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Un Centre mondial de gestion des incendies a été créé

Crédit photo Al Arter
Lancé par la FAO le 18 mai 2023, un Centre mondial de gestion des incendies a été créé, qui veut notamment renforcer le contrôle sur les terres et le bâti.

La Conférence internationale sur les incendies de forêt réunit tous les quatre ans la communauté mondiale de la gestion des incendies. La 8e édition s’est tenue à Porto, au Portugal, du 16 au 19 mai 2023. À cette occasion, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a présenté le 18 mai un nouveau rapport* intitulé « Maîtriser les feux de forêt dans le contexte du changement climatique ». Les principales conclusions et recommandations de ce rapport ont servi de base à une discussion politique avec les ministres des pays et des experts internationaux de la foresterie et des incendies de forêt.

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Le document présente une évaluation globale et des perspectives sur le risque d'incendie de forêt dans le contexte du changement climatique et souligne la nécessité d'intensifier les efforts d'adaptation au changement climatique pour limiter les coûts des incendies de forêt à l'avenir. Il examine les facteurs à l'origine de l'incidence croissante des incendies de forêt extrêmes, les conséquences environnementales, sociales et économiques, et étudie l'évolution des politiques et des pratiques des pays à la lumière des changements observés et prévus en matière de risques d'incendie de forêt (voir l’encadré ci-dessous). L'analyse s'appuie sur des études de cas en Australie, au Costa Rica, en Grèce, au Portugal et aux États-Unis.

Un centre mondial de gestion des incendies

Lors de cette Conférence internationale sur les incendies de forêt 2023, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations unies pour l’environnement ont lancé un Centre mondial de gestion des incendies, par la voix du directeur général de la FAO, Qu Dongyu. Renforcer les capacités des pays à mettre en œuvre une gestion intégrée des incendies, tel est l’objectif affiché de ce centre.

Il est censé aider les pays à intensifier la gestion intégrée des incendies grâce à des conseils politiques et techniques, à la production et à l’échange de connaissances, et à des projets.

La FAO déclare avoir travaillé avec des partenaires mondiaux pour développer une approche intégrée de gestion des incendies qui aborde les questions d’incendie de manière holistique, en tenant compte des interactions biologiques, environnementales, culturelles, sociales, économiques et politiques. Elle explique que l’approche tient compte de tous les aspects des incendies, de leurs causes aux risques, en passant par l’intervention, l’état de préparation, l’intervention et le rétablissement, et qu’elle doit être intégrée dans les politiques et les stratégies de tous les secteurs et diverses parties prenantes, y compris les peuples autochtones et les communautés rurales vivant dans les forêts et à proximité.

Surveillance et contrôle, coordination et échange de connaissances, mobilisation de tous les niveaux d'administration, investissements privés : tels sont les leviers relevés par l’OCDE. À chaque fléau son organe de gouvernance mondiale : le centre pour la gestion intégrée des incendies à l’échelle globale créé par la FAO n’est pas sans rappeler le traité sur les pandémies de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En cours de révision, celui-ci entend qu’à l’avenir les États laissent les rênes à l’OMS – dont les principaux bailleurs de fonds sont privés et non exempts de conflits d’intérêts (comme la fondation Bill et Melinda Gates, principal bailleur) – en matière de pandémie, ce qui suscite une crainte de perte de souveraineté de la part de nombreux pays. Il semble que les catastrophes et la communication associée sont prétexte à toujours plus de globalisation. Reste qu’au plan monétaire, comme l’a expliqué Marc Luyckx Ghisi, philosophe et théologien, ancien conseiller de Jacques Delors au sein de la commission prospective de l’Union européenne, de 1990 à 1999, la globalisation n’est plus de mise, ce qui devrait avoir des conséquences à d'autres plans.

Rappelons qu’en France, le Sénat a adopté, en première lecture le 4 avril 2023, la proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie, avant transmission à l’Assemblée ; le texte traduit les recommandations législatives de la mission d’information sénatoriale sur le sujet (rapport d’août 2022).

 *OECD (2023), Taming Wildfires in the Context of Climate Change, OECD Publishing, Paris.

Extrait du rapport de l’OCDE « Taming Wildfires in the Context of Climate Change »

Comment les pays renforcent-ils leur résilience face au risque de feu incontrôlé et quelles leçons en tirer ?

