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Covid-19 : quelles conséquences pour la filière forêt-bois ?

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Concilier réalité économique et réalité humaine, c’est ce que s’emploient à faire les responsables d’entreprises de l’amont à l’aval de la filière forêt-bois depuis l’entrée en état d’urgence sanitaire lié à l’épidémie de Covid-19. Leur situation est toutefois quelque peu différente selon l’environnement de leurs activités, la forêt à l’amont, l’usine à l’aval.

En effet, les activités de récolte et de transformation du bois peuvent se poursuivre dans le cadre du maintien d’une activité économique nécessaire à la nation seulement sous réserve des précautions sanitaires. Or celles-ci s’avèrent dans l’espace ouvert qu’est la forêt plus aisément applicables. En forêt publique, l’Office national des forêts (ONF) a remis au travail ses ouvriers forestiers arrêtés le 16 mars à partir de début avril, et ses techniciens et agents ont continué leur activité selon un mode adapté à la situation sanitaire. En forêt privée, les situations sont variées, mais «les activités de sylviculture et notamment de reboisement et celles de gestion forestière de la coopérative Forêt et bois de l’Est perdurent», indiquait ainsi le 7 avril son directeur, Alain Jacquet.

En revanche, il précisait : «L’activité d’exploitation est en grande partie suspendue, en résineux et en bois d’industrie notamment». Car les récoltes et transports de bois de la forêt vers les sites de transformation sont interrompus ou limités par les arrêts ou ralentissement de ces derniers. Et les entrepreneurs de travaux forestiers sont tributaires de leurs donneurs d’ordres. Selon les régions, les chantiers forestiers se sont donc brusquement arrêtés ou ont été attribués au cas par cas, n’offrant que très peu de lisibilité aux entreprises. D’après Gérard Napias, président de la Fédération nationale entrepreneurs des territoires (FNEDT), bon nombre de scieries ont arrêté leur activité, provoquant un arrêt plus ou moins brutal des coupes de bois d’œuvre. Les chantiers en bois de trituration semblent garder des débouchés grâce au maintien d’activité de la plupart des papeteries. «Les travaux sylvicoles arrêtés initialement par l’ONF pendant les deux premières semaines de confinement reprennent progressivement ainsi que certaines scieries», constate Gérard Napias. Un léger frémissement de production se fait ainsi sentir, mais l’activité des ETF reste très diminuée alors que la plupart des entrepreneurs et de leurs salariés peuvent travailler relativement isolés sans risque de contamination. «Près de la moitié des entreprises de travaux forestiers ont dû cesser temporairement leur activité en Nouvelle- Aquitaine», conclut Gérard Napias.

Cette situation est préjudiciable à la gestion forestière, particulièrement dans la région Est, à cause de la pullulation de scolytes de l’épicéa qui entame sa troisième saison. L’évacuation des chablis et des poches de bois scolytés empêchée fait peser une menace redoublée sur les pessières et les approvisionnements futurs de la filière résineux. Le coup d’arrêt porté aux flux de bois est certes intervenu en fin de période d’exploitation, mais la question des approvisionnements à la reprise se pose néanmoins.


Mesures de crise

Depuis le 13 mars, la Fédération nationale du bois (FNB) a mis en place une cellule de crise pour aider les entreprises à faire face aux conséquences de la situation. Parmi les premières mesures prises, un observatoire du chômage partiel a été lancé pour permettre aux professionnels d’avoir un aperçu hebdomadaire de l’évolution de la conjoncture économique dans la filière, que ce soit en amont ou en aval de leur activité. Les premiers résultats opérationnels, publiés le 3 avril, ont révélé un volume d’activité globale équivalent à 48% du niveau observé avant l’épidémie. Il existe néanmoins d’importantes disparités en fonction des métiers. Si la première transformation se situe dans la moyenne, les fabricants de parquet seraient les plus impactés par la situation actuelle (14% d’activité). À l’opposé, les pépiniéristes (87%), les fabricants d’emballages légers (77%) et les producteurs de bois de chauffage et de plaquettes (72%) conserveraient des niveaux d’activité élevés. Après plusieurs fermetures, les négoces ont quant à eux commencé à rouvrir leurs portes depuis la dernière semaine de mars. «Quelques-uns étaient restés ouverts. Tous fonctionnent en mode drive ouvert aux professionnels avec, à de rares exceptions près des livraisons», expliquait le 3 avril Arnaud Hétroit, directeur de l’association Le Commerce du bois (LCB). Côté importation, les entreprises étaient alors quasiment toutes à l’arrêt à cause de la fermeture de leurs clients. Autre conséquence de l’épidémie de Covid-19, toutes les ventes de bois façonnés de l’ONF se dérouleront uniquement en ligne jusqu’à fin avril minimum. En réponse à la demande des organisations professionnelles, l’ONF a communiqué de nouvelles modalités de paiement spécifiques à ces articles achetés en mars et avril. L’objectif est de permettre aux entreprises d’échelonner davantage leurs règlements dans le temps. Pour les bois sur pied, la plateforme de l’ONF annonce une première vente au 30 avril (DT Seine-Nord) mais la majorité des dates initialement fixées en mars et avril ont été reportées après le 1er mai. Des discussions autour des traites avalisées ont lieu entre les organisations professionnelles, l’ONF et le ministère de l’Agriculture, mais aucun accord n’a pour l’instant pu être validé. Toujours du côté de la forêt, l’Union de la coopération forestière française (UCFF) invite le Gouvernement «à s’appuyer sur les ressources en bois des forêts françaises pour relancer l’économie nationale, en lien avec le Green Deal européen».


Anticiper la reprise

La filière bois, par la voix du Comité stratégique de filière (CSF) Bois, a également annoncé le 31 mars la parution d’un guide de bonnes pratiques, destiné à permettre aux entreprises de poursuivre leur activité, malgré le contexte actuel. «La filière bois, comme de nombreuses autres filières, est très touchée par cette crise sanitaire inédite et subit un arrêt progressif de l’activité par l’arrêt des commandes, par des problèmes d’approvisionnement et de logistique, par l’absence à ce jour de masques. Les entreprises de la filière qui sont liées aux secteurs prioritaires santé, alimentaire, énergie, ou encore logistique, n’ont pas arrêté leur activité et certaines ont pu augmenter leur capacité. Pour celles-ci et celles qui demain pourront redémarrer, ce guide pratique est précieux», déclare le CSF Bois. Ce guide est disponible sur le site du CSF Bois, et sur les sites des organisations professionnelles.

Les entreprises de la filière tentent de s’adapter du mieux qu’elles peuvent, à l’instar de certains menuisiers, habitués à appliquer des lasures, qui puisent dans leur stock de masques FFP3. Tandis que le télétravail peut permettre de poursuivre par exemple une activité d’ingénierie, nombre de chantiers ont été stoppés, même si certains concernant les particuliers et la maîtrise d'ouvrage privée, comme dans le cas de bâtiments agricoles, ont pu être maintenus, tandis que ceux impliquant la maîtrise d'ouvrage publique ont généralement dû être interrompus.

Il est possible que le redémarrage, dans l'ensemble, soit général et similaire «aux rentrées de début septembre», pour reprendre les propos de Jean-Luc Sandoz, dirigeant du groupe CBS-Lifteam, spécialiste en ingénierie et construction bois.

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