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Amers millions

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La forêt, via ses propriétaires, va recevoir 150 millions pour son «renouvellement», ou plus exactement pour des plantations sur des parcelles «dépérissantes» et «pauvres», dans le cadre de France Relance. C’est l’annonce faite par le ministère de l’agriculture le 22 décembre dernier. Mais par ailleurs, elle voit peu à peu, année après année, se restreindre les allocations financières dédiées aux services publics consacrés à sa gestion, l’Office national des forêts (ONF) et le Centre national de la propriété forestière. Ce paradoxe est une amère pilule à avaler pour les défenseurs du savoir-faire des services publics de gestion de la forêt, savoir-faire garant selon eux d’une forêt véritablement multifonctionnelle et résiliente face au changement climatique. Le fléchage vers la plantation d’une somme de 150 millions d’euros suscite la controverse également d’un point de vue sylvicole, parmi les gestionnaires privés et les associations. L’association Prosilva, qui se dédie à la mise en œuvre et à la promotion d’une sylviculture à couvert continu, et qui avait déjà déploré la non prise en compte de ses propositions par le rapport Cattelot alors même qu’elle avait été consultée pour remettre ces propositions, a immédiatement réagi à l’annonce de l’enveloppe gouvernementale allouée à la plantation, en faisant valoir son point de vue résumé dans un document intitulé «Propositions de Pro Silva France dans le cadre du Plan de Relance – Pour une véritable transition climatique des forêts françaises à moindre coût».

Des adhérents du Syndicat national unifié des personnels des forêts et de l’espace naturel (Snupfen) Solidaires et des membres de l’association Canopée (qui a publié en janvier 2020 un rapport intitulé «Gestion forestière et changement climatique : une nouvelle approche de la stratégie nationale d’atténuation») ont choisi pour leur part une action symbolique (qu’ils annoncent être bientôt suivie par d’autres) pour exprimer leur amertume et dénoncer conjointement ce qu’ils nomment le «démantèlement de l’Office national des forêts» et l’orientation «plantations industrielles» du volet Forêts du Plan de relance. Ils ont occupé dans la nuit du 17 au 18 décembre 2020 les locaux nancéens de la direction régionale Grand-Est de l’ONF, la plus pourvoyeuse de bois en France, pour y organiser un débat sur la forêt via le web, retransmis sur Facebook et YouTube, débat de longue date appelé de leurs vœux mais jamais organisé par le Gouvernement selon eux. La crainte de 500 suppressions d’emplois entre 2021 et 2026 à l’ONF s’est exprimée, qui serait le pendant de la filialisation et du transfert au privé des missions d’intérêt général. Le syndicat Snupfen Solidaires a rappelé que, lors du conseil d’administration du 16 décembre, les représentants de l’État (14 sur 30 administrateurs de l’Office) ont voté un budget très lourdement déficitaire pour 2021, qui sera en perte de 81,2 millions d’euros, ce qui obligera l’établissement public à augmenter sa dette financière de 100 millions, la portant à 520 millions. Une situation jugée absurde alors que «l’État a donné des dizaines de milliards d’euros aux industries les plus polluantes», selon le syndicat. Les quatre administrateurs de la Fncofor se sont abstenus de voter le budget, comme les représentants de la Cour des comptes et de l’Inspection générale des finances. Dix administrateurs ont voté contre (représentants du personnel, de la Fédération nationale du bois (FNB), de l’Association des régions de France (ARF), de France nature environnement (FNE). Le contrat d’objectifs et de performance 2021-2026, prévu pour mars prochain, est très attendu...

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