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Une réflexion commune sur la distinction des bois locaux

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Crédit photo Bois des Territoires du Massif Central
Les certifications Bois des Alpes, Bois des Territoires du Massif central (BTMC), Bois des Pyrénées, Lignum Corsica et les Appellations d’origine contrôlée (AOC) Bois du Jura et Bois de Chartreuse se sont réunies afin de réfléchir à leur avenir commun.

« Les certifications et AOC s’engagent à promouvoir et valoriser les produits bois locaux utilisés dans la construction, issus de forêts gérées durablement, et permettent de soutenir les entreprises du territoire. Elles assurent et garantissent la qualité des bois et leur provenance pour les professionnels de la construction, comme pour les consommateurs », ont réaffirmé les salariés et présidents des certifications et AOC en réunion le 4 avril dernier. La rencontre a visé à poser les bases d’un rapprochement. « Afin de renforcer leur engagement commun, les certifications et AOC unissent leurs forces et s’allient pour lutter plus efficacement contre les imports de bois étrangers. Jamais une telle décision n’avait été prise depuis la création de la première certification de bois local, en 2011 », a-t-il été expliqué à l’issue de la réunion. « Les certifications veulent travailler main dans la main et unir leurs moyens techniques et financiers pour répondre de manière concrète aux enjeux de la filière bois locale. »

Les réflexions ont porté sur des thématiques de communication, marketing, juridique et de traçabilité. Les structures ont pu marquer leur intérêt quant au développement de l’application BoisLocal.org, inaugurée par Bois des Pyrénées et Bois des Territoires du Massif central en novembre 2022.

La journée a débuté par la visite de la Fabrique, ébénisterie collaborative et solidaire située à Francheville. Mathieu Pesin, associé et directeur des opérations pour SmartB, a présenté l’application BoisLocal et ses perspectives de développement. L’après-midi, la délégation s’est réunie au Mix coworking de Tassin-La-Demi-Lune afin de mieux se connaître et définir des axes de travail communs.

Deux propositions parlementaires pour promouvoir l’usage local du bois

« Valoriser le bois localement présente un double intérêt : limiter les émissions de CO2 en travaillant cette ressource en circuit court et assurer la présence d’un tissu industriel sur un territoire. Il y a donc un enjeu d’aménagement du territoire et de maintien ou de développement d’activités industrielles. Il s’agit d’une préoccupation de longue date des élus locaux, des chambres consulaires, des parcs naturels régionaux comme des fédérations professionnelles, qui multiplient les séminaires sur cette question. La valorisation locale évite en outre l’exportation de grumes qui n’ont pas de valeur ajoutée », est-il noté dans le rapport d’information publié le 2 mai dernier par la mission d’information parlementaire sur l’adaptation au changement climatique de la politique forestière et la restauration des milieux forestiers. Le même rapport note aussi : « Il faut s’assurer de la capacité de l’industrie française à valoriser le bois localement, ce qui n’est pas le cas actuellement ».

Toujours est-il que la mission parlementaire fait deux propositions sur le thème du bois local. L’une concerne la difficulté de privilégier la commande locale et le développement de marques régionales. Cette proposition n° 21 du rapport (qui en comprend 39) est la suivante : introduire à l’article L. 2111-1 du code de la commande publique un poids minimum obligatoire consacré aux critères environnementaux et sociaux dans la pondération des marchés publics.

La mission s’est appuyée pour cette proposition sur l’exemple de Combes, où deux crèches ont été construites avec des bois locaux grâce à la mise en œuvre d’un groupement d’entreprises.

Deux crèches et 241000 € captés sur le territoire

Les élus de la communauté de communes des Combes qui ont souhaité commander la construction de deux crèches via des bâtiments à énergie positive construits avec des matériaux locaux mobilisés par une filière d’acteurs économiques du territoire. Le titulaire du marché a constitué un groupement d’entreprises réunissant un constructeur, une agence d’architecture, un bureau d’études, une scierie et divers sous-traitants, dont un exploitant forestier, expliquent les rédacteurs du rapport de mission parlementaire. « La maîtrise d’ouvrage n’étant pas propriétaire de forêt, il a été exigé du titulaire du marché de s’approvisionner via un volume de bois sur pied identifié sur des forêts à proximité avec l’aide de l’ONF et des communes forestières. Pour cela, un marché de gré à gré entre l’exploitant forestier du groupement et l’ONF pour le compte de la commune de Confracourt (à 12 km) a été passé. La méthodologie pour garantir la traçabilité des bois de la forêt à la scierie puis à l’atelier du constructeur a été assurée par un marquage à la peinture des bois. Ce point constituait un critère de sélection des offres. Ainsi, le bois massif de la commune de Confracourt a été utilisé pour le sol, les murs et l’ossature des cloisons intérieures. »

Cette réalisation a maintenu 3 ETP sur le territoire pendant un an et a évité l’émission de 317 tonnes de CO2 par stockage et substitution, ont souligné les parlementaires. Ils ont ajouté que, grâce à la démarche « filière courte », ce sont 365 500 euros qui sont restés sur le territoire (entreprises, salariés, etc.). Dans le cadre d’une construction classique s’appuyant sur des prestataires français et des bois d’importation, seuls 124 500 euros seraient restés sur le territoire selon eux.

« L’engagement du maître d’ouvrage a donc permis de capter sur le territoire près de 241 000 euros supplémentaires. »

Les parlementaires ont ainsi observé que « ce type d’initiative pourrait être renforcé, bien au-delà du secteur de la forêt et du bois d’ailleurs, par l’introduction dans le code de la commande publique d’un poids minimum obligatoire tenant compte de critères environnementaux, car il n’est pas rare que le prix représente encore plus de 80 % de la pondération des critères lors des commandes publiques. S'agissant des critères sociaux, il est également possible d’introduire des dispositions visant par exemple la promotion de l’emploi local ou la performance de l’insertion professionnelle », ont-ils ajouté.

La proposition n° 22 concerne également le thème de l'usage du bois local. Elle est la suivante : généraliser la traçabilité des produits en bois et développer une forme de score environnemental pour ces produits.

« Fibois avait tenu à rappeler aux membres de la mission que près de 10 000 scieries locales ont fermé en quinze ans », c'est ce qu'on noté les auteurs du rapport (en réalité, un tel nombre de scieries a été perdu au cours des 50 dernières années). Les marques territoriales, comme « Bois des Alpes » pourraient favoriser leur retour ont ainsi estimé les parlementaires. « Ainsi, si l’on souhaite augmenter la consommation de bois issu de nos forêts, nous devons permettre aux Français et aux entreprises qui passent des commandes d’avoir accès aux données de traçabilité des biens en bois qu’ils achètent, comme c’est déjà le cas avec la nourriture aujourd’hui. Mettre en valeur le bois français et le faible impact carbone d’un objet, à travers l’encouragement à recourir à des marques régionales fondées sur les meilleurs critères de durabilité, peut ainsi être une clé d’orientation de la consommation. »

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