Faire du secteur forestier un incontournable dans la relance économique du Québec et la lutte contre les changements climatiques, c’est l’ambition du gouvernement du Québec, qui a lancé une «Stratégie nationale de production de bois» et une «Politique d’intégration du bois dans la construction» en décembre 2020. L’annonce d’une allocation supplémentaire de 250 M$ par an au cours des cinq prochaines années pour la sylviculture dans les forêts publiques du Québec a été faite lors de ce lancement.
Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, par la voix de son ministre Pierre Dufour, a affirmé en effet que les forêts du Québec sont sous-exploitées et que la pression sur elles n’a jamais été aussi faible depuis près de 30 ans, mais aussi que le Québec doit néanmoins faire face à une baisse de la quantité et de la qualité du bois disponible dans ses forêts, une tendance qui s’est accentuée au cours des dernières décennies. Il a expliqué que l’augmentation du montant investi en sylviculture contribuera à pallier ce problème.
La «Politique d’intégration du bois dans la construction» se base notamment sur les volumes supplémentaires attendus, non encore fixés, même si les stratégies nouvellement rédigées évoquent un possible doublement de la récolte en 60 ans ! 29 Mm³ sont actuellement récoltés annuellement au Québec.
Si la «Stratégie nationale de production de bois» vise en premier la maximisation de la récolte de bois ayant les caractéristiques recherchées par les marchés en optimisant les investissements en forêt, elle insiste aussi sur l’intégration progressive des effets des changements climatiques et des mécanismes d’adaptation dans la planification forestière, le soutien à l’innovation, l’intégration des connaissances de pointe à la pratique forestière. Chaque région doit désormais élaborer sa propre stratégie régionale de production de bois qui contribuera à l’atteinte des cibles nationales.
L’acceptabilité sociale de l’exploitation forestière n’est pas acquise au Québec. Un film du chanteur et réalisateur Richard Desjardins, «L’erreur boréale», avait ému toute la population il y a 20 ans, entraînant des changements de pratiques forestières, toutefois insuffisantes et dont le bilan n’a pas été fait selon les adeptes du film et son auteur. Pendant la préparation de la «Stratégie nationale de production de bois», des voix québécoises – autochtones, chercheurs, associations – se sont élevées contre l’intensification de la mobilisation, mettant en avant la nécessité de la prudence et de la concertation, ce qu’a résumé, interrogé par Radio canada, un biologiste en conservation à la Snap Québec : «Si ça prend plusieurs années pour protéger un territoire, il devrait y avoir la même rigueur pour l’établissement de zones dédiées à la foresterie intensive». Le sous-ministre délégué chargé des forêts Alain Sénéchal estime pour sa part qu’il est possible de convaincre de l’intérêt d’utiliser le bois plutôt que d’autres matériaux pour lutter contre le changement climatique, y compris dans la construction de maisons.
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