En août, le Département santé des forêts a publié un bilan à mi-2023 concernant l’épisode de pullulation des scolytes de l’épicéa (qui a débuté en 2018). Après le répit de 2021 (absence de sécheresse), 2022 a été marquée par une sécheresse qui a induit un important stress hydrique pour les arbres et une période chaude qui a été favorable aux scolytes. « Le niveau de dégâts observé sur les résineux au premier semestre 2023 résulte directement de ce passé récent », rappelle le DSF.
Concernant les épicéas, le rebond épidémique au niveau global a été masqué toutefois pour une triste raison que formule le DSF : « Les surfaces restantes de pessières sous 600 mètres d’altitude ont fortement diminué depuis le début de la crise en 2018, particulièrement dans le Nord-Est ». Cependant, le rebond sur épicéa s’est concentré au niveau local dans certains massifs montagneux : arc jurassien, Morvan, Ardennes, Ain, nord des Alpes et piémont pyrénéen, des Hautes Pyrénées à l’Ariège notamment.
Concernant le sapin, ce sont tous les massifs où il est bien représenté qui sont touchés par le phénomène de dépérissement (avec ou sans mortalité d’arbres), excepté une partie des Pyrénées et le Limousin. « 2021 n'a pas été une année de répit climatique dans la zone méditerranéenne avec des sécheresses marquées notamment au deuxième semestre. Cela a conduit à une reprise du dépérissement dès le printemps 2022 sur les Préalpes du sud, notamment le mont Ventoux mais aussi sur le plateau de Sault. Ce dépérissement s'est amplifié au cours de l'année 2022 conduisant à une situation de crise pour le sapin de l'Aude. Une perte foliaire progressive généralisée de tous les peuplements conduit à une perte de l'ambiance forestière telle qu'elle existait il y a encore dix ans », précise le DSF.
Ainsi, les mortalités de sapins progressent, « avec une acuité variable », selon les observations du DSF : elles sont fortes dans le massif du Jura ‒ y compris dans le département de l’Ain ‒ et le Massif central, modérées dans le massif des Vosges excepté localement (massif de Masevaux par exemple), et se manifestent par des rougissements du houppier. « À la différence du typographe de l’épicéa, aucune des quatre espèces qui s’attaquent au sapin (Pityokteines curvidens, P. spinidens, P. vorontzowi, et une espèce de pissode) n’attaque des sapins sains : leur comportement est toujours secondaire, même lorsque leur population atteint des niveaux importants. »
Le DSF a mis au point un indicateur (utilisation des données de martelage de l’ONF et extrapolation pour la forêt privée) lui permettant d’estimer que de septembre 2018 à début juillet 2023, le volume d’épicéa scolyté est voisin de 22 Mm3 pour la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand-Est et Auvergne-Rhône Alpes. Pour ces mêmes régions, il avoisine les 15 Mm3 pour le sapin. Les volumes de sapins scolytés sont même devenus plus importants que les volumes d’épicéa en Bourgogne-Franche-Comté depuis deux ans, tout en restant tout de même bien en deçà des volumes constatés au pic de la crise épicéa, précise le DSF.
Localement, lorsque les populations de scolytes sont fortes et que la sécheresse persiste, des mortalités de sapins et d’épicéas vont se poursuivre et ne pourront être quantifiées dans leur intégralité que d’ici le printemps 2024, conclut le DSF.