Pour l’ONF, les conséquences de l’épidémie de Covid-19 ont accentué au premier semestre 2020 une diminution quasi générale des prix des bois constatée en France depuis plusieurs mois. L’établissement public estime ainsi que sur un an, le cours du chêne sur pied a diminué de 15% et celui du sapin-épicéa de 47%.
Dans sa lettre de conjoncture publiée début juillet, l’ONF analyse l’évolution du prix des bois au terme du premier semestre 2020. «Les incertitudes des marchés internationaux, en plein réajustement, et les récentes mesures de relances publiques ne permettent pas encore de chiffrer les effets du confinement sur le marché du bois», précise d’emblée l’établissement public. «La tendance à la baisse se confirme dans un contexte de dépérissement massif des forêts.»
Sur un an et jusqu’au 30 juin 2020, l’ONF évalue ainsi la baisse des cours des bois sur pied à 15% pour le chêne, 8% pour le hêtre, 47% pour le sapin-épicéa, 15% pour le pin sylvestre et 18% pour le pin maritime. Côté bois façonnés, sur la même période, les prix des différentes essences enregistrent également un recul significatif : - 11% pour le chêne, - 19% pour le sapin-épicéa. «Le hêtre (- 2%), le pin sylvestre (- 4%) et le pin maritime (- 2%) résistent mieux, grâce à l’effet modérateur des contrats d’approvisionnement», commente l’Office.
L’établissement public estime que les conséquences de la pandémie de Covid-19 n’ont fait qu’accentuer la baisse quasi générale des prix des bois constatée en France depuis plusieurs mois. «Seul le bois de douglas présente des prix en hausse, en raison notamment d’une demande spécifique en construction», explique l’ONF. «Le mélèze, avec un prix en légère baisse, affronte la concurrence des importations provenant de Sibérie. Dans les Landes, le pin maritime reste très demandé par les industries de la région, ce qui stabilise son prix, à la différence du pin sylvestre et du pin maritime du secteur ligérien.» L’Office souligne bien sûr que le recul du cours des bois concerne tout particulièrement les résineux blancs. «La crise du scolyte perdure, favorisée par des températures chaudes, et déprécie le prix du bois d’épicéa. Cette crise sanitaire et l’abondance des bois scolytés qui en résulte impactent aussi le sapin. Des transformateurs substituent en effet l’épicéa, moins coûteux, à d’autres essences (sapin, pin, hêtre...). Un avantage cependant : cette baisse de prix des résineux blancs peut faire gagner des parts de marché au bois face à d’autres matériaux.» Dans ce contexte, l’ONF indique avoir amplifié les transports de bois scolytés de l’Est de la France vers les usines de l’Ouest. «Entre janvier et avril 2020, ce volume livré a atteint 40.000 m3 au total. Durant le mois de juin, il est passé à 16.000, puis à 20.000 m3 mensuels à partir de juillet.»
Côté feuillus, l’ONF signale une consolidation des prix du chêne de qualité supérieure, pour le merrain et le plot, ou de qualité ordinaire pour la charpente, mais une baisse des cours de 20% au premier trimestre par rapport à la même période l’an dernier pour les produits de qualité ordinaire (parquet, menuiseries courantes) et ceux de qualités secondaires (coffrage, traverse...). L’analyse de l’établissement public indique par ailleurs que le prix du hêtre a quant à lui enregistré un léger repli sur la période observée en rai- son d’une diminution de la demande en provenance du Maghreb, mais souligne que des marchés de substitution s’ouvrent dans d’autres pays, notamment au Portugal.
Le chiffre : 1,4 million de m3