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Ligna 2023 : un salon mondial pour la construction bois

L’effort de l’industrie allemande de la filière bois pour pousser la construction bois sur tous les marchés a porté ses fruits : la construction bois devient le thème de la Ligna 2023, du 15 au 19 mai à Hanovre.

Avec la troisième décennie du XXIe siècle, la page des Ligna centrés sur la « production connectée » est tournée. En attendant une évolution indispensable vers la frugalité des machines, ou une nouvelle diversion vers l’intelligence artificielle, le thème phare de l’édition 2023 sera la construction bois. Mais laquelle ? Le preview du 16 février, tout en répondant aux attentes traditionnelles de chiffres sur la machine à bois allemande, ne met pas en exergue le petit artisan confronté à la rénovation, la réhabilitation, l’extension ou la surélévation avec des matériaux biosourcés, bref, la réalité actuelle et future du marché en Allemagne et en Europe. Ce marché a besoin de machines qui n’existent pas encore, recourant peut-être, d’ailleurs, à cette fameuse intelligence artificielle. En tout cas, il requiert l’intelligence, la main-d’œuvre, l’humain. Le Preview d’un salon de la machine à bois cherche à impressionner, mais aussi à justifier sa vocation et l’on y voit beaucoup de robots, un peu comme pour le marché des cuisines que les Allemands ont réussi à arracher aux Italiens de cette même façon.

Grande stabilité

Les organisateurs de la Ligna se réjouissent évidemment de faire tourner une nouvelle fois leur immense parc d’exposition de Hanovre au lieu de reconduire l’édition virtuelle décalée de 2021. Et comme tous les organisateurs de salon, ils soulignent l’apport incontournable des rencontres humaines. Il est prévu que celles-ci continuent d’avoir lieu à Hanovre tous les deux ans, de façon inchangée. La Ligna exposera sur plus de 100 000 m2 nets (dont 44 000 m2 allemands) avec plus de 1 000 exposants (dont 373 Allemands), ce qui fait une belle surface moyenne de stand.

La marche forcée vers la numérisation de ces dernières années n’a pas eu d’incidence sur ces paramètres d’exposition. Ni sur la force de la machine à bois allemande, fédérée par la VDMA. Selon l’Association des fabricants allemands de machines et d'équipements, 2022 représente en chiffres d’affaires un record absolu à 3,5 milliards, même s’il faut prendre en compte une inflation de 9 % qui relègue 2022 derrière les 3,4 milliards de 2021 (3,4 également en 2019, avant le Covid). De sorte que la perspective de boucler 2023 à 3,4 milliards représentante une projection prudente de stabilisation a haut niveau.

Ce qui frappe, c’est la faculté de la machine-outil allemande de s’affranchir des questions géopolitiques. Quelques éditions en arrière, on entendait surtout parler russe à Hanovre. Quant à l’imbrication économique avec la Chine, voici que les Allemands la relayent au second rang derrière les États-Unis, même si les ventes vers l’Empire du Milieu restent stables et que les exposants chinois viennent en force. La France conserve sa place de choix comme destination et connaît une forte progression, au même titre que l’Italie et l’Espagne, mais de façon moins prononcée que le Royaume-Uni ou la Turquie. La Pologne, la Suède, la Belgique, la République tchèque restent des destinations stables, l’Autriche et les Pays-Bas régressent un peu.

La France, locomotive sans machines

Selon Suzanne Gatzemeier, traditionnel relais de la Ligna en France via Global Fairs, tous les acteurs français de la transformation du bois actif à l’export sont présents à la Ligna avec un stand : « Des entreprises de la première transformation comme Métallerie du Sud Lorrain, Forézienne, Finega, Cathild Industrie ou SGM figurent parmi les abonnés de longue date. En 2023, la présence de SC2P sera une première. Morillon, Additec, Joulin Aero, Efficad, Cardot Technologie, Utis, Manut LM, Topsolid ou Stif sont également des fidèles de la Ligna. En 2023, Epur et Blanchon viennent renforcer la présence française, qui se monte à exposants ».

Les Français ne brillent ni par le volume de leur présence comme exposants, ni comme visiteurs. 40 % des visiteurs attendus viendront d’Allemagne, puis, dans l’ordre, il y aura les Italiens, les Autrichiens, les Turcs, les Espagnols, les Chinois (également fortement présents comme exposants), les Suédois, les Polonais, les Néerlandais, les Suisses… Si la construction bois devient le point d’orgue, et dans la mesure où la France est actuellement la locomotive du construire biosourcé en Europe, y compris en termes de machines, ce désintérêt français pour la Ligna 23 ferait bien le lit du salon Eurobois 24. Toutefois, les données du salon de Hanovre sont évidemment prospectives, et si la Ligna mettait en lumière, pour le domaine de la construction bois, une révolution comparable à l’arrivée des machines de taille à commande numérique (il y a 25 ans), tout le monde viendrait voir sans attendre.

Bonne apréhension du marché

Et c’est précisément là qu’on se demande si le preview assume avant tout un rôle spectaculaire, ou s’il reflète ce qui sera le point d’orgue de la manifestation de mai prochain. L’université de Stuttgart a créé la magnifique coque du salon Buga il y a quelques années déjà (2019). Sa capacité avérée d’encaisser depuis un démontage-remontage est un point important et les performances techniques de cette réalisation restent uniques. Entre-temps, Stuttgart a développé des solutions de plancher léger et pourtant acoustique. Mais où est l’actualité marché ? Où est la reproductibilité, sinon dans un nouveau projet, certes grisant, de la même équipe universitaire, à son propre profit ?

Quant à Gropyus, qui prétend révolutionner la construction bois de bout en bout afin de répondre aux attentes des locataires par ailleurs clients d’Ikea, la start-up peut revendiquer la construction d’un R+8 près de Coblence (noyau béton), c’est beaucoup en Allemagne, peu en France. Toutes les promesses disruptives d’intégration totale restent à valider par les faits, même si l’Europe assiste actuellement à la mise en route de deux méga-usines de MOB, en Allemagne et au Royaume-Uni, et que l’idéologie du hors site a cours. Il est possible que les organisateurs du salon, encore influencés par les mirages de la numérisation, demeurent à la recherche de la bonne approche du marché de la construction avec le bois. Car les mirages ont prévalu face à la nécessité de l’un des meilleurs clients de ce salon et de la machine à bois allemande, la Turquie : un tremblement de terre, 600 000 personnes évacuées, 1,6 million hébergées en urgence, pour cause de construction traditionnelle.

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