Le 12 janvier dernier, la forêt française était au centre des débats au Sénat. Cette séance, organisée en présence du ministre de l'Agriculture et de la Forêt, a notamment permis à Stéphane Le Foll de présenter ses prochaines échéances en matière de repeuplement des forêts et d'innovation dans la filière bois.
Le 12 janvier dernier, le Sénat consacrait une séance à un débat sur le thème : "La forêt française en question". Une dizaine de sénateurs ont pu interpeller le ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt sur plusieurs problématiques inhérentes à la gestion forestière et à la transformation du bois. "Est-il normal de ne pas valoriser financièrement les aménités des forêts ?", demandait le sénateur de Moselle Philippe Leroy en ouverture de séance, avant d'interpeler Stéphane Le Foll sur la question du morcellement de la forêt privée. "Apportez-vous de l'intérêt aux recherches actuelles qui visent à regrouper les tous petits propriétaires via des actions volontaires à partir d'Internet ? Le déficit de la balance commerciale de la filière bois est-il une fatalité ?". Le sénateur des Côtes-d'Armor Yannick Botrel, auteur par ailleurs l'année dernière avec Alain Houpert d'un rapport sur la filière forêt-bois, interrogeait pour sa part le ministre sur la fiscalité appliquée aux propriétés forestières privées. "Dans quelles mesures faut-il réorienter la fiscalité pour la rendre moins patrimoniale et plus incitative en matière d'investissement et d'exploitation ?".
Le chiffre : 2,6 milliards de m3 / Dans son intervention devant le Sénat, le ministre de l'Agriculture et de la Forêt a rappelé que la France, avec une surface forestière de 16,5 millions d'hectares en métropole a sur pied 2,6 milliards de m3 de bois quand l'Allemagne avec une surface forestière de 11 millions d'hectares dispose de 3,6 milliards de m3 de bois sur pied. "Pour une surface inférieure, l'Allemagne a quasiment un milliard de m3 de bois sur pied en plus, ce qui peut expliquer aussi une partie de sa capacité à mieux valoriser son bois", a indiqué Stéphane Le Foll.
En préambule, le ministre de l'Agriculture et de la Forêt a tenu à rappeler que "nous n'avons pas affaire à une forêt française, mais à des forêts françaises, auxquelles il faut trouver par grands bassins géographiques des destins et des organisations spécifiques". Puis dans son intervention, il a notamment choisi de mettre l'accent sur le développement de la plantation forestière et l'innovation pour valoriser la ressource existante. "Les enjeux de repeuplement sont des enjeux de renouvellement, d'adaptation de la forêt au réchauffement climatique", a ainsi expliqué Stéphane Le Foll. "Le Fonds stratégique, […] à hauteur de 15 millions d'euros en 2015, selon les prévisions liées en particulier à l'indemnité défrichement, pourrait atteindre environ 25 millions d'euros avec un abondement à partir des centimes forestiers et de l'indemnité sur le défrichement. Des cofinancements du Feader pourront s'y ajouter, qui peuvent être à hauteur de 40 à 50 millions. […] Avec ce fonds stratégique, qui peut être utilisé au repeuplement ou pour financer des infrastructres de collecte du bois, je propose qu'en 2016 on se fixe l'objectif de mobiliser 100 millions d'euros pour engager une stratégie de peuplement, qui se déclinerait par la mobilisation de 25 millions d'euros issus du Fonds, de 25 millions du Feader, de 25 millions du programme d’investissement d’avenir (PIA), et de 25 millions qui pourraient venir d'un financement privé. Dans le cadre du plan sur l'innovation 2025 que nous allons mettre en place sur la forêt et le bois, nous sommes en train de travailler sur des financements innovants". Après avoir rappelé l'importance qu'il souhaite accorder au soutien de l'utilisation du bois dans la construction, avec notamment en point de mire la perspective de trouver des débouchés pour l'utilisation des feuillus, le ministre de l'Agriculture et de la Forêt a indiqué que le gouvernement avait mis en place une mission sur l'innovation pour la filière forêt-bois à l'horizon 2025, sous l'égide de cinq ministères et dont les premières conclusions, qui seront présentées également au Sénat, devraient être rendues publiques d'ici le mois de mars.