Si elle « se réjouit que le rôle des produits du bois à longue durée de vie dans la décarbonisation de l’économie soit largement reconnu » dans la nouvelle Stratégie forestière européenne telle que proposée par la commission le 16 juillet, L’Organisation européenne des scieries déplore deux grandes failles au texte :
- que la stratégie « ne tienne pas compte des besoins d’approvisionnement de l’industrie et soit trop déséquilibrée au profit de la fonction sociale et environnementale des forêts » ;
- qu’elle mette en avant « une approche top-down dans l'utilisation des produits bois, loin de la réalité et des spécificités des conditions locales du marché européen ».
Ainsi, l’EOS estime en premier lieu qu’il était de la plus haute importance que la Stratégie forestière ne néglige pas la nécessité d’une mobilisation durable des ressources ligneuses, d’un encouragement aux mesures de boisement et de reboisement –en tenant compte des besoins environnementaux et économiques.
« Le nouveau document de la Commission omet de traiter de l’identification de mesures appropriées pour accroître l’offre de bois sur le marché à partir de structures de propriété fragmentées et n’aborde pas la question de l’amélioration de la compétitivité et des conditions générales dans les industries forestières et basées sur le bois », s’est-elle plainte. Elle indique par exemple que l’importance d’une logistique améliorée pour la mobilisation du bois, en particulier dans les zones montagneuses, est négligée dans le document.
Son argumentation repose sur le lien qu’elle met en évidence entre gestion et caractère durable des forêts : « Plus de 90% des grumes utilisées par l’industrie européenne des scieries proviennent des forêts européennes. Ce que beaucoup de gens ne réalisent pas, c’est que pour créer des forêts saines, il faut vendre le bois qu’elles produisent. Les propriétaires fonciers ont besoin d’un revenu pour payer les coûts permanents des activités de gestion forestière, y compris les travaux de prévention des incendies, l’entretien des routes et l’enlèvement des espèces envahissantes, ainsi que pour couvrir les impôts fonciers annuels. Les revenus du bois peuvent y contribuer et encourager les propriétaires fonciers à investir dans la gestion durable des forêts ».
Le deuxième grief de l’EOS concerne la méconnaissance par la nouvelle Stratégie forestière européenne de « l’ensemble de la chaîne de valeur du bois et ses interdépendances à plusieurs niveaux dans l’utilisation du bois et les changements de l’offre de bois » et le fait qu’elle « ne reconnaît pas l’existence de conditions et de spécificités du marché local qui invalident certaines de ses déclarations générales sur l’utilisation en cascade du bois, qui ne peuvent être appliquées de manière rigide dans toute l’Europe ». « Étant donné la grande diversité des situations entre les États membres et les régions, il n’est pas possible d’appliquer ce principe au niveau de l’UE », affirme-t-elle.
L’EOS indique représenter environ 80 % de la production totale de bois scié en Europe dans un secteur qui représente un chiffre d’affaires d’environ 35 milliards d’euros et emploie environ 250.000 personnes dans l’UE.
La Confédération européenne des industries du bois (CEI bois), qui indique pour sa part représenter 180.000 entreprises générant un chiffre d'affaires annuel de 152 milliards d'euros et employant 1 millions de travailleurs dans l'UE, s’est montrée elle mitigée vis à vis du nouveau texte de la Stratégie forestière européenne. Si elle loue la reconnaissance du rôle du bois dans la construction comme une solution clé à la crise du changement climatique, elle déplore un manque d’approche globale du secteur forestier. « La référence de la Stratégie au potentiel considérable d'augmentation du pourcentage de produits du bois utilisés dans la construction et la rénovation en remplacement des « matériaux énergivores et actuellement à base de combustibles fossiles » est une observation très appréciée », a-telle souligné, se félicitant spécifiquement de « la proposition d'établir une méthodologie standard, robuste et transparente pour quantifier les avantages climatiques des produits de construction en bois et d'autres matériaux de construction en tant qu'incitation à des choix de conception et de construction de bâtiments durables », ainsi que du besoin de développement de compétences souligné dans le texte. Par contre, elle estime que le texte « néglige le concept de gestion durable des forêts comme solution pour équilibrer les aspects économiques, sociaux et environnementaux et pour préserver le rôle multifonctionnel des forêts en mettant trop l'accent sur la protection passive des zones forestières ». « Une gestion durable et active en utilisant des méthodes de gestion forestière adaptées et variables est nécessaire pour contrer les perturbations croissantes induites par le changement climatique, telles que les incendies, les sécheresses et les tempêtes ainsi que les épidémies de ravageurs et de maladies, tout en augmentant la quantité de carbone stocké et en fournissant des matières premières pour le développement de la bioéconomie », souligne-t-elle.
Inclure pleinement l'industrie du bois dans le cadre de la gouvernance forestière mis en place au niveau de l'UE, c’est ce que les organisations européennes de la transformation du bois demandent à la Commission.
Forêt
Défi de l’approvisionnement : le projet de Stratégie forestière européenne mécontente l’EOS
Selon l’Organisation européenne des scieries (EOS), le projet de Stratégie forestière européenne 2030 ignore les besoins de l’industrie. Elle a exprimé le 16 juillet son désaccord avec le nouveau document produit par la Commission européenne le même jour.