Les faits marquants observés par l’IGN à partir des cinq dernières campagnes de l’IFN sont les suivants :
• Une accélération constatée de la mortalité des arbres d’une décennie à l’autre
Le flux annuel de la mortalité équivaut désormais à 0,5 % du volume de bois vivant, selon l’organisme public. L’accélération de la mortalité des arbres est évaluée par l’IGN en comparant les moyennes annuelles de la période 2005-2013 (7,4 Mm³/an) et celles de la période 2013-2021 (13,1 Mm³) : entre ces deux décennies, +80 % de mortalité moyenne annuelle donc, sachant que la deuxième période inclut trois été très secs.
Concernant le dépérissement, l’IGN affirme que la surface forestière touchée actuellement est équivalente au cumul des surfaces touchées par les incendies de ces 35 dernières années.
• Un ralentissement de la croissance des arbres
L’IGN a observé un ralentissement global de la croissance des arbres: de 91,5 Mm³/an en 2005-2013 à 87,8 Mm³/an en 2013-2021, soit une baisse de 4 % d’une décennie à l’autre.
Le Laboratoire de l’inventaire forestier (LIF) de l'IGN a fait une recherche, close en juin 2023, sur les tendances de croissance de 12 essences d'arbres dans des peuplements purs (où une même essence couvre 75 % du peuplement). Les essences les plus touchées par des baisses de croissance sont les conifères, notamment l’épicéa commun, essences ayant été largement implantées en plaine dans des contextes fertiles et chauds qui font actuellement face à un réchauffement et une baisse de la pluviométrie plus marqués.
L’étude sur les anomalies de croissance montre des baisses de croissance des arbres, y compris dans des lieux où les ressources en eau pour les arbres sont censées être les plus élevées, cela s’expliquant pour l’IGN par des baisses plus fortes de précipitations.
• Une hausse de la surface forestière et du stock de bois vivant : +21 % et +50 % en trente ans
La forêt en France métropolitaine couvre aujourd’hui 17,3 millions d’hectares, soit 31 % du territoire (en 1908, elle en couvrait 19 %). C’est l’occupation du sol la plus importante après l’agriculture qui couvre plus de la moitié de la France métropolitaine. Elle a augmenté de 21 % sur les trois dernières décennies.
De la même façon, le stock de bois des arbres vivants a connu une très forte progression, passant de 1,8 milliard de mètres cubes en 1985 à 2,8 milliards de mètres cubes aujourd’hui, soit une croissance de plus de 50 % en une trentaine d’années.
En trois décennies, le stock de bois vivant est passé de 137 m³ à 173 m³ par hectare en moyenne. Durant la même période, le nombre de tiges à l’hectare a légèrement diminué, les arbres étant plus gros et/ou plus grands (le volume unitaire moyen d’un arbre est passé de 0,19 m³ à 0,25 m³).
Sur ces trois décennies, seuls deux départements, la Gironde et les Landes, fortement touchés par les tempêtes de 1999 et 2009, ont une dynamique inverse : ils ont vu leur volume sur pied diminuer.
• Un ralentissement du puits de carbone des forêts françaises
Les arbres forestiers vivants (branches et racines comprises) représentent un stock de 1,3 milliard de tonnes de carbone (représentant 45 % du réservoir de carbone de l'écosystème forestier (estimé à 2,8 milliards de tonnes de carbone), qui comprend aussi les arbres morts (4 %), la litière (5 %) et la matière organique contenue dans les 30 premiers cm du sol (46 %)). Ce stock a crû de 17 % entre les périodes 2005-2009 et 2018-2022. Ainsi, chaque hectare de forêt en France constitue en moyenne un stock de 81 tonnes de carbone contre 73 sur la période 2005-2009.
Bien que le stock de carbone continue à augmenter, les résultats de l’IFN montrent depuis quelques années un ralentissement notable de la dynamique du puits de carbone. Ainsi, le puits s'est établi à 40 millions de tonnes de CO2 par an en moyenne sur la période 2013-2021, diminuant d'un tiers en une décennie.
En fait, le puits de carbone n’est que le reflet du bilan du flux de bois en forêt, qui correspond à la production biologique à laquelle on soustrait les prélèvements et la mortalité. En France métropolitaine, le bilan des flux de bois est en moyenne de + 23,3 Mm³/an sur la période 2013-2021, avec une incertitude statistique de l’ordre de 3,0 Mm³. Il se répartit en + 19,4 Mm³/an pour les feuillus et + 3,9 Mm³/an pour les conifères, indique l’IGN.
Crédit photo : IGN
L’épicéa commun présente actuellement un bilan des flux négatif (- 3,8 ± 1,6 Mm³/an ; contre + 2,1 ± 1,2 Mm³/an sur la période 2005-2013).
Le bilan moyen des flux est de + 1,4 m³/ha/an sur l’ensemble de la métropole. Les régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est, fortement touchées par la crise sanitaire des scolytes de l’épicéa, ont un bilan régional moyen par hectare nettement inférieur à la moyenne nationale, proche de zéro.
Sur la période 2013-2021, le bilan des flux de bois (+ 23,3 Mm³/an), lissé sur les neuf dernières années, est donc en net recul (- 45 %) par rapport à la période 2005-2013 (il était de + 41,7 Mm³/an).
Cette réduction est liée selon l’IGN (qui note que seules les évolutions de la mortalité et de la production biologique sont statistiquement significatives) à une mortalité en hausse, des prélèvements en progression et une production biologique en baisse.
L’IGN fait part également de ses observations sur les coupes de bois. Sur la période 2013-2022, chaque année, 3 à 4 % de la surface de forêt de production fait l’objet d’une coupe qui peut aller d’un seul arbre à la totalité du couvert. Cela représente en moyenne 600 000 hectares par an de forêt de production. Les coupes fortes, d’au moins 50 % du couvert, concernent en moyenne 85 000 ha par an, soit 0,5 % de la forêt de production. Le pin maritime (24 000 ha/an), les chênes pédonculé et sessile (11 000 ha/an) sont les essences principalement concernées par ces coupes fortes.
Le memento 2023 de l’IGN fournit une sythèse de chiffres organisée en trois volets : surface forestière, ressource en bois, écosystèmes forestiers.