Le 10 décembre, l’interprofession Fibois Aura proposait aux professionnels de la filière, dans le cadre d’une webconférence, un point sur le concept d’innovation, à travers différents exemples, répartis entre l’amont et l’aval. Ce rendez-vous, dont l’objectif était de sensibiliser les professionnels de la filière, a permis de démontrer que les entreprises, tous métiers confondus, savent innover et gagner en performance en s’appuyant notamment sur des structures pour les y aider.
L’État, la région et Fibois Auvergne-Rhône-Alpes ont signé ensemble un contrat régional de filière 2020-22 qui détermine sept actions prioritaires pour développer les marchés du bois et améliorer la compétitivité des entreprises. Parmi celles-ci figure l’innovation, qui fait partie des leviers majeurs pour ouvrir de nouveaux débouchés au bois des forêts françaises et favoriser des projets collaboratifs au sein de la filière ou inter-filière. A ce titre, Fibois Auvergne-Rhône-Alpes et ses autres partenaires accompagnent les entreprises dans leurs projets et s’efforce, au travers d’événements comme celui-ci, de rapprocher le monde de la recherche et celui de l’entreprise.
C’est ainsi que la webconférence du 10 décembre était organisée en partenariat avec, outre la région Auvergne-Rhône-Alpes, Xylofutur, l’institut technologique FCBA, l’école d’ingénieurs Polytech Clermont-Ferrand et le pôle de compétitivité chimie et environnement Axelera. En introduction, le président de Fibois Aura, Jean Gilbert, a rappelé la vocation de l’interprofession de fédérer les acteurs de la filière au sens large, à travers différentes commissions, respectivement dédiées aux enjeux liés à la forêt et au changement climatique, aux approvisionnements, aux usages du matériau bois ainsi que, depuis maintenant un an, une commission spécifiquement dédiée à l’innovation : «La vocation de cette commission», explique Jean Gilbert, «est de favoriser le lien entre la filière et des centres de recherche, en vue d’initier des projets collaboratifs. Il s’agit de soutenir des initiatives pour des appels à projets permanents, l’innovation étant récompensée dans le cadre de Trophées dédiés à ce principe. Nous souhaitons montrer aux professionnels qu’un accompagnement est possible sur la voie de l’innovation, quelle que soit la taille de l’entreprise considérée, cette dynamique d’innovation permettant de gagner en performance».
Outils technologiques et nouveaux produits
Dans le cadre de ce webinaire dédié au concept d’innovation parmi la filière forêt bois au sens large, figurait l’entreprise Timbtrack, qui s’est donnée pour but de mettre la technologie au service de l’amont forestier, via la création de capteurs permettant de récolter des données en forêt. L’entreprise a ainsi conçu deux outils principaux, à savoir des capteurs destinés à collecter les données de terrain en forêt, capteurs eux-mêmes reliés à une plateforme donnant la possibilité à l’utilisateur de visualiser l’ensemble des données de façon claire et synthétique. Le but, comme l’explique Geoffroy de Cannière, de Timtrack, est de permettre aux acteurs de la filière de gagner en rapidité et en confort d’utilisation, grâce à un outil d’un prix abordable.
Le premier outil de terrain, du nom d’EMC (pour mètre électronique connecté), est un produit plutôt d’entrée de gamme, capable de prendre des coordonnées GPS, un diamètre, une hauteur, d’introduire un taux de conicité, ou encore de calculer un volume et de les enregistrer en quelques secondes. Le second outil, du nom de TPM (pour littéralement, «truc pour mesurer»), est le premier outil à avoir été développé par Timtrack. «Il s’agit d’une sorte de scanner permettant de gagner jusqu’à 50% sur la mesure d’arbre», résume Geoffroy de Cannière. Cet appareil permet d’avoir une indication de distance, la mesure des diamètres, le calcul du cu- bage, ou encore de segmenter l’arbre en différentes hauteurs, le tout bénéficiant d’un système à deux caméras (dont une à infra-rouge), et permettant globalement de gagner en temps, en confort d’utilisation, et en nombre de données récoltées. Autre acteur de l’amont, l’entreprise GBA 3Bois produit des plaquettes et des granulés, avec quelque 25.000 tonnes fabriquées par an, et des capacités de production permettant d’envisager une quantité de 50.000 tonnes environ. L’entreprise a imaginé notamment un distributeur automatique de granulés de bois dénommé station 3Bois, permettant d’offrir une solution alternative aux produits écoulés en grandes surfaces. La production de l’entreprise, en outre, est mesurée d’un bout à l’autre, ce qui lui a permis de passer, entre 2017 et aujourd’hui, de 40 à environ 90 tonnes par jour, le tout grâce à l’optimisation du process : «A partir d’un travail de mesure effectué au quotidien, nous avons identifié nos points bloquants et avons travaillé sur chacun, afin de monter en puissance», ré- sume Florent Demonet, directeur général de GBA 3Bois.
Du côté de l’aval, et plus précisément de la construction bois, la société Activ’Home a élaboré un procédé de fabrication industrielle de murs et de planchers bois et paille. Ce procédé consiste en la mise au point de châssis spéciaux permettant de gagner en temps et aussi en qualité concernant l’usinage et l’assemblage, avec notamment un remplissage uniforme des caissons, et la possibilité de sur-compresser les bottes de paille, afin d’éviter de les retailler. Une autre vocation de l’entreprise est de créer un lien entre les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et de la construction, en permettant en l’occurrence à des céréaliers de mieux valoriser la paille, une ambition plus large étant de reconquérir via cette collaboration des friches industrielles, et de créer de l’emploi au niveau local.
On notera qu’Activ home collabore avec l’école d’ingénieurs Polytech Clermont, afin de mener des essais en laboratoire sur un bâtiment démonstrateur à base de bois et paille, permettant de mesurer des caractéristiques relatives à l’air ambiant, à la température, ainsi qu’à l’humidité des matériaux. Et même si la construction bois et paille ne représente encore qu’environ 2 % du marché, Activ Home espère que le concept qu’elle a développé permettra de porter cette part à un niveau compris entre 5 et 10%.
Le webinaire fut aussi l’occasion de présenter le projet Bioimpulse, relatif au concept de chimie biosourcée, et concernant le développement d’une résine innovante pour le collage du bois. Ce projet bénéficie de la participation de Resicare, filiale de Michelin, et vise à sortir du formaldéhyde et à développer une résine non toxique, en d’autres termes des résines à impact sanitaire limité. Des essais sont réalisés, par exemple grâce à des encolleuses pilotes ou divers types de presses. Ce projet démarré en 2019, d’un montant de 22 millions d’euros et s’inscrivant sur 6 ans, bénéficie de la participation de l’institut technologique FCBA et aura pour champ d’application la fabrication de panneaux de contreplaqué, de panneaux OSB, ou encore celle de lamellé-collé ou de LVL.