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Rapport Cattelot : les réactions s'enchaînent

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Le 17 septembre, Anne-Laure Cattelot a remis officiellement son rapport parlementaire au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, et à la secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité, Bérangère Abba. Dans ce document, la députée de la douzième circonscription du Nord formule 19 propositions en lien avec la forêt et la filière bois. Plusieurs organisations professionnelles ont depuis réagi et commenté ce document. 


  • Fédération nationale des Communes forestières (17 septembre) : «C’est un rapport qui a la force d’une grande réforme, qui porte une vision pour toute notre filière. La députée a su consulter tous les acteurs, le résultat est à la hauteur. Souhaitons que l’État passe maintenant aux actes. Dans le cadre de leurs politiques forestières territoriales (100 constructions publiques en bois local), de leur Manifeste ou plus récemment de leurs propositions au Plan de relance, les Communes forestières s’appuient sur le levier du bois local et de la commande publique mis en œuvre par des entreprises françaises dans les territoires. Cet objectif est partagé dans le rapport qui propose de tripler la construction bois d’ici 2050 et de réduire les importations. […] Le rapport Cattelot appelle à donner une nouvelle place aux collectivités dans la gouvernance de la politique forestière, avec le Plan Local Forestier. Les élus, aménageurs du territoire sont reconnus comme médiateurs d’une démocratie de proximité pour piloter les démarches forestières territoriales. La députée propose la mise en œuvre de Plans locaux Forestiers tels que proposés dans le Manifeste des Communes forestières. Le secteur forêt bois est intégré pleinement dans l’aménagement du territoire ; les habitants et les citoyens sont associés aux choix et aux décisions de gestion, sous la coordination des élus dans l’intérêt général. Les Communes forestières appelaient à la création d’une administration forestière nationale pour toutes les forêts françaises. Le rapport Cattelot préconise la création d’une agence nationale des forêts. De cette cohérence, les réponses aux changements climatiques, à l’adaptation des forêts, la gestion des crises et la prévention des risques, pourront être relevées ensemble, dans toutes les régions, car aucune n’est épargnée. Pour les Communes forestières, cette Agence nationale est indissociable d’une présence territoriale continue sur le terrain. Anne-Laure Cattelot lance un appel pour permettre à chaque élève d’expérimenter la classe en forêt. La députée cite le projet porté par les Communes forestières «Aires forestières éducatives – dans 1.000 communes forestières, la forêt fait école». Ces outils pédagogiques veulent aller plus loin que le simple cadre de l’information aux enfants : les élèves s’impliquent concrètement dans la gestion forestière sur la durée. Non seulement, ils sont responsabilisés à la gestion durable, mais ils appréhendent aussi toute une chaîne, de l’écosystème forestier d’un territoire à la filière bois locale, du lien forêt-métiers-produits à l’approche multifonctionnelle de la forêt». 

  • Fédération nationale du bois (18 septembre) : «La FNB salue à l’unisson le rapport de la députée Cattelot mais alerte sur certaines incohérences. […] Ce rapport est le fruit d’un important travail de consultation au niveau national et dans les territoires de tous les acteurs de la filière forêt bois, des ONG, et des élus. Cette écoute et implication méritent d’être saluées et les missionnaires de l’étude remerciés. C’est un rapport qui a la force d’une grande réforme. […] Des points fondamentaux font consensus, comme l’urgence à agir et financer par un fonds dédié l’adaptation des forêts au changement climatique, la nécessité de planter 1 arbre par habitant par an pendant 30 ans, l’obligation de régler sans délai l’équilibre forêt gibier, le doublement des moyens en faveur de la recherche ou encore la promotion du Bois De France comme levier de croissance à privilégier. La FNB accueille également favorablement le triplement des quantités de bois dans la construction d’ici à 2050, le déploiement d’une organisation de gestion de crise. Les scieurs et transformateurs attendent, quant à eux, avec impatience, l’instauration d’une provision pour investissements pour les scieries et industries de transformation, la remise en place d’un suramortissement pour la robotisation et machines à commandes numériques et surtout, le lancement dès 2020 d’un appel d’offres dédié aux cogénérations adossées aux scieries. […] En revanche, certaines propositions comme l’encadrement subjectif des coupes rases sont inadaptées aux enjeux de la forêt, de la filière bois, qui plus est dans des instances régionales dont ce n’est pas l’objet. De telles restrictions administratives à la récolte auront des répercussions sur les conditions techniques et économiques des chantiers forestiers et sur la rentabilité des industries du bois comme le revenu des sylviculteurs, ceci dans un contexte de plus en plus concurrentiel. Faire abstraction des importations de bois récoltés dans des pays où les coupes finales sont possibles sur de plus grandes surfaces et leur ouvrir le marché français en rigidifiant à l’excès le nôtre, omettre l’histoire des forêts de nos territoires, nier la liberté d’exercice du métier de forestier et sa science n’est pas la meilleure méthode pour ouvrir le nécessaire dialogue sur un sujet aussi complexe. La recommandation visant à accroître les surfaces de forêts en «pleine naturalité» est également problématique, dans la mesure où elle laisse à penser que la sylviculture et la récolte de bois seraient antinomiques avec le maintien de la biodiversité. Le sujet n’est pas binaire. Le rapport souligne enfin l’ampleur de la tâche et la nécessité d’un portage politique fort avec la création d’un ministère de la Forêt et du Bois. Nous le partageons pleinement». 

  • France bois industries entreprises, France bois forêt, France bois régions et le Comité stratégique de filière forêt-bois (21 septembre) : «Les organisations interprofessionnelles France Bois Industries Entreprises, France Bois Forêt, France Bois Région et le Comité Stratégique de Filière forêt-bois, saluent le travail réalisé par la députée Anne-Laure Cattelot et la qualité des échanges qu’elle a organisés avec tous les représentants de la filière forêt bois. […] Le rapport souligne la valorisation de tous les usages du bois, seul matériau écologique, biosourcé, entièrement renouvelable et stockant le carbone de l’atmosphère. Il est mentionné un renforcement des actions consacrées aux forêts, notamment dans l’adaptation de celles-ci aux effets du changement climatique afin de conserver leur vitalité, leur diversité et leur capacité de régénération. Par ailleurs, est mise en lumière la durabilité de la construction bois et l’accroissement nécessaire de la décarbonation de l’économie du bâtiment liée à la future réglementation environnementale pour les bâtiments neufs (RE 2020). La visibilité de l'impact carbone du bâti sera ajoutée aux exigences réglementaires pour illustrer les atouts des matériaux bois et biosourcés, renouvelables. C’est une vision bas carbone de la construction bois qui est ici affirmée, faisant de ce matériau une référence en matière de durabilité et d’atténuation du changement climatique. Pour ce faire, il est proposé de tripler les quantités de bois dans la construction d’ici 2050. Le rapport insiste sur l’urgence à favoriser le renouvellement des forêts françaises. En réponse au défi du changement climatique, il est notamment proposé de créer de nouveaux vergers à graines pour disposer de matériel génétique adapté au changement climatique, de créer des projets forestiers de territoire et de mettre en œuvre un fonds (300 M€) pour la reconstitution des forêts sinistrées. Un encadrement des coupes momentanément déboisées (répondant au ressenti visuel) engagera une nécessaire concertation approfondie avec les professionnels, considérant la multiplicité des situations que les forestiers auront à gérer.

    Nos organisations soutiennent l’ambition, en plus des mécanismes de régénération naturelle, de pouvoir assurer la plantation de 70 millions d’arbres chaque année pendant trente ans, soit un arbre pour chaque français tous les ans. Cette ambition appellera les moyens d’un changement d’échelle à tous les niveaux pour le secteur forestier. Ces mesures ont une cohérence d’ensemble qui s’inscrivent dans la volonté du Gouvernement, de mobiliser des ressources importantes pour les forêts françaises dans le cadre d’un plan de relance global. L’objectif est d’organiser une mise en œuvre plus unifiée de la politique forestière française, tenant compte des diversités. Enfin, le rapport insiste sur l’importance d’une coopération active entre l’amont et l’aval de la filière, reconnaissant l’efficacité de ce type de synergies dans la structuration de la filière. Fort de ce constat, ce rapport innove en exposant la nécessité d’une réorganisation systémique de la filière. Il propose un cadre de solution générique rapprochant tous les niveaux : sphères étatiques et ses opérateurs, sphère professionnelle. Une mise à l’agenda des travaux du Gouvernement de ces propositions, préparant un cadre de décision rapide, est une étape déterminante qu’encouragent les interprofessions de la filière forêt-bois».

  • Syndicat des mérandiers de France – Fédération des tonneliers de France (25 septembre) : en juin dernier, Vincent Lefort et Jean-Luc Sylvain, respectivement présidents du Syndicat des mérandiers de France et de la Fédération des tonneliers de France, avaient tenu à rencontrer Anne-Laure Cattelot pour lui présenter, en forêt de Bercé et en présence de représentants de l’ONF, leur filière et ses enjeux en termes d’approvisionnement, avec la volonté de défendre le modèle unique de gestion durable de la forêt française. Ils saluent aujourd’hui la qualité, le sérieux et la valeur de son rapport, riche de propositions, d’argumentations et d’état de la connaissance. Ils constatent par ailleurs la forte volonté d’«agir» et de «réunir les moyens de l’action» qui en ressort et approuvent les trois prérequis que sont : le retour à l’équilibre forêt/gibier, le chêne qualité merrain étant très impacté par les dégâts du gibier ; la disponibilité suffisante en matériel de reproduction forestier, qui garantirait la pérennité de leur matière première ; le développement des compétences et de l’attractivité des métiers liés au bois, la profession peinant à recruter.

    La filière méranderie/tonnellerie accueille favorablement sa proposition de doubler les moyens de la R&D, dont leurs métiers comptent parmi les parents pauvres, et de faciliter l’accès aux technologies de pointe, mais sous condition qu’ils soient financés par l’Etat. Vincent Lefort rappelle que les entreprises de la filière sont en effet déjà assujetties à la CVO, laquelle a d’ailleurs fait l’objet d’une remise en cause par la Cour des Comptes. La proposition d’assumer de mobiliser le bois issu de nos forêts gérées durablement au profit d’une valorisation nationale est très bien accueillie par la profession, s’il faut l’entendre comme la ferme volonté de stopper l’export de grumes et redévelopper l’industrie du bois sur le territoire. Informer et sensibiliser davantage le grand public, pour réconcilier la société et les usagers dans une vision partagée de la forêt et de son avenir, apparaît également comme essentiel à la filière. La proposition de planter pendant 30 ans un arbre par habitant et celle de faire expérimenter aux scolaires la classe en forêt lui semblent tout à fait pertinentes, les enfants étant les premiers prescripteurs en matière de respect de l’environnement. Qui plus est une telle immersion favoriserait la découverte des métiers forestiers. Madame la députée Cattelot préconise par ailleurs de restructurer les instances chargées de la forêt. Si, au regard des défis environnementaux, économiques, d'aménagement et sociaux, la filière méranderie/tonnellerie dit oui à un ministère dédié à la Forêt et au Bois, elle dit non à la création d’une Agence nationale des forêts qui réunirait notamment l’ONF et les forêts privées. En effet elle considère que les intérêts en jeu sont trop divergents, du mode de sylviculture appliqué aux règles de commercialisation. Elle craint en outre qu’une structure trop lourde ne complexifie les procédures et prises de décision. «En l’occurrence, et alors qu’il est très souvent reproché à l’ONF d’industrialiser la forêt à des fins économiques, il aurait été intéressant de profiter de ce rapport pour proposer de redistribuer la fonction commerciale, éventuellement à une nouvelle instance, organisme indépendant, en recentrant l’Office sur son cœur de métier, à savoir la gestion sylvicole de la forêt, dans laquelle il excelle», ajoute Vincent Lefort. A ce sujet, l’encadrement des coupes rases suggéré par le rapport apparait à la filière comme une contradiction avec la volonté de mobiliser trois fois plus de bois. Lors de la visite en forêt de Bercé en juin dernier, les présidents Lefort et Sylvain avaient d’ailleurs rappelé à la députée Cattelot que les coupes définitives de régénération ne constituent pas des coupes rases. Enfin, le rapport s’attache à faire un état de l’économie de la filière bois, en indiquant qu’elle est déficitaire. «La méranderie/tonnellerie n’y est hélas pas mentionnée, alors que, fleuron de notre industrie exportant 65% de sa production, elle est la seule activité excédentaire de la filière bois dans notre balance commerciale. Cela méritait d’être souligné», regrette Jean-Luc Sylvain.

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