Pour définir ce qu'est un peuplement dépérissant, il faut d'une part définir ce qu'est un arbre dépérissant (seuil individuel de l'arbre), d'autre part fixer combien d'arbres doivent être dans cette situation pour que le peuplement soit considéré comme dépérissant (seuil de peuplement). C'est ce sur quoi le DSF et l'IGN se sont mis d'accord.
Deux seuils ont été considérés pertinents pour qualifier l'arbre comme dépérissant : au moins 25 % ou au moins 50 % des branches hautes de l'arbre sont mortes. Pour les peuplements, plusieurs seuils sont calculables, mais deux situations ont été retenues comme pertinentes pour qualifier le peuplement de dépérissant : au moins 20 % ou au moins 40 % des arbres du peuplement sont dépérissants.
Finalement, pour caractériser une « surface forestière dépérissante », l'IGN et le DSF ont retenu la définition suivante : « Au moins 20 % des arbres du peuplement présentent au moins 50 % de branches mortes ».
Chaque année, environ 70 000 arbres sont inventoriés par l'IGN (vivants ou morts) et environ 30 000 arbres vivants font l'objet d'un recueil d'informations sur l'état sanitaire de leur houppier à partir de la méthode Deperis développée par le DSF. Ce recueil de la donnée de mortalité de branches ne s'effectue que pour des arbres vivants et dominants, d'un diamètre d'au moins 22,5 cm à 1,30 m, ayant accès à la lumière (taux de couvert libre supérieur à 2/3) et non accidentés.
Les inventaires et la nouvelle méthodologie définie ont permis d'estimer qu'à l'échelle nationale, la surface forestière dépérissante observée sur la période de 2018 à 2022 est d'au moins 670 000 ha. La spatialisation de cette situation permet de faire ressortir des zones plus impactées : le vaste quart nord-est. Par ailleurs, la valeur de 670 000 ha dépérissants est une moyenne de cinq années. L'évolution temporelle est particulièrement nette : en seulement quelques années, la superficie dépérissante est passée d'environ 300 000 ha à 1 million d'hectares.
Si le seuil de caractérisation d'un arbre comme dépérissant avait été retenu à 25 % au moins de branches mortes, la superficie dite dépérissante serait de plus d'un million d'hectares.
De nombreuses essences majeures montrent des signes de dépérissement : hêtre, frêne, châtaignier et dans une moindre mesure chênes chez les feuillus d'une part, épicéa, sapin voire localement douglas et pin sylvestre chez les résineux d'autre part, rappellent le DSF et l'IGN.
Nathalie Derrière, de l'IGN, et François-Xavier Saintonge, du DSF, qui ont expliqué à l'attention des partenaires la méthode d'estimation des dépérissements mise au point par leurs deux organismes, ont tenu à faire deux remarques.
D'une part, la récolte des arbres dépérissants est très variable, elle dépend de l'essence et de la valeur économique du bois, de l'accessibilité des parcelles, du type de propriété... La gestion impacte l'image de la santé de la forêt en améliorant son aspect général après les coupes sanitaires. Les coupes représentent ainsi un biais dans l'estimation de l'état sanitaire, d'autant qu'il n'est pas possible de distinguer les arbres prélevés pour raison sanitaire des arbres prélevés pour raison sylvicole (un arbre mort coupé est comptabilisé comme prélevé).
D'autre part, une surface est qualifiée de dépérissante dès lors que plus de 20 % des tiges sont dépérissantes (≥ 50 % de branches mortes) ou mortes. Mais la traduction en termes de gestion n'est pas univoque. En effet le renouvellement de toutes ces surfaces ne s'impose pas : un dépérissement diffus ne remet pas en question la pérennité du peuplement à moyen terme, un dépérissement modéré ne nécessite pas toujours un renouvellement en plein.