L’ONF a créé un observatoire des chênaies sur la zone du Val de Loire. Le projet s'étend sur l'ensemble des forêts publiques du bassin ligérien, soit environ 200 000 hectares répartis sur 5 régions administratives, avec un focus particulier sur les chênaies qui représentent plus de 130 000 hectares. Concrètement, des images 3D de la surface du sol et de la couverture forestière obtenues avec le Lidar (instrument de mesure placé sous un avion qui envoie des impulsions laser à haute fréquence au sol) sont couplées avec des mesures de terrain prises par les agents de l'ONF sur de petites surfaces appelées "placettes de calibration".1 680 placettes de référence terrain (placette de calibration) de 15 m de rayon, dont 950 en chênaies, ont été implantées sur ce secteur selon un échantillonnage élaboré avec le pôle recherche et développement de l'ONF. Ces deux types de données, images Lidar et mesures au sol, sont ensuite analysées pour réaliser des modélisations de la forêt, sous forme de cartes numériques. Les premiers résultats obtenus sur plus de 10 000 arbres ont été présentés le 5 mai en forêt domaniale de Vouillé.
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Une première phase de trois ans
« Les chênaies du Val de Loire commencent à subir les effets du changement climatique. La gestion séculaire pratiquée doit évoluer en intégrant de nouvelles données : le décalage des saisons, des sécheresses à répétition et leurs conséquences sur la disponibilité en eau et donc l'accroissement des chênes », indique l’ONF. « Ce défi à relever nécessitait de lancer une opération de collecte de données jamais réalisée à l'échelle du bassin ligérien. […] La campagne de relevé avec laser aéroporté (Lidar) est la plus grande opération d'inventaire jamais réalisée sur le bassin ligérien. Objectif : disposer d'un état zéro de la ressource chênes avec une description quasi exhaustive en volume, diamètre des arbres ou encore hauteur. La première phase du projet se déroulera sur trois ans entre le lancement des inventaires, les acquisitions Lidar et le traitement des données. Des campagnes régulières d'inventaires réalisées tous les 8 à 10 ans permettront également de suivre l'évolution des chênes et la mise à jour des référentiels techniques pour une gestion plus fine des peuplements. »
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Mieux comprendre le phénomène de dépérissement
L’établissement public souligne que les travaux conduits dans le cadre de cet observatoire s'inscrivent sur le long terme, mais qu’il disposera dès 2024 d'un inventaire « très fin » (sic) de la ressource.
« Comme toujours en sylviculture, il s'agit d'observer la nature et de l'accompagner pour qu'elle donne le meilleur d'elle-même. Ici le forestier va bénéficier pour la première fois de son histoire d'une vision non plus fragmentée dans le temps et l'espace, mais d'une description fine des 130 000 ha de la chênaie publique du bassin ligérien avec une campagne de mesure étalée sur seulement deux ans : une véritable révolution », précise Aurore Calas, chargée de recherche et développement à l'ONF.
« La croissance des arbres est un bon indicateur pour déterminer leur état de santé », poursuit la DT Centre-Ouest-Aquitaine de l’établissement public. « En parallèle, un travail sur la détermination de l’état sanitaire des arbres suivant l’état du houppier sera testé : si un modèle fiable peut être mis en place, cela permettra peut-être de mieux comprendre quels facteurs aggraves le dépérissement ou sa vitesse : est-ce seulement les arbres âgés qui dépérissent ? ou les arbres sur des sols trop pauvres, qu’ont-ils en commun ? Ces premières analyses permettront de cibler des enquêtes plus poussées sur le terrain. Aujourd’hui ce savoir du forestier est bousculé par le changement climatique : il y a plusieurs pistes d’action dont la diversification des essences, mais aussi des interventions dont l’intensité doit être réévaluée. Cet observatoire va permettre d’objectiver ces pistes de réflexions. »
Une vaste mobilisation scientifique
L’ONF précise que son projet s’inscrit dans le cadre d’une vaste mobilisation scientifique. « La télédétection est une technique d'acquisition à distance d'informations sur la surface terrestre. Elle est amenée à jouer un rôle important dans la surveillance sanitaire des peuplements. Les premières études ont montré que la télédétection permettait de bien identifier les peuplements sains et les plus touchés mais peinait à prédire correctement les taux d'attaques intermédiaires. […] Les études s'orientent aujourd'hui vers l'identification des métriques les plus pertinentes ou l'utilisation de l'intelligence artificielle dont l'intérêt n'est plus à démontrer pour l'exploitation des séries temporelles d'images. Les attentes des forestiers sont grandes et le pari scientifique et technique est en passe d'être gagné. Les données sanitaires collectées dans le cadre de l'observatoire des chênaies du Val de Loire seront partagées avec les programmes scientifiques notamment le programme Réconfort dans le cadre du projet de recherche Sycomore. »
L’Observatoire des chênaies du Val de Loire de l’ONF bénéficie du soutien de l'État dans le cadre du programme France Relance, de la fondation Jean Poupelain via le Fonds de dotation ONF-Agir pour la forêt et d’une synergie d’actions mises en place entre l'ONF et les forestiers privés de la coopérative Unisylva.