Cette étude s’appuie sur deux projets de sciences participatives : le suivi des populations des oiseaux communs et xeno-canto, la sonothèque ornithologique collaborative, et concerne l’Europe et l’Amérique du Nord. « Pour chaque lieu d’échantillonnage et chaque année, une bande-son vide a été « peuplée » virtuellement par les chants des oiseaux réellement signalés par les observateurs, avec une variation aléatoire de l’intensité pour mimer les conditions réelles, et surtout un nombre d’inclusions du chant dépendantes du nombre d’individus signalés dans le comptage réel : le paysage sonore de l’échantillonnage est ainsi reconstitué », explique l’association belge Aves d’étude et protection de l’avifaune, qui a produit un décryptage** de l’étude. Quatre indices reflétant la « qualité et la richesse » sonores ont été calculés pour les enregistrements reconstitués. L’évolution de ces quatre indices, sur les deux continents, suggère que les paysages sonores sont devenus significativement plus homogènes et plus calmes depuis 1990. « Cette perte de diversité sonore ne s’est pas produite de la même manière partout, et la qualité des chœurs s’est même améliorée par exemple au nord de la Scandinavie. Malheureusement, elle s’est particulièrement dégradée dans notre partie de l’Europe. Comme on pouvait s’y attendre, il y a une forte corrélation entre les changements de la qualité du paysage sonore et l’évolution de la diversité et de l’abondance des espèces. Mais la corrélation n’est pas parfaite : la composition en espèces et sans doute les interactions vocales entre elles influencent aussi la qualité des sons produits », résume Aves.
* Morrison, C.A., Auniņš, A., Benkő, Z. et al. Bird population declines and species turnover are changing the acoustic properties of spring soundscapes. Nat Commun 12, 6217 (2021). https://doi.org/10.1038/s41467-021-26488-1