La certification, telle que FSC ou PEFC-PAFC, a été à l’honneur lors de l’évènement qui a donné la parole à des producteurs et transformateurs engagés dans la valorisation d’une matière première « encore trop méconnue de tous », d’après les organisateurs. À l’initiative du forum, il y avait en effet Fair&Precious, marque collective pour promouvoir les bois tropicaux issus d'une gestion durable, éthique et légale, respecter les normes environnementales les plus strictes, développer une économie plus humaine, protectrice de l’homme et de la nature… Au plan concret, la marque, qui recommande donc les labels de certification forestière FSC et PEFC-PAFC, agit pour valoriser les ressources forestières du bassin du Congo et pour promouvoir auprès des publics cibles les bonnes pratiques au sein de la filière bois tropical et surtout l’achat de bois tropical certifié. Elle s’appuie sur les certifications et les réglementations internationales de gestion forestière, pour orienter les acheteurs vers les entreprises de la filière des bois tropicaux engagées dans une démarche de développement durable et de préservation des ressources forestières. Elle a été développée il y a quelques années par l’ATIBT.
Rappelons que l’ATIBT, qui fête ses 70 ans, a été fondée en 1951, à la demande de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Au service de la filière « bois tropicaux », de la forêt jusqu’au consommateur final, l’association joue un rôle moteur dans la mise en œuvre de projets internationaux dédiés à la gestion durable et responsable des forêts tropicales. Elle se positionne aussi comme référent technique et scientifique de la ressource bois tropical. Entre 2016 et 2019, l’ATIBT a connu une augmentation de près de 50 % du nombre de ses adhérents, portant son effectif à plus de 130. Aux côtés d’acteurs de la filière « bois tropicaux africains », l’ATIBT rassemble des états (république du Congo, république de Côte d’Ivoire, République centrafricaine), d’autres associations professionnelles africaines (Gabon, Côte d’Ivoire, Cameroun, RDC) et européennes, des centres de recherche, des bureaux d’études, des ONG (à l’image de WWF et la Fondation Prince Albert II) et de grandes entreprises.
Avec un cycle de conférences complet portant sur des thématiques marchés et techniques, avec des orateurs provenant de différents horizons, le forum a donc permis de rappeler, outre l’importance du bois tropical en tant que bois exceptionnel, celle de la gestion durable des forêts. « Le bois tropical certifié, c’est bien plus que du bois », a exprimé Benoît Jobbé-Duval, directeur général de l’ATIBT. « Apporter de la visibilité autour de ce bois et ses atouts, c’est notre mission au quotidien et il est de notre ressort de continuer à rappeler à tous les acteurs de la filière bois et au grand public, que ce bois continue de courir un grand danger. La destruction des forêts tropicales, nous menace tous, car celles-ci sont indispensables à la stabilité du climat mondial. » « Notre rôle est de continuer de valoriser les certifications FSC ou PEFC-PAFC, seul moyen pour contribuer à protéger ce bois précieux. »
La voix des femmes
Pour la première fois au Carrefour international du bois, indique l’ATIBT, quatre femmes représentant des organisations internationales spécialisées sur les questions du bois tropical se sont regroupées pour former une seule voix afin d’encourager la gestion durable des forêts tropicales.
Rosalie Matondo, ministre de l'Économie forestière du Congo, Sheam Satkuru, directrice exécutive de l'Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), Thaïs Linhares-Juvenal, chef d'équipe Gouvernance et économie forestières pour l’Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et Françoise Van de Ven, Présidente de l’Association technique internationale du bois tropical (ATIBT) sont revenues sur la coopération étroite entretenue leurs organisations. La nouvelle campagne « bois durable » menée par la FAO, l'adaptation à la décision de Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac), le marché local du bois durable, ainsi que la question des résidus de bois ont été, entre autres, des questions abordées. De même que l’importance des femmes dans la filière bois, domaine jusque-là plutôt masculin.
« En dépit de ces aspects positifs, la production et la consommation de bois tropical représentent encore une faible place dans les priorités de l’action internationale pour le développement, en particulier en raison de la persistance de pratiques non durables. En promouvant une gestion durable des forêts, notre objectif à toutes les quatre est similaire, il consiste à se réunir, en tant que femmes, pour changer les mentalités, encourager une attitude plus positive et responsable, afin de développer et renforcer les chaînes de valeur du bois tropical certifié », a déclaré Françoise Van de Ven, présidente de l’ATIBT.
Françoise Van de Ven, pour rappel, a été élue le 28 janvier 2022 présidente de l’ATIBT pour deux ans. À l’âge de 64 ans, elle connaît bien l’association et les enjeux de la filière puisqu’elle a consacré l’essentiel de sa vie professionnelle à la filière bois tropical, en Belgique, dans le secteur privé, en République démocratique du Congo, toujours dans le secteur privé et en tant que secrétaire générale de la Fédération des industriels du bois (FIB), et au Gabon, où elle a assumé le rôle de déléguée générale de l’Union des forestiers et industriels du bois (Ufiga) du Gabon.
« Aujourd’hui la certification est connue mais on ne paie pas le juste prix pour ce bois car il y a une réelle concurrence déloyale des exploitations illégales qui ne respectent pas les règles et mettent à mal l’environnement et la société » a déclaré la nouvelle présidente lors de la conférence de presse organisée le 15 mars 2022 par l’ATIBT, intitulée « La gestion durable des forêts, une solution contre la déforestation ? », basée sur l’exemple du bassin du Congo*.
« 300 millions d’hectares de forêts ne peuvent pas être sous surveillance au quotidien ! Et sur 51 millions d’hectares de forêt de production, seulement 10 % sont certifiés aujourd’hui. C’est en progrès mais beaucoup de travail reste à faire. Avec nos partenaires comme KfW, PPECF, et d’autres qui encadrent les acteurs vers la certification, nous espérons doubler les surfaces certifiées au bassin du Congo mais aussi de manière plus étendue car la question de la certification du bois tropical se pose aussi bien au Liberia, en Sierra Leone… », a-t-elle précisé.
« Grâce à la gestion durable des forêts, nous pouvons constater un vrai progrès. Nous pouvons compter désormais 95 000 éléphants versus 60 000 il y a quelques années et la majorité de ces mammifères se trouvent dans des concessions forestières ! Sur le plan économique, notre ambition est de continuer à valoriser l’initiative Fair&Precious car grâce à cela, nous continuons de préserver les forêts tropicales pour les générations futures, tout en créant de l’emploi en local et en dynamisant la faune et la flore et en stockant du carbone », a-t-elle conclu.
* La forêt tropicale du Bassin du Congo représente 300 millions d’hectares de forêts denses (soit environ 3/4 de la surface de l’Union Européenne), 25 % du stockage de CO2 terrestre tropical, 10 millions d’hectares de surfaces certifiées (garanties zéro déforestation), plus de 10 000 espèces de plantes, 400 essences de bois et plus de 1 400 espèces d’animaux dont les mammifères emblématiques (grands singes, éléphants, buffles).