internationale et européenne, avec notamment un indice d’inflammabilité supérieur à celui du diesel5. L’idée semble séduisante, mais lorsque l’on compare les rendements entre le moringa à 250 l par hectare et le palmier à huile à 3 300 l par hectare, la logique de rentabilité économique rend difficile la substitution de ce champion sur les marchés mondiaux.

Alors que pouvons-nous en penser ? Loin des promesses marketings qui n’engagent que ceux qui les croient, l’effet de mode qui induit le développement de la filière de moringa reste toutefois une formidable opportunité pour l’agriculture vivrière, particulièrement en Afrique. Là où la plupart des produits qui nous parviennent sont issus de réseaux de « collecte » (ces produits sont ensuite transformés dans d’autres pays comme le café, la noix de cajou, la vanille ou la mangue), le marché de la poudre fabriquée à partir des feuilles de moringa implique de développer localement un réseau de collecte et de transformation, avec toute la réglementation sanitaire qui en découle (normes HACCP).

Filières de transformation

Pour le comprendre, il faut s’intéresser à la façon dont sont transformées ces feuilles. La plupart du temps, les terrains pour développer des projets de plantation se situent en « brousse », à plusieurs heures d’un accès à l’électricité et à une eau de qualité. Or, une fois récoltées, les feuilles doivent être transformées dans les deux à trois heures qui suivent qui suivent afin d’éviter leur dégradation, leur jaunissement et la perte de leur qualité. Cela implique que le site de transformation doit se situer non loin du site de plantation. Une fois récoltées, les feuilles sont triées, lavées, séchées puis broyées pour obtenir de la poudre qui sera compressée parfois sous forme de comprimés. Le séchage est le cœur du processus. Il doit se faire à l’abri du soleil et à 45 °C environ pour conserver les nutriments de la plante. Or, pour assurer une production stable malgré les conditions météorologiques qui peuvent être plus ou moins humides dans certaines les régions, il est nécessaire de développer des systèmes permettant d’assurer un séchage régulier de nuit comme de jour (séchoirs solaires avec assistance électrique pour continuer le séchage la nuit). Ainsi, les projets sérieux de transformation de feuilles de moringa se développant au sein d’une filière économiquement rentable entraînent inévitablement une amélioration de vie dans les villages aux alentours du site avec un accès à l’eau et à l’électricité.

L’exemple de Mam’Agri

À Madagascar, dans la région Atsimo-Andrefana (sud-ouest), Mam’Agri ; une entreprise en plein essor s’est lancée depuis 2019 dans la transformation de moringa. En parallèle d’une production de coton et de stevia bien établie, elle a débuté la transformation de feuilles de moringa sur des parcelles agroforestières en associations avec d’autres plantes arbustives et maraîchères. De la graine à l’arbre en passant par la confection de ses propres bio pesticides et de son compost, l’entreprise cultive sur 25 ha divisés en parcelles de 5 000 m² plus d’une vingtaine d’espèces. Un forage et une installation solaire de 72 kW financée en partie par un organisme du gouvernement permettent d’irriguer la totalité de la surface cultivée avec un potentiel de 100 ha.

De plus, Mam’Agri a construit un bâtiment de 250 m² sur le site de production pour transformer les récoltes (séchage, pressage, lavage) et vendre ainsi des produits à plus forte valeur ajoutée comme des fruits séchés, des huiles alimentaires ou cosmétiques, de la poudre, etc. Dans cette région où la température moyenne est de 25 °C toute l’année pour seulement 500 mm de précipitation, avec un simple système d’arrosage tout pousse : moringa, hibiscus, menthe, stevia, bananier, fenouil, romarin, cactus, etc.

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Aperçu du centre de transformation avec ses deux containers séchoirs.
Crédit photo : D. Dieudonné

45 employés

L’entreprise a commencé à vendre des feuilles de moringa séchées sur les marchés locaux et elle est aujourd’hui à la recherche de clients pour la vente de tout type de produits séchés. Elle emploie à ce jour 45 personnes avec comme objectif celui d’intégrer 85 personnes supplémentaires d’ici 2025. Des maisons « en dur » sont en cours de construction pour les employés et les villages alentour peuvent venir gratuitement se ravitailler en eau sur le site. Une hausse de l’économie villageoise et un net recul des maladies liées à la consommation d’une eau de mauvaise qualité sont constatés depuis deux ans dans le secteur. Finalement, loin d’une monoculture dédiée à la transformation d’un seul produit (avec les dérives sanitaires qui en découlent), le moringa trouve ici sa place dans une culture diversifiée qui permet à l’entreprise de se positionner sur la vente de plusieurs types de produit, ce qui la rend aussi résiliente économiquement que le sont ses parcelles.

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Pépinières de l'entreprise Mam'Agri.
Crédit photo : D. Dieudonné

Mythe ou réalité ?

Depuis une dizaine d’années, les articles fleurissent sur le moringa et ses bienfaits pour la santé. De nombreuses entreprises et associations se mettent à en vendre et à inciter les producteurs d’Afrique et d’ailleurs à en planter afin de commercialiser feuilles et graines. Seulement, le marché reste aujourd’hui balbutiant et il existe un décalage entre les campagnes de plantation, l’accès à un site de transformation et la demande irrégulière pour ces marchés de niche. Tout cela décourage bien souvent les paysans locaux à cultiver cet arbre, qui ont eux aussi été séduits par des promesses sans fondements.

Alors, mythe ou réalité ? Le moringa oleifera possède bel et bien des vertus nutritives et écosystémiques, mais au stade actuel de la demande, seules des entreprises de transformation collaborant avec des producteurs déjà bien organisés qui travaillent en culture diversifiée et pour plusieurs clients peuvent tirer leur épingle du jeu en proposant un produit qui respecte les standards hygiéniques internationaux (analyse bactériologique favorable, processus de traçabilité, etc.). Des brevets ont déjà été déposés par des industriels dans les secteurs du cosmétique, de l’énergie et de l’agroalimentaire, avec notamment l’idée de considérer la poudre de moringa comme ingrédient pour enrichir en protéines et en vitamines les produits transformés. Si l’industrie s’empare réellement de ce sujet dans les années à venir, alors l’agriculture vivrière dans les pays les plus pauvres pourrait changer de visage avec une internalisation d’étapes à plus forte valeur ajoutée dans les villages de producteurs, pour le meilleur comme pour le pire.

1 Moringa Export Market Trend, Upward Integration & Opportunities, Advanced Biofuel Center (ABC),

2 New Uses of Moringa Studied in Nicaragua, Lowell Fuglie, ECHO Development Note n° 68, juin 2000.

3 Déforestation à Madagascar : concilier développement et conservation de la biodiversité, www.cirad.fr.

4 Effet de la poudre de feuilles de Moringa Oleifera LAME. Sur l’évolution du profil de l’hémogramme des enfants malnutris au Togo : Evaluation chez les sujets HIV positifs, Université de Lomé, 2012.

5Utilization of Moringa oleifera oil for biodiesel production : A systematic review, AIMS ENERGY, février 2020.

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