La ministre de la Transition écologique et la secrétaire d’État à la Biodiversité ont créé le 14 mai un comité d’anticipation et de suivi hydrologique (CASH) auprès du Comité national de l’eau, par introduction d’un article dans le Code de l’environnement, ont-elles indiqué le 17 mai. Ce comité aura pour mission de surveiller et de mieux gérer les épisodes de sécheresse.
Le comité réunit une quarantaine de membres, dont des représentants de l’État et de ses établissements publics, des représentants des collectivités territoriales, des entreprises, des représentants agricoles, et des associations environnementales et des experts. Il est chargé d’informer sur la situation hydrologique afin d’accompagner les territoires dans l’anticipation des épisodes de sécheresse, ainsi que de proposer des actions préventives ou compensatrices destinées à résorber de façon structurelle le déficit de ressource aquatique.
Le CASH a révélé que l’été 2021 pourrait être sec : la cartographie d’anticipation de la sécheresse publiée à l’occasion de sa réunion du 17 mai identifie des territoires à risques. Chacun est invité à en prendre connaissance et à se tenir informé de l’évolution de la situation de son département sur le site Propluvia pour adapter son activité aux menaces de sécheresse pour cet été. Ce site Propluvia, qui recense les arrêtés sécheresse en France, va évoluer dès le mois de juin pour simplifier la lisibilité des usagers. À terme, il permettra à chacun de se localiser précisément sur la carte, pour connaître les mesures de restrictions en vigueur sur son territoire.
Si globalement les ressources en eau sont suffisantes au plan national, des situations de manque d’eau surviennent à certaines périodes de l’année (l’été dernier, au plus fort de la crise, 88 départements ont ainsi fait l’objet de restrictions d’eau), a rappelé le comité. Certains départements métropolitains pourraient plus particulièrement connaître des pénuries d’eau en 2021. Selon les travaux de modélisation et de prévisions saisonnières menés par Météo-France, le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) et les partenaires du projet de recherche national AQUIFR, la recharge des nappes cet hiver a été globalement satisfaisante à l’exception du pourtour méditerranéen et du couloir Rhône-Saône. Toutefois, la cartographie met en avant certains indicateurs alarmants : les précipitations ont été déficitaires au début du printemps 2021, particulièrement sur l’Est du pays, ce qui a conduit à la sécheresse des sols, à un manteau neigeux très bas dans les Alpes et dans les Pyrénées, à des bas niveaux de certains cours d’eau bas, voire à leur assèchement. «Si les grandes causes de la sécheresse sont le manque de pluie et les prélèvements excessifs, de nombreux facteurs peuvent contribuer à l’aggraver : des précipitations insuffisantes ou inefficaces, car ne survenant pas à une période qui permet à l’eau d’atteindre les nappes souterraines, ou encore des températures élevées qui entraînent une augmentation de l’évaporation naturelle», a rappelé le comité.
80 départements pourraient être ainsi confrontés à un risque de sécheresse en 2021, à l’exception de l’Ile de France et des Hauts de France. C’est le cas notamment de la région Auvergne-Rhône-Alpes, du pourtour Méditerranéen et de l’Ouest du pays.
D’une manière générale, afin de renforcer le dispositif de gestion de crise en période de sécheresse, une modernisation des outils est menée par le Gouvernement, qui veut simplifier les modalités de gestion quantitative de l’eau et publier un guide technique à destination des préfets pour renforcer l’anticipation et améliorer la lisibilité des décisions pour les acteurs et le grand public. Les préfets des départements concernés par un risque de sécheresse doivent réunir dès à présent leurs comités ressources en eau et prendre les mesures nécessaires de vigilance ou de limitation des usages de l’eau. Pour rappel, depuis mars 2020, une nouvelle stratégie nationale renforce le contrôle des mesures de restriction des usages de l’eau, notamment les contrôles sur les ouvrages de prélèvements, pour vérifier le respect des volumes d’eau attribués à chaque préleveur, les contrôles en période de sécheresse du respect des mesures de restrictions arrêtées sur les zones d’alerte, par la police de l’eau.
Un décret pourrait également être signé en juin, qui devrait permettre des mesures de restriction harmonisées au niveau national, par usage et type d’activités, et de possibles adaptations selon des conditions environnementales et économiques des territoires. Ce projet a été soumis à consultation publique et il est actuellement examiné au Conseil d’État.
Les épisodes de sécheresse et de canicule, outre par le stress infligé aux arbres par les déficits hydriques, fragilisent la forêt en accentuant la sensibilité de la végétation au feu. En 2019, 15.000 hectares de forêt ont été détruits par les flammes (9 feux sur 10 sont d’origine humaine), soit l’équivalent de 21.000 terrains de football, rappelle le CASH. Le site http://feux-foret.gouv.fr informe sur la prévention des feux de forêt et de végétation.
À noter que le ministère de la Transition écologique a publié en décembre 2020 le memento intitulé «Eau et milieux aquatiques - Les chiffres clés - Édition 2020».