Face à la multiplication des incendies extrêmes, les pays touchés font monter en puissance leurs capacités de préparation aux situations d’urgence et d'intervention. Ces dix à vingt dernières années, certains ont multiplié par quatre les moyens disponibles pour maîtriser les feux incontrôlés. Cela dit, les incendies extrêmes, de plus en plus nombreux, montrent les limites du possible. Certains exigent plusieurs mois d'intervention, ce qui met à rude épreuve les moyens des services d'incendie, dont la capacité à contenir les dommages se trouve limitée. Les départs de feu simultanés augmentent le risque de morts. Il importe donc que les pays intensifient en amont la réduction des risques de feux de forêt et de végétation.

Améliorer la gestion des forêts et de la végétation

Les écosystèmes sains sont plus résilients et moins vulnérables aux risques d’apparition et de propagation d'incendie. C’est pourquoi la protection et la reconstitution des forêts et des tourbières occupent désormais une place de choix dans l'action de prévention des risques de feu mise en œuvre dans de nombreux pays, tels que l’Afrique du Sud, le Costa Rica, les États-Unis et l’Indonésie. Il faut aussi redoubler d’efforts pour enrayer l’utilisation illégale et non durable des terres, notamment en matière de surveillance et de contrôle.

Il est fondamental de bien gérer l’accumulation de végétation combustible à l’interface des zones naturelles et urbaines afin d’en amoindrir la quantité en excès. Pour ce faire, on peut recourir au brûlage contrôlé, créer des zones tampon ou mettre en place des coupures de combustible. Le brûlage contrôlé est pratiqué en Australie, au Canada et aux États-Unis. Quant aux zones tampon et aux coupures de combustible, les pays sont de plus en plus nombreux à les rendre obligatoires, mais les moyens manquent pour faire exécuter et respecter cette obligation à l’échelle locale.

Adapter le bâti

Les codes et normes d’urbanisme et de construction sont essentiels pour protéger la vie, ainsi que les actifs et les activités économiques ; ils contribuent de manière décisive à limiter les risques de feu de forêt et de végétation et à en contenir les incidences. L'ampleur des retombées sociales et économiques des récents incendies extrêmes a mis en évidence les lacunes de la surveillance et du contrôle, et, par conséquent, la nécessité de venir à bout des problèmes de conformité.

La résilience de la société tout entière face aux feux de forêt et de végétation dépend du degré de vulnérabilité des ouvrages et réseaux. C’est pourquoi les pays commencent à prendre des dispositions réglementaires qui imposent aux propriétaires et exploitants d'infrastructure de se conformer à certaines règles de sécurité incendie et de se doter de plans d’urgence. Cela dit, la réglementation relative aux feux de forêt et de végétation est bien souvent en retard et les mesures prises par les acteurs des infrastructures demeurent volontaires.

Renforcer les capacités en matière de gestion des feux de forêt et de végétation

Pour comprendre l’évolution des besoins en matière de prévention des risques de feux de forêt et de végétation, il est nécessaire de mieux évaluer ces risques. Il peut être utile, à cet effet, de disposer d’informations actualisées sur les dangers, l’exposition et la vulnérabilité mais aussi de tenir compte des effets du changement climatique dans les modèles d’incendies. Cela permet en outre d'éclairer la prise de décisions en matière de prévention et de préparation.

Une meilleure prévention des risques de feux de forêt et de végétation suppose la mobilisation de tous les niveaux d'administration. Gestionnaires des forêts et des sols, exploitants d'infrastructures essentielles, organismes d'aménagement de l’espace, services météorologiques, ministères de l'Agriculture, organismes de protection civile, administrations locales et propriétaires fonciers, tous ont un rôle crucial à jouer. Il y a lieu de renforcer la coordination, la collaboration et l’échange de connaissances entre les secteurs et niveaux d'administration. L'Agence pour la gestion intégrée des incendies ruraux dont le Portugal s'est doté constitue un bon exemple de mécanisme de gouvernance à mettre en place.

La prévention des risques de feux de forêt et de végétation requiert aussi un financement suffisant. Si la nécessité d'investir dans ce domaine est largement admise dans les pays, la hausse des dotations profite surtout à la préparation aux situations d'urgence et aux moyens d’intervention. Il est impératif d'assurer un financement stable et suffisant de la prévention des feux de forêt et de végétation, ainsi qu'à la participation d’investissements privés.

Gestion forestière

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