Les tensions pesant sur les approvisionnements concernant d’un côté le bois-énergie et de l’autre les panneaux de process constituent une problématique pour le moins récurrente au sein de la filière forêt bois française.
L’Unifa (Union nationale des industries françaises de l'ameublement) et l’UIPP (Union des industries des panneaux de process) organisaient conjointement une rencontre le 12 décembre à Paris, présentant une étude réalisée par Alcimed et portant sur l’articulation du bois-énergie avec les autres usages du bois.
Selon les résultats de cette étude, l’utilisation de bois pour la création de chaleur et d’électricité a fortement progressé en France depuis dix ans sous l’effet de politiques publiques incitatives, puisque l’étude comptabilise environ 280 millions d’euros par an dédiés à ce type d’usage du bois, sur la période comprise entre 2006 et 2013, soit environ 1/3 des aides publiques accordées à la filière forêt-bois.
Selon les estimations d’Alcimed, le bois-énergie consommait en France métropolitaine plus de 30 millions de tonnes bois par an en 2015, hors pellets et hors Corse. En outre, l’étude anticipe une probable augmentation de la consommation du bois-énergie dans les années à venir, s’appuyant sur les récents démarrages et les projets de centrales de cogénération.
L’étude établit un historique de ces conflits d’usage que dénonce l’industrie des panneaux de particules, les difficultés d’approvisionnement ressenties par ce secteur remontant entre 2008 et 2010, contemporaines du premier appel à projets du Fonds chaleur pour la réalisation d’installations industrielles remontant à 2008.
Elle indique par-delà des tensions particulièrement fortes en 2013 et 2014, du fait d’un hiver rude suivi d’un autre doux, pointant comme conséquence une difficulté pour les scieries à écouler leurs stocks de connexes, et déplorant une imprévisibilité de la conjoncture. Une variabilité qui se répercute sur le prix des panneaux de process, avec un impact sur l’approvisionnement des fabricants de meubles (voir le schéma).
Pour une action de régulation
L’étude va plus loin et relève des répercussions sur l’ensemble de la filière forêt bois, y compris pour les installateurs de centrales biomasse ayant à faire face à des installations en difficulté suite à deux hivers doux, et à la baisse du prix des énergies fossiles, les fabricants de pellets ayant quant à eux dû réaliser de lourds investissements en 2014 pour répondre à la hausse de la demande, aboutissant à une situation de surcapacité en 2015.
L’UIPP, en association avec l’Unifa, pousse donc auprès des pouvoirs publics en vue d’une action de régulation. Celle-ci aurait pour objectif de soutenir l’utilisation de ressources non mobilisées par des usages industriels dans les plans d’approvisionnement des centrales biomasse, notamment le bois en fin de vie (avec 1,4 million de tonnes collectées en non valorisées en 2015 selon la Federec, Fédération de la récupération du recyclage et de la valorisation).
L’action viserait aussi à donner compétence aux cellules biomasse sur l’analyse de la ressource par bassin d’exploitation, travailler sur les plans d’approvisionnement des centrales biomasse pour lisser la demande du bois-énergie en matière proactive, favoriser l’implantation de chaudières mixtes, reconsidérer le soutien des projets de centrales de grande ampleur, et enfin engager une réflexion avec tous les acteurs sur la stabilisation de la filière pellets.
SJ