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Quand les forêts jouaient un rôle dans l'ascension de la du Barry

Un film récent traite de Jeanne du Barry. Qui sait que devenir la maîtresse du roi Louis XV a entraîné des paiements en nature de… forêts ? Deux massif sont concernés : Bouconne, vaste forêt juste à l'ouest de Toulouse et Senonches, en Eure-et-Loir. Le comte Jean-Baptiste Dubarry (1723 à Lévignac (1) -1794, guillotiné à Toulouse) est resté célèbre pour avoir fait épouser sa maîtresse à son frère Guillaume pour la pousser dans les bras de Louis XV. Sa complaisance sans scrupules lui valut le cadeau dont parle le sieur Laporte, maître particulier des Eaux et Forêts de l'Isle-Jourdain. En 1789, il raconte cette histoire car la manœuvre sordide vient bousculer un privilège qu'il avait sur Bouconne. Laissons-lui la plume (2) :

 

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Crédit photo :
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« L'immense forêt de Bouconne de contenance au total de quatre mille quatre cents trente-cinq arpents trois quart mesure de Toulouse a fait une dépendance de cette maîtrise jusqu'au 15 juin 1772. Le roi la donna, avec le comté de L'Isle-Jourdain en contre échange de la forêt de Senonches, au comte Jean Dubarry qui, dans la suite, l'a cédée à Son Altesse royale Monsieur. Avant cet échange, les officiers de la maîtrise procédaient annuellement à l'assiette, vente et récolement de chaque coupe fixée à 120 arpents. Ils jouissaient du droit de chauffage établi par la réformation générale de MM. les commissaires du roi de // l'année 1667 (3) et par un arrêt du Conseil revêtu des lettres patentes en date du 11 avril 1672 et, postérieurement en vertu d'un arrêt du Conseil d'État du roi du 9 février 1674. Gages qui leur étaient en outre attribués par leurs provisions dont ils ont joui jusqu'à cet échange indépendamment des journées pour lesquelles ils étaient compris dans l'état du roi. Cette privation a engagé les officiers de se pourvoir au Conseil pour demander leurs indemnités et toutes les pièces sont dans les bureaux de M. de Forges (4). Il est à remarquer que cet échange n'est pas encore consommé. Les évaluations qui en ont été faites sont à la chambre des comptes de Paris pour le jugement. »

Cette page d'histoire illustre quelque peu la décomposition des mœurs de la Cour. Si les forêts du domaine royal (Bouconne en était) étaient inaliénables, il était toujours possible de les échanger. Là, l'échange fut, en fait, fictif, juste pour la façade. Dès 1775, Dubarry revendait son salaire à Monsieur, le Comte de Provence. Du coup, à la Révolution, Bouconne fut confisquée comme bien d'émigré au profit de la Nation et non pas, comme on le lit parfois, comme une forêt royale, ce qu'elle n'était plus. Quant aux officiers privés d'un avantage en nature, ils ne le recouvrèrent jamais, la Révolution supprimant les maîtrises !

(1) Commune qui porte une partie de la forêt de Bouconne. L'Isle-Jourdain en est voisine.

(2) Source : arch. dép. Lot-et-Garonne, fonds de Bastard-Saint-Denis, 161 J.

(3) Il s'agit, bien sûr, de la réformation lancée par Colbert et menée ici par Louis de Froidour.

(4) André de Bonnaire de Forges, maître des requêtes qui, à partir de 1777, eu l'administration des Eaux et Forêts.

Forêt

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