Allemagne, Scandinavie, États-Unis... : une part des ressources bois est en train d’être allouée à des bioraffineries, qui sortent de terre à une vitesse croissante, à mesure que mutent les géants industriels de la pétrochimie et du papier – la crise sanitaire ayant accéléré cette mutation. La filière bois massif doit-elle voir dans cette dernière de nouveaux débouchés pour ses connexes à court terme ou des concurrents en matière d’approvisionnement et de débouchés à long terme ? Ce dilemme explique sans doute la manque de réel débat sur l’impact de la «bioéconomie» sur la filière bois massif parmi les professionnels.
Les projets de bioraffineries fleurissent. Allemagne, fin août. UPM-Kymmene, groupe finlandais, annonçait le démarrage cette année de la construction d’une bioraffinerie à Leuna en Saxe-Anhalt, un investissement de 550 millions d’euros. Elle devrait être mise en service en 2022, et les livraisons de bois débuter fin 2021. Une consommation de l’ordre de 250.000 m3 est prévue dans la phase de démarrage qui de- vrait ensuite monter à 400.000 à 500.000 m3 dans les années suivantes. Si l’approvisionnement se fera en hêtre au départ, pourront s’y ajouter ensuite frêne, bouleau et érable sycomore. Les bois de longueurs de 3 m, 4 m et 6 m devront être écorcés, et répondre à des critères de rectitude et de qualité d’ébranchage. La bioraffinerie produira une gamme de produits biochimiques 100% à base de bois : biomonoéthylène glycol (BioMEG), charges fonctionnelles à base de lignine, bio-monopropylène glycol (BioMPG), sucres industriels. La capacité annuelle totale de la bioraffinerie sera de 220.000 tonnes. UPM-Kymmene est un groupe finlandais, par ailleurs célèbre pour BioVerno, un biocarburant à base de bois produit par hydrotraitement du tall oil brut, un résidu de la production de pâte, la bioraffinerie de Lappeenranta d’UPM-Bio- fuels étant pionnière dans sa fabrication.
Suède, fin septembre. Le plus grand raffineur de pétrole et producteur de carburants de transport de Suède, Preem AB, annonçait qu’à la lumière des «nouvelles circonstances économiques», il annulait son projet de complexe de conversion de pétrole résiduel (ROCC) dans sa raffinerie de Lysekil et le recentrait sur la production de produits renouvelables, sa priorité absolue étant désormais d’accélérer la transition dans ses deux raffineries – Lysekil et Göteborg – pour permettre la production à grande échelle de biocarburants […]
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