En déplacement dans les Vosges, Marc Fesneau a annoncé un plan « scolytes et bois de crise » pour faire face aux volumes de bois liés à l’épidémie de scolytes. Outre une aide bienvenue à l’acquisition de kits d’écorçage adaptables sur les machines d’exploitation, ce plan ressemble fort à un plan Orsec pour la gestion d’épidémies qui risquent de devenir de plus en plus fréquentes, allant de la détection précoce et l’endiguement de l’épidémie à la récolte et la valorisation des bois, jusqu’à l’aide au renouvellement.
La liste des essences touchées par des dépérissements ou des catastrophes climatiques (tempêtes, incendies…) ne cesse en effet de s’allonger. Entre les épicéas et les sapins pectinés touchés par les scolytes, les frênes chalarosés, les hêtres dépérissant suite aux sécheresses, les châtaigniers malades de l’encre, les pins maritimes incendiés… les bois de crise sanitaire ou climatique représentaient, en 2022, 25 % de la récolte de bois, 31 % de celle de résineux, et dans les régions les plus touchées (Ardennes, Moselle, Meuse, Haute-Marne et Bourgogne-France-Comté) jusqu’à 75 % de la récolte (1).
L’un des défis est donc de valoriser ces bois dits « bois de crise », qui ne sont heureusement pas pour autant des bois « fichus », leurs qualités technologiques n’étant la plupart du temps pas modifiées, ce qu’il faut faire savoir auprès des consommateurs, pour qu’ils ne s’arrêtent pas à des défauts quand ils sont uniquement esthétiques. Il faut aussi connaître l’évolution de ces défauts (coloration, piqûres…) de la forêt à la scierie, comme le suggère la FNB. Mais surtout, il faut les récolter à temps, quand ils sont encore frais, condition indispensable pour les valoriser en bois d’œuvre. Un arbitrage délicat qui doit donner toutes ses chances au potentiel de récupération de la forêt, mais qu’il faut affronter pour que ces bois ne finissent pas en bois-énergie ou en trituration.
(2) Le taux dans les années « normales » se situe entre 5 et 10 %.