Il serait exagéré d’écrire que le Président de la République a choisi la filière bois pour la reprise de ses déplacements en région après la validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel. Sans aller jusque-là donc, Emmanuel Macron avait néanmoins bel et bien programmé à son agenda la visite d’une entreprise de construction bois lors de son déplacement dans le Bas-Rhin le 19 avril. Pas sûr que les qualités chaleureuses et conviviales régulièrement attribuées au matériau aient suffi à réchauffer l’accueil visiblement très frisquet que lui avait réservé sur place une partie de la population, mais l’ambiance semblait plus calme dans les locaux de l’entreprise Mathis où le chef de l’État a pris la parole pour adresser quelques mots à la filière forêt-bois. Emmanuel Macron a globalement loué les propriétés intrinsèques du matériau, notamment sa capacité à décarboner les usages dans la société, mais n’a pas manqué d’inviter une nouvelle fois la filière à se développer davantage pour réduire le déficit du commerce extérieur des produits bois et dérivés. Un diagnostic bien connu des professionnels sans doute davantage préoccupés en ce moment par les mauvais résultats enregistrés depuis plusieurs mois par le marché français de la construction.
Le 9 mai, le Conseil national de la refondation dédié au logement présentera le résultat de ses travaux axés depuis fin novembre sur trois thématiques : redonner aux Français du pouvoir d'habiter, réconcilier la France avec l'acte de construire, et faire du logement l'avant-garde de la transition écologique.
Nul doute que la construction bois possède de solides arguments à faire valoir sur chacun de ces sujets. Toutefois, même si les évolutions réglementaires en cours devraient progressivement favoriser l’emploi de matériaux biosourcés en général et du bois en particulier, la mauvaise orientation actuelle de la conjoncture, induite entre autres par la raréfaction du foncier ou la hausse des taux d’intérêt, laisse planer nombre d’incertitudes quant à l’avenir du secteur du bâtiment, notamment dans le neuf.
Mi-avril à Lille lors du Forum bois construction, plusieurs interventions avaient d’ailleurs plutôt situé les perspectives de croissance du marché du côté de la réhabilitation, de la rénovation et de l’extension de logements. Une tendance ensuite confirmée par le président du CSF bois Dominique Weber qui indiquait que ces domaines de spécialité constitueront l’un des piliers du nouveau contrat stratégique que la filière forêt-bois devrait officialiser dans les prochaines semaines.