Pour la première fois depuis plus de vingt ans, en 2023, il n’y aura pas de baisse d’effectifs à l’Office national des forêts, une décision qui, selon Marc Fesneau, reflète une «prise de conscience de la nécessité de stopper l'hémorragie» (1), des termes pas trop forts quand on sait que les effectifs de l’Office sont passés depuis 2000 de 13 000 à 8 200 employés à temps plein (ETP) et qu’il était encore prévu dans le contrat d'objectifs État-ONF pour la période 2021-2025 la suppression de 475 postes, soit 95 ETP par an jusqu'en 2025.
Il aura malheureusement fallu les incendies d’une ampleur exceptionnelle de cet été pour que le Gouvernement reconnaisse la fonction essentielle des équipes de l'ONF dans la préservation des forêts et comprenne la nécessité de protéger ces espaces pour maintenir leur rôle de « puits de carbone » dont on a constaté qu’il était en baisse suite aux dépérissements liés au changement climatique. 60 ETP seront affectés à la « DFCI » (défense des forêts contre l’incendie), et 20 à l’adaptation des forêts publiques au changement climatique (2), grâce à un apport global de 20 millions d’euros par l’État en sus du versement compensateur des frais de gestion des forêts communales. Rien de trop pour l’Office, dont le budget s’est équilibré pour la première fois en 2022, grâce à l’augmentation des prix des bois dont il n’est pas sûr qu’elle perdure… Quant à la forêt privée, concernée par 90 % des incendies cet été, et qui contribue aussi au stockage du carbone, elle a obtenu la création de 11 ETP, à charge du CNPF de leur trouver des financements…
(1) Propos tenus lors de la discussion du budget de l’État au Sénat en décembre 2022.
(2) Qui s’ajouteront aux 15 ETP engagés dès l’an dernier pour développer la contractualisation des ventes de bois. On retrouve donc la non-suppression de 95 ETP (mais pas une création nette d’emploi), l’effectif global restant stable. Les nouvelles missions seront assurées par une réaffectation des charges des agents.