Tous les deux ans, la cellule économique de Bretagne réalise une étude de marché dans le cadre de l’Observatoire national de la construction bois. Les résultats de ces travaux, financés par France bois forêt et le Codifab, en partenariat avec la Capeb, l’UICB, l’UMB-FFB et les Fibois régionaux, ont été diffusés fin juillet. 1 000 entreprises ont répondu à cette enquête qui porte sur l'activité en 2022 (taux de participation de 52 %).
Au total, 1 888 entreprises ont été recensées sur le marché de la construction bois en France et emploient 28 315 salariés (administratif, commercial, étude, encadrement, personnel de production…). Elles ont réalisé un chiffre d’affaires de 2,135 milliards d’euros HT sur le marché de la construction bois en 2022, en hausse de 10,6 % en valeur par rapport à 2020 et de 2 % en volume. "Si l’activité des entreprises de la construction bois avait globalement résisté à la crise sanitaire en 2020, démontrant une certaine résilience de la filière, l’effet de reprise n’est pas visible sur tous les marchés", commentent les organisations professionnelles à l'initiative de ces travaux. "On constate notamment des évolutions régionales contrastées. Ce sont les entreprises de plus de 20 salariés qui ont la contribution la plus forte à ce chiffre d’affaires, à hauteur de 63 %. Les entreprises de 10 à 19 salariés réalisent 19 % de ce chiffre d’affaires et les moins de 10 salariés, 18 %". Parfois, ces entreprises ne sont pas spécialisées uniquement en construction bois. Certaines exercent d’autres activités en lien ou non avec le bois. Au global, elles ont réalisé l'an dernier un chiffre d’affaires de plus de 4,6 milliards d’euros HT, en hausse de 14,3 % en valeur par rapport à 2020 et de 5 % en volume. La construction bois représente en moyenne 46 % de ce total, "quasiment stable par rapport à 2020 (47 %)", précisent les organisations professionnelles.
Logement : la part du bois ne décolle pas
Dans le détail, 22 200 logements ont été construits en bois en France en 2022, en baisse de 1 % par rapport à 2020. 9 650 maisons individuelles en secteur diffus (-2 % par rapport à 2020), 1 800 maisons individuelles en secteur groupé (-43 %) et 10 750 logements collectifs (1) (+ 12 %). "La construction de maisons individuelles en secteur diffus baisse légèrement dans un environnement complexe : la RE2020, entrée en vigueur le 1er janvier 2022, a perturbé les autorisations et les mises en chantier globales, l’effet booster ne se faisant pas encore ressentir sur la construction bois. Les fortes hausses des prix du bois en 2021 ont pu freiner les projets en bois et les dépôts de permis de construire en 2021, impactant les mises en chantier des maisons en bois en 2022. Enfin, l’augmentation des taux d’intérêt ainsi que les nouvelles règles plus contraignantes du Haut conseil de la stabilité financière mises en place en 2022 ont fortement impacté les projets de construction, et particulièrement des primo accédants à fin février 2023, les crédits à l’habitat ont baissé de 14.1 % sur un an. La construction bois a davantage souffert sur le marché de la maison individuelle secteur groupé qui concerne la promotion privée et sociale ; il convient de rapprocher cette baisse des difficultés rencontrées par les CCMIstes - un certain nombre de dépôts de bilan dans ce secteur -, et le fort recul de la commercialisation des logements neufs. À l’inverse, la construction bois sur le marché des logements collectifs est en hausse, notamment portée par les immeubles de plus de 3 étages, profitant en partie du dynamisme lié à la demande des Jeux Olympiques 2024 - surtout en Île-de-France -, ainsi que des appels à manifestations aux niveaux régional et national". Au total, la part de la construction bois dans le marché du logement (maisons individuelles secteur diffus et groupé, logements collectifs) s’établit à 6,2 % pour l’année 2022 contre 6,5 % en 2020.
Autre déception, le marché de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) en rénovation a enregistré une baisse de 12 % de son chiffre d'affaires en 2022. "47 % des entreprises présentes sur le marché de la construction bois déclarent avoir réalisé des travaux d’isolation thermique par l’extérieur en rénovation en 2022. Elles étaient 45 % en 2020 et 48 % en 2018. Ce marché est évalué à 275 M€ HT pour l’année 2022. Rapportée au chiffre d’affaires réalisé par les entreprises de la construction bois en entretien-rénovation (un peu plus de 1,2 Md€ HT), cette activité ITE en rénovation représente 22 % de l’activité entretien-rénovation".
L'extension-surélévation et le non-résidentiel tirent leur épingle du jeu
Parmi les motifs de satisfaction, l'activité liée à l'extension-surélévation enregistre une hausse de 9 % en 2022, avec 11 300 réalisations en bois contre 10 340 en 2020. "Dans un contexte national de hausse du nombre total d’extensions-surélévations (+ 19 %), la part de marché des extensions-surélévations construites en bois baisse par rapport à 2020 (28 % en 2022 contre 30,5 % en 2020), mais reste supérieure aux parts de marché enregistrées en 2016 et en 2018". L'enquête réalisée signale aussi que la construction bois gagne des parts de marché dans le non-résidentiel. Deux segments, celui des bâtiments agricoles et des bâtiments industriels, affichent des parts de marché en construction bois supérieures à 23 %. "Le bois conforte sa part de marché concernant les bâtiments tertiaires publics et privés (de 10,9 % en 2020 à 13,1 % en 2022) et les bâtiments industriels et artisanaux (de 20,3 % à 23,5 %) en augmentant ses surfaces construites en bois. S’agissant des bâtiments agricoles, les surfaces construites en bois ont diminué dans un contexte global de fortes baisses (tous systèmes constructifs) : la part de marché de la construction bois augmente de 23,7 % à 27,3 %".
(1) Intégralement en bois ou mixité bois-béton et bois-métal.
(2) Une synthèse détaillée de la 7e enquête nationale construction bois est accessible en ligne via le lien suivant.