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Feux de forêt : la prévention plébiscitée

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Le feu dévore d’innombrables forêts du monde et même des quartiers résidentiels de Californie. Sur la côte Ouest des États-Unis, ce sont environ deux millions d’hectares qui seraient partis en fumée. Ce désastre qui a provoqué plus d’une vingtaine de morts donne des frissons aux téléspectateurs du monde entier et s’invite dans la campagne électorale des États-Unis : feux climatiques ?

En France, il n’y a pas eu a priori récemment d’augmentation des surfaces brûlées alors que la sécheresse et la canicule ont sévi depuis trois années. Alimentée par les services qui concourent à la prévention et la lutte (SDIS, DDT(M), ONF, gendarmerie, police), Prométhée est la base de données officielle créée par L’État pour recenser les incendies de forêts dans la zone méditerranéenne française (15 départements), la plus sensible. D’après cette base de données, 904 incendies ont déjà atteint la zone couverte entre le 1er janvier et le 1er septembre 2020, représentant une surface totale des feux de forêt de 7.061,51 ha (70,62 km²). Pour l’année 2019, 1.725 incendies avaient été recensés, ayant atteint une surface de 8.433,87 ha (84,34 km2). Pour l’année 2018, 1.037 pour une surface de 3.065,87 ha (30,66 km²). Pour l’année 2017, 2.321 pour une surface de 19.691,94 ha (196,92 km²). Pour l’année 2016, 1.878 pour une surface de 12.139,50 ha (121,40 km²). Au premier regard, et sans aucune analyse de facteurs annuels, ces chiffres n’indiquent pas une progression des feux pour les trois années de sécheresse qui nous venons de connaître.

Il est vrai que les campagnes de prévention ont été amplifiées (alors même que les images provenant du monde entier font peur). Pour la 3e année consécutive, le ministère de la Transition écologique et solidaire, en lien avec le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, a renouvelé, du 19 juin au 18 août 2020, la campagne de prévention contre les feux de forêt. Cette campagne de prévention et de sensibilisation diffusée sur l’ensemble du territoire a rappelé que neuf feux de forêt sur dix sont d’origine humaine, qu’un sur deux est lié à une imprudence, que 80% des incendies sont déclenchés à moins de 50 mètres des habitations. Elle a promu un comportement responsable. Un mégot de cigarette jeté, un barbecue, des combustibles stockés trop près des habitations, des outils sources d’étincelles manipulés près d’espaces naturels : ces gestes en apparence anodins peuvent provoquer des départs de feux de végétation, en forêt ou près de zones naturelles comme les champs ou les friches. Si ces gestes de prévention s’appliquent essentiellement en été, période à fort risque, la prévention des incendies doit se faire tout au long de l’année, avec notamment : le débroussaillage de son habitation : un terrain débroussaillé permet au feu de passer sans provoquer de grands dommages et facilite le travail des sapeurs-pompiers ; la préparation de sa maison : la conception d’un bâtiment, de par ses aménagements et son entretien, permet de le rendre moins vulnérable à l’incendie (avec des matériaux durables et étanches, le nettoyage des toitures et gouttières, l’éloignement – au moins dix mètres – des matériaux dangereux et inflammables).

Le livre paru en juin aux éditions l’Harmattan, «Échec aux feux de forêt - Étude sur la défense des forêts contre l’incendie (DFCI)», de Christian Pinaudeau, qui a exercé pendant 40 ans des fonctions dans les milieux forestiers (en particulier dans le cadre de la protection et de la gestion de la grande forêt de Gascogne au sein du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest / Maison de la Forêt à Bordeaux), est un plaidoyer pour la prévention. Il démontre que la multiplication des moyens de lutte contre les feux de forêt est plus coûteuse et moins efficace qu’une politique de prévention. «Chaque été, les feux des forêts méditerranéennes deviennent un sujet politique et médiatique. Mais c’est oublier que le feu de forêt n’est pas une fatalité. Les solutions sont connues pour limiter et réduire les risques : adapter une gestion sylvicole à chaque massif et adopter une politique de prévention systématique organisant la Défense des forêts contre l’incendie (DFCI). Dans le Sud-Ouest, 30 ans de conflit, 11 années de contentieux ont été nécessaires pour que la DFCI soit reconnue comme la seule politique efficiente. Dans la forêt de Gascogne les résultats sont là.»

Si la prévention fait son œuvre, il se pourrait qu’elle doive s’amplifier. Selon le ministère de la Transition écologique et solidaire, avec les effets du changement climatique, le risque d’incendie pourrait s’étendre à la moyenne montagne dans les zones déjà touchées telles que Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Corse et les départements pyrénéens de Nouvelle-Aquitaine. Et de nouvelles zones pourraient être davantage exposées aux risques d’incendie, notamment dans le Nord-Ouest de la France (Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et Bretagne). Dans l’Est, et en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), les peuplements d’épicéas secs sur pied engendrés par la pullulation de scolytes de l’épicéa constituent un important facteur de risque incendie, c’est ce qu’ont souligné les orateurs des rencontres franco-suisse jurassiennes «Santé des forêts» le mardi 15 septembre 2020. Les buis défoliés par la pyrale du buis constituaient déjà une fragilisation vis à vis du risque incendie dans de nombreux territoires à buxaies de Bourgogne-Franche-Comté et d’Aura.

Gestion forestière

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