L’entreprise Darvey SA, basée à Lescheraines (73), constitue aujourd’hui un acteur régional important dans le domaine de la construction bois. C’est grâce à une stratégie pertinente, s’appuyant sur le savoir-faire précieux de ses employés ainsi que sur des investissements raisonnés, qu’elle est parvenue, suite à sa reprise en 2007, à surmonter les aléas de la conjoncture économique et à asseoir une solide réputation.
Voici une entreprise qui tend à démontrer qu’il n’est pas forcément besoin d’être issu d’une longue lignée de la filière bois pour réussir au sein de celle-ci. Lorsque Peter Whelan reprend l’entreprise Darvey SA en 2007, il peut certes déjà justifier d’une expérience conséquente, mais acquise dans d’autres domaines que celui du bois : ingénieur de formation, il travaille durant une dizaine d’années à Paris, dans le secteur des télécoms. Cela fait à présent une quinzaine d’années qu’il s’est installé en Savoie, où la voie du bois s’est finalement imposée à lui.
Mû par l’envie d’entreprendre, Peter Whelan envisage tout d’abord de développer un projet dans le domaine de l’électricité : une façon de revenir aux sources, son père étant lui-même de la partie. «Je souhaitais me sédentariser», explique-t-il. Il se met donc en quête d’une entreprise électrique qu’il pourrait reprendre, tout en commençant à envisager de développer une affaire dans le domaine de la construction au sens large.
Il fait alors une rencontre qui n’aboutira pas mais qui lui donne l’idée du bois. Dès lors, il poursuit ses recherches dans cette optique. Il visite diverses entreprises et rencontre finalement deux charpentiers locaux ayant eux-mêmes repris l’entreprise Darvey SA mais qui, se heurtant à des problématiques relevant de la gestion, cherchent à céder à nouveau l’entreprise. C’est ainsi que l’ingénieur de formation reprend en 2007 Darvey SA, bénéficiant à l’époque d’une accréditation pour être subventionné, conditionnée par une capacité à proposer des chalets à prix abordables.
«Je n’ai pas souhaité remettre en question le positionnement ni les activités de l’entreprise ; j’ai plutôt cherché à optimiser l’organisation en conciliant au mieux les atouts dont elle disposait en termes d’espace, d’équipement, et surtout de potentiel humain», précise Peter Whelan. «L’entreprise dispose d’une excellente équipe : tirer le meilleur parti de ces compétences s’est imposé à moi comme une priorité», souligne-t-il.
Ces atouts vont s’avérer d’autant plus importants que l’effervescence caractérisant le secteur du bâtiment en 2007 ne dure pas, puisqu’elle est suivie peu après par la crise économique que l’on sait. Peter Whelan, cependant, apprend le métier au contact du terrain, et l’entreprise déploie une stratégie d’optimisation s’appuyant sur ses ressources internes ainsi que sur un marché local traditionnellement dynamique en matière de construction bois.
Polyvalence et qualité constante
Dès lors, c’est en plusieurs étapes successives que Darvey s’affirme et se développe : son dirigeant, soucieux du bien-être au travail de ses salariés, engage des travaux de réfection de la toiture en 2012 qui s’achèvent en 2017, et effectue entre 2013 et 2014 des travaux destinés à isoler les ateliers grâce à des murs ossature bois.
Sur le plan de l’équipement machine, Darvey avait d’ores et déjà acquis un centre de taille K2 de marque Hundegger en 2006, une machine qui a «transformé la production», comme en témoigne Peter Whelan. Depuis ont été acquises une ponceuse calibreuse pour la partie menuiserie, ainsi qu’une cadreuse et une scie proformat, et par ailleurs un camion grue en 2012. «Nous avons aussi pour projet d’investir prochainement dans une machine numérique dédiée à la partie menuiserie, mais il est vrai qu’étudier les offres techniques en parallèle du travail quotidien n’est pas toujours aisé», précise Peter Whelan.
Darvey SA consacre aujourd’hