Pour les épicéas, les prix après la crise du scolyte se sont affirmés avec une hausse pour les bois frais, de plus de 40 % selon les régions, partant toutefois d’un niveau fort bas. C’est maintenant au tour du sapin pectiné de marquer le pas avec la baisse de qualité des bois offerts à la suite de la vague en cours de dépérissement.
Le douglas, fortement déprécié en raison de soucis de débouchés industriels, connaît selon les régions, une revalorisation, encore timide. Toutefois le marché se maintient, sans effondrement, ce qui est une donnée encourageante.
Le mélèze de montagne est fortement demandé en remplacement en particulier du mélèze de Sibérie, bois d’extérieur par excellence, qui ne peut plus être importé de Russie.
La présence en forte augmentation de bois en état sanitaire préoccupant ne manque pas de se répercuter sur les prix de vente, dès lors qu’ils représentent un volume non négligeable, surtout en bois présentant des piqûres et galeries d’insectes, limitant grandement les usages industriels. Ces bois à très faible valeur commerciale, si tant est qu’elle existe, représentent une charge pour l’exploitant qui, pour des raisons de sécurité devra les couper, sans commercialisation. La coupe de bois dépérissant est, pour le propriétaire, un impératif de responsabilité que ne couvrent pas les assurances « responsabilité civile » si l’arbre est réputé malsain. La biodiversité ne doit pas générer des risques d’accidents. L’espace n’est nullement du même ordre de grandeur…
Baisse dans le secteur de la construction
Par ailleurs, la situation économique actuelle se répercute brutalement sur la demande de produits bois manufacturés, particulièrement en agencement. La baisse est notable dans le secteur de la construction, baisse de 15 % en un an pour le logement neuf. L’activité est toutefois bien présente dans le domaine des extensions et surélévations, en hausse de 10 % environ sur un an.
Selon l’ONF, les ventes de bois sont favorables en 2023 en raison de l’intensification des contrats d’approvisionnement, qui représentent plus de 40 % des bois commercialisés en forêt publique.
Les merrandiers ne sont guère impliqués dans ce type de contrats. Ils considèrent qu’une partie de la ressource disponible leur échappe, au profit des scieurs. Un certain équilibre dans cette répartition devra être recherché. S’il y a une commercialisation différentiée, une partie conséquente de la marge industrielle sera réduite pour les scieurs. La tonnellerie française fournit autour de 685 0000 fûts annuellement, hors grands contenants type foudre, avec une croissance de 20%, et une situation de leader avec 33 % du volume mondial, contre 29 % pour les États Unis, 7 % pour l’Italie et de même pour l’Espagne. L’Australie représente 5% de la production mondiale.
La filière bois possède ainsi un secteur dynamique dont a largement profité la filière forestière, avec une répercussion sur les prix des chênes notamment sur pied assurant une sérieuse revalorisation des prix, donc des ventes de bois. Diverses coupes comportant des qualités merrains se sont vendues à l’ONF à plus de 1000 €/m3 sur pied, tout du long, pour des gros bois.
Les autres secteurs industriels, palettes et panneaux, sont liés aux activités économiques qui marquent le pas. On note une baisse de production pour les pâtes et papiers, avec un marché plus mondialisé.
Le bois énergie est, de plus en plus, en forte demande, d’autant plus que la Directive européenne sur les énergies renouvelables dite RED III permet de réintégrer le bois énergie dans la catégorie des énergies renouvelables. Le bon sens l’a emporté.
Des tendances imprévisibles
Les tendances pour les différentes essences peut s’apprécier en ce début d’automne, comme suit.
Chêne – baisse de la demande pour les choix courants, charpente, parquet, frise. Demande soutenue pour les bons choix et belles qualités. La demande européenne est bien présente. Le grand export (Asie) marque le pas avec la réduction de la demande intérieure en particulier en Chine. D’autres destinations se renforcent (Inde).
Hêtre – demande ferme pour les bois blancs, avec une revalorisation de 15/20 %. Les choix secondaires sont souvent destinés au bois énergie.
Le frêne blanc est toujours demandé au grand export.
Les feuillus dits divers trouvent des débouchés sur des marchés souvent de niches, pouvant conduire à des prix conséquents, en particulier pour les charmes et les érables.
Les peupliers sont l’objet d’une demande soutenue pour les bois blancs, bien élagués, avec des prix compris, selon cultivar, entre 60 et 100 €/m3 sur pied.
Pour les résineux, la situation est plus irrégulière après ces crises sanitaires qui se poursuivent à des degrés moindres. Une régionalisation des prix des résineux s’observe selon le tissu industriel présent (Grand Est, Massif Central/Limousin).
Les prix des bois façonnés se revalorisent. Le bois énergie, sous différentes formes (bois bûche, plaquettes forestières et granulés) continue à être recherché. Les scieries utilisent leur produits connexes obtenus également en travaillant des petits bois.
La période est plus imprévisible, avec les adaptations de consommation liées aux conditions économiques plus incertaines.
Retrouvez le tableau des cours des bois sur pied, en cliquant ici.