- Des projets décalés, pas éliminés : « Le marché va sûrement être un peu plus calme, mais les commandes et le travail sont encore là », expliquait Olivier Canet, de l'entreprise BZH, pendant Eurobois. « Par contre, nos clients ressentent une forte baisse d'activité en ce moment. […] le marché va sûrement être un peu plus calme mais nous travaillons sur de gros investissements. Nous ne sommes globalement pas trop inquiets parce que nous savons que les projets vont sans doute se décaler dans le temps. Niveau délais de livraison, nous sommes à 16 mois. […] Quand la construction redémarre, le résineux repart assez vite, puis le feuillu dans les six mois normalement, mais la tendance générale est à l'attente. La consommation qui ne se fait pas se fera plus tard », soulignait le responsable commercial secteur nord de cette société spécialisée dans le matériel pour le parc à grumes.
Même son de cloche sur le stand voisin, où Lionel André, de l'entreprise André Technologies, préférait lui aussi relativiser la situation actuelle : « L'activité a déjà été meilleure mais elle a déjà été pire aussi, donc on reste positif. Les délais de livraison se sont un peu raccourcis depuis un an. On est passé de deux ans à des délais plus habituels, entre quatre et huit mois en fonction des machines ».
Autres produits, même analyse sur le stand de l'entreprise Microtec : « Les clients sont là. Ils préparent déjà leurs prochains investissements », déclarait Fabien Iffrig, area manager pour cette entreprise spécialisée dans les solutions de numérisation et d'optimisation pour l'industrie de transformation du bois. « Il y a un engouement pour le scannage au parc à grumes et aussi sur le chariot pour optimiser la découpe. Nous avons aussi des demandes pour le scannage en chêne vert. […] Notre carnet de commandes est plein pour l'année 2024. Il y a plus d'incertitudes pour la suite. Nous savons que des projets vont être décalés, mais il n'y a pas de projets éliminés. »
- Savoir temporiser : « On est très chargés. Nous travaillons beaucoup, pour la formation notamment, comme nous sommes labellisés Qualiopi », expliquait Alexandre Thollon, de la SARL Smab, entre autres distributeur du matériel d'affûtage Armstrong. « Quand la période est un peu difficile, ça permet de pérenniser, de garantir du savoir et d'attendre la reprise. Nous sommes vraiment très attachés à la transmission du savoir. »
- Coup de frein sur les connexes de scierie : « Depuis le début de l'année, la demande des fabricants de granulés pour les produits connexes du sciage a complètement chuté », soulignait un scieur auvergnat en visite dans les allées d'Eurobois. En cause ? Des stocks déjà très élevés chez les fabricants de granulés qui ne veulent pas continuer d'immobiliser de la trésorerie. Conséquence ? Le prix de la sciure et autres produits connexes du sciage, qui atteignait 100 euros la tonne en septembre 2023, se situe désormais autour de 50/60 euros la tonne et pourrait repasser prochainement sous la barre des 50 euros.
- 2025 plus compliquée ? : « On sent que l'activité ralentit, mais nous avons encore des retombées de projets pour cette année », indiquait Jordan Vermorel sur le stand des Techniciens du sciage (TDS) qui présentait le réducteur de souche que leur entreprise a développé en collaboration avec la société Marcon et le bureau d'études 2ICM. « Je pense que 2025 sera plus compliquée que 2024 si on en reste à ce stade-là. »
- Janvier moins difficile que prévu en scierie : Le 7 février, les membres des commissions feuillus et résineux de la Fédération nationale du bois étaient à Lyon pour travailler en parallèle du salon Eurobois. Echos et tendances à la sortie des salles de réunion : dans le résineux, « la fin d'année dernière a été plutôt morose mais quelques ordres sont revenus en janvier. […] Dans le douglas, les bois sur pied étaient passés ces dernières années de 70 euros le m³ à 120. Depuis janvier, on redescend progressivement autour de 75/80 euros pour les jolis lots ». Côté produits transformés, la revalorisation du prix des sciages résineux sur les marchés allemands et scandinaves, de l'ordre de 10 à 15 euros, aurait été perçue comme un signal positif sur le marché français et aurait permis de redonner un peu confiance aux acheteurs. Niveau feuillu, les prix d'achat de la matière première et de vente des produits restent constants pour les scieurs, « mais c'est l'augmentation des charges qui impacte directement la marge des entreprises ».
- Retrouver de la flexibilité : « On est au stade de l'inquiétude », expliquait Michel Loyet sur le stand du groupe Finega. « Certains projets se décalent. Tout le monde se demande s'il a fait le bon choix. […] Quand on vend bien le produit, on s'interroge moins sur le process. Aujourd'hui, nous voyons revenir des clients qui veulent optimiser leur process et retrouver de la flexibilité », précisait le PDG de ce groupe spécialisé dans les technologies pour l'industrie de transformation du bois.
- Être autonome : « Nous avons beaucoup d'exploitants forestiers, de charpentiers, de menuisiers, qui investissent pour être autonomes », expliquait Arno Azinala, responsable France pour Mebor, fabricant slovène de machines de scierie. Les raisons ? maitriser davantage ses approvisionnements, par exemple parfois pour pallier le départ à la retraite d'un fournisseur historique dont l'activité n'est pas reprise. « Nous avons aussi des grosses scieries qui commencent à mettre des petites lignes à côté de leur outil traditionnel pour scier des gros bois, des moutons à cinq pattes… Notre carnet de commandes est plein sur deux ans et demi. »
- Activité soutenue dans l'agencement : Comme en écho à la place élargie accordée à l'agencement sur cette édition 2024, des témoignages d'exposants reflétaient le dynamisme de ce secteur d'activité. « La France est pour nous un marché stable, d'un positionnement plutôt haut de gamme. Si le secteur du meuble meublant est en souffrance, on note une activité soutenue sur le segment de l'agencement et de la fabrication de cuisines », observait Riccardo Rossi, gérant de Ferwood France, spécialisée dans la fourniture de matériels d'occasion.
Un point de vue globalement partagé par Benoît Bouquin, cogérant de Leitz France, spécialiste de l'outillage, qui estimait que « malgré une baisse d'activité notable dans le secteur de la fabrication de meuble, ainsi qu'un tassement en ce qui concerne la construction bois, le secteur de la menuiserie offre des perspectives intéressantes. On note en outre une activité très dynamique en ce qui concerne la rénovation et l'agencement ».
- Économie d'énergie et solutions pratiques : « Nous prenons en compte de façon prioritaire, dans notre offre, les problématiques d'économie d'énergie, ainsi que la difficulté qu'ont les entreprises à recruter », soulignait Riccardo Rossi, gérant de Ferwood France. Ces problématiques, plus prégnantes que jamais, constituent également une priorité pour une entreprise comme Finiture, spécialisée dans la conception et l'installation de lignes de finition : « La robotisation permet une économie d'énergie et de matière, et offre la possibilité de réaliser une production élevée avec peu de main-d'œuvre », résumait Giovanni Sedino, dirigeant de la société italienne.
Le recours aux nouvelles technologies peut en outre permettre de proposer des solutions d'un caractère ergonomique, comme le suggèrait l'exemple du casque de réalité virtuelle que présentait l'entreprise suisse Woodtec (spécialisée dans les matériels pour la préfabrication en ossature bois), celui-ci permettant à l'utilisateur de visualiser clairement l'ouvrage et de savoir où poser les montants, sans qu'il soit besoin d'avoir recours à des plans de fabrication.
« Malgré un coup de frein concernant le secteur de la construction, nous ne ressentons pour l'heure pas de baisse au niveau de notre activité de manutention, qui répond à la problématique récurrente du recrutement dans la filière forêt-bois. Nous continuons d'innover, et sommes en l'occurrence en train de développer une gamme de manipulateur plus légers, permettant de gérer des charges moindres d'une façon rapide et dynamique », témoignait quant à lui Bernard Foucke, directeur commercial France et Europe chez Joulin, spécialiste de la manutention.
Visionnez notre diaporama de la quatrième et dernière journée d'Eurobois en cliquant sur les flèches bleues situées de part et d'autre des photos en tête de cet article.