Avec pour objectif de concevoir un guide méthodologique à l’attention des maîtres d’ouvrage et des entreprises qui désireraient se lancer en confiance dans la construction de ponts routiers bois-béton en France, le Cerema a équipé de capteurs un pont de la RN19 en Haute-Saône, composé de quatre poutres en lamellé-collé de 31,40 mètres et d’un tablier en béton, qui vient d’être coulé.
L’endroit – sur la RN 19 reliant Lure à Vesoul – est peu peuplé et propice à une expérimentation ! Elle est conduite par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) de Metz et d’Autun. Il s’agit, sur le territoire de la commune d’Amblans-Velote, de l’observation d’un pont routier à base de poutres porteuses en lamellé-collé. Le pont permettra le passage de la faune et des engins forestiers sous un tronçon de nationale à quatre voies en train d’être construite, pour le compte de la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de Bourgogne Franche-Comté.
S’il existe quelques pont en bois sur des routes en France, leur comportement est peu qualifié, concernant le trafic et les intempéries. L’occasion se présentait ici, dans un cadre qui plus est forestier, d’avancer dans la connaissance de ce type d’ouvrage sur le long terme : le choix a donc été fait par la direction interdépartementale des routes de l’Est (DIR), maître d’œuvre, et le maître d’ouvrage, d’appuyer l’expertise du Cerema.
Guide méthodologique
Grâce à des capteurs, le Cerema va relever température, hygrométrie et déformations du bois, ceci pendant une période de trois ans et une période de cinq ans. Il s’agit de mieux informer la tenue de tels ouvrages et ainsi d’affiner les outils de dimensionnement. C’est en particulier le comportement des points de connexion qui sera étudié, le bois étant plus souple que l’acier, matériau habituel des ponts. Un guide méthodologique pour ce type de pont sera rédigé à l’issue du travail.
Les poutres en lamellé-collé de douglas ont été posées en décembre dernier sur un pilier central et deux culées, le tablier en béton a été coulé ce début d’année, et le pont (budget proche d’un million d’euros) sera ouvert au trafic en même temps que le tronçon rénové dont il fait partie, de 3 km. C’est Arbonis qui a produit les poutres d’un seul tenant de 31,40 mètres de longueur, 1,20 m de largeur et 1 m de hauteur, au nombre de quatre. Filiale du groupe Vinci, Arbonis se présente comme «concepteur constructeur de solutions bois pour des constructions en tous corps d’états : charpente traditionnelle, structure en lamellé-collé, ossature bois, enveloppe et façade, vêture». La fabrication a eu lieu dans son atelier de Verosvres, ainsi que la pose des systèmes de connexion à la dalle béton. Chaque poutre, constituée en réalité de deux demi-poutres collées, pèse 24 tonnes, et leur transport a été impressionnant !
Fabienne Tisserand