Arbiom est une start-up américaine qui développe des solutions pour convertir le bois en protéines pour l’alimentation animale. Elle est adhérente (via son antenne française) du pôle de compétitivité Xylofutur, et impliquée dans le projet Sylfeed, qui vise à convertir la cellulose en protéines pour l’alimentation animale. Ce projet lancé en 2017 a reçu une subvention de 9 M€ de l’UE BBI-JU Horizon 2020 (le projet impliquant Arbiom NextGen Proteins* 2019 a reçu lui une subvention de 8 M€ du programme UE Horizon 2020).
Lors de la présentation de sa technologie au colloque Woodchem, la société a déclaré ne pas vouloir divulguer quel additif elle emploie pour la conversion. Mais elle a annoncé le 12 mars dernier avoir franchi une étape cruciale de son programme. En collaboration avec le Bio base Europe pilot plant (BBEPP), elle a réalisé un fonctionnement continu et stable de sa technologie de fermentation à une échelle de 15 m³ plusieurs fois, sur une période de sept jours sans problème de contamination ou de qualité du produit. Cette performance s’appuie sur une première réussite à l’échelle 1 m³ et une collaboration au long cours avec BBEPP (usine de Belgique).
«Différents partenaires ont déjà manifesté leur intérêt pour remplacer le soja ou le fishmeal dans la formulation des rations pour l’alimentation animale à très grande échelle. Arbiom envisage donc maintenant le déploiement de sa technologie dans une première usine commerciale. Les travaux d’ingénierie et de recherche de site ont déjà commencé et la société espère pouvoir lancer ce projet dans les mois à venir. La solution Wood-to-Food d’Arbiom offrira à terme une solution pour réduire la dépendance aux importations de protéines, et assurera aussi de nouveaux débouchés à la filière forêt-bois», indique Xylofutur.
L’ingrédient protéique alternatif conçu par Arbiom a été baptisé SylPro. Selon l’entreprise dans son communiqué du 12 mars, la robustesse et la répétabilité du processus de fabrication ont été démontrées. «Nous sommes ravis d’avoir atteint cette étape, car cette réalisation est essentielle pour faire évoluer la biotechnologie industrielle de la société vers la production commerciale», ont déclaré Marc Chevrel, PDG d’Arbiom, et Muriel Dewilde, responsable du développement commercial chez BBEPP.
Arbiom indique avoir réalisé plus de 2.000 heures d’opérations de mise à l’échelle des processus, dépassant la norme de l’industrie à l’échelle commerciale de 1.000 heures. L’équipe est en bonne voie d’accumuler 800 heures supplémentaires d’opérations de fermentation continue grâce à 5 campagnes de fermentation supplémentaires, et de produire environ six tonnes de SylPro d’ici la fin du programme de démonstration, qui se terminera à la fin de 2021.
Dès lors, un site industriel pourrait être mis en route. Le papetier vosgien Norske Skog Golbey avait été intéressé et dans le cadre du projet Sylfeed, une étude de faisabilité d’un projet de bioraffinerie sur son site avait reçu le soutien de la région Grand-Est et du fonds européen Feder (depuis Norske Skog Golbey, qui fabrique du papier journal, a engagé le projet Box pour élargir sa production vers le carton ondulé : «À travers le Projet Box, nous souhaitons assurer la compétitivité de notre site et pérenniser les 350 emplois directs actuels et en créer d’autres à moyen terme. Concrètement, le projet doit nous permettre de continuer à produire 330.000 tonnes de papier journal à partir de papiers recyclés, sur notre machine la plus récente (PM2) et de produire 550.000 tonnes de papier pour ondulé (PPO), à partir de cartons recyclés, sur notre machine la plus ancienne qui sera convertie (PM1)».)
* Le projet NextGenProteins vise à tester et comparer diverses sources de protéines alternatives pour les applications en alimentation humaine et animale, y compris SylPro, sur un programme de 4 ans, qui a débuté en septembre 2019.