Deux enseignants de la Loire viennent de lancer, sous le nom de Wood Working Dematerialized, un nouveau site d’apprentissage en ligne des machines pour le travail du bois. Proposant des formations sur diverses machines de seconde transformation, et en premier lieu des machines d’atelier traditionnelles, ce mode d’apprentissage innovant permet notamment de compiler plus aisément les données, de conserver une trace des diverses validations et aussi de permettre à chaque élève d’apprendre à son rythme.
Le site est actuellement fonctionnel et il a deux objectifs : permettre l’apprentissage de l’utilisation des machines à bois dangereuses, pour les élèves allant du CAP au BTS concernés, et permettre à l’enseignant de connaître, en un coup d’œil, l’avancement différencié de ses apprenants et d’en garder une trace», résume Franck Bruyas. Celui-ci, qui revendique une expérience d’une vingtaine d’années en apprentissage du bois, a initié cette idée d’apprentissage en partie dématérialisé en collaboration avec son collègue David Gibert du lycée professionnel Benoît-Fourneyron situé à Saint-Etienne (42). Ces deux enseignants en classes de CAP et bac professionnel construction bois sont par ailleurs tous deux issus d’une tradition familiale en matière de seconde transformation du bois.
La genèse du projet remonte à environ quatre ans : «Ce projet est né de la volonté de gagner du temps en matière de récupération des données, et de proposer un outil ludique aux élèves, qui par divers aspects rappelle un peu le principe de certains jeux vidéos», explique Franck Bruyas. La formation comporte une partie théorique, incluant des vidéos interactives (entre une et six par module, en fonction de la complexité et de la dangerosité de la machine), vidéos auxquelles s’ajoutent un QCM, ainsi qu’un jeu de vignettes photographiques permettant à l’élève de repositionner visuellement les différentes parties de la machine. Cette partie théorique est elle-même complétée par une partie pratique, permettant à l’enseignant de valider, en atelier, la bonne maîtrise de l’élève. A l’issue de la formation, l’élève obtient un badge et une attestation. En plus de simplifier la gestion des données, via les outils numériques actuels (l’enseignant peut par exemple valider, depuis l’atelier, grâce à l’outil aujourd’hui répandu qu’est le smartphone), ce mode d’apprentissage permet à chaque élève d’avancer à son rythme (un point important, quand on constate que la capacité d’apprentissage des élèves se révèle très variable), sachant qu’en fonction des cas (c’est-à-dire en fonction du type de machine et du profil de l’élève considéré), les différentes formations proposées s’inscrivent sur une durée allant de un à trois ans environ.
5 formations disponibles, et à terme 60
«Le site n’est pas encore complet, car seulement cinq formations sont accessibles pour le moment. Nous travaillons chaque jour pour le compléter et à terme le site devrait permettre de dispenser un total de près de soixante formations ; c’est un peu comme faire passer soixante permis de conduire», explique Franck Bruyas, qui précise que «le confinement nous a amené à accélérer la mise en service d’une première offre, afin de permettre aux élèves de travailler à distance».
Les cinq formations déjà disponibles concernent un prérequis sur la sécurité en atelier, ainsi que des formations sur scie à ruban, scie à format, dégauchisseuse et raboteuse : «Notre objectif, dans un premier temps, est de former aux machines d’ate- lier traditionnelles, qui peuvent présenter des risques, en tout cas davantage que les machines à commandes numériques, concernant lesquelles nous ne proposons pas encore de formations, même si cela n’est pas exclu pour la suite». Il est en tout cas prévu que le site propose prochainement pas moins de 60 formations, toutes dédiées au secteurs de la seconde transformation, incluant divers prérequis portant sur l’aptitude de l’élève à utiliser des machines, via un certificat médical, ainsi que le protocole à adopter en atelier (port de casque, de lunettes de protection, plaque signalétique de la machine, etc.) ; figureront aussi une majorité de modules de formation concernant les machines fixes, et plusieurs autres relatifs aux outils électroportatifs, et dans une moindre mesure aux outils manuels.
«Nous avions tout d’abord envisagé de faire appel à des prestataires externes en vue de développer notre projet, n’étant ni l’autre informaticiens, mais nous nous sommes finalement résolus à procéder par nous-mêmes», précise Franck Bruyas, qui souligne qu’il s’agit «d’un travail énorme». Les deux enseignants envisagent déjà d’étendre leur offre, dans un premier temps à l’académie de Lyon et de Grenoble, puis à l’ensemble de la France, voire des pays francophones, rien ne s’y opposant en effet. En cette période de confinement, il est à noter que le site (www.woodworkingdematerialized.fr/) est accessible gratuitement et jusqu’à fin septembre. «Tous les élèves peuvent s’inscrire. En ce qui concerne les enseignants qui souhaitent réaliser le suivi de leurs élèves, ils doivent contacter par mail les administrateurs afin de leur communiquer la liste des étudiants», précise Franck Bruyas.
Photo : Le site de Wood Working Dematerialized, qui propose pour l’heure 5 modules de formations, en proposera à terme pas moins de 60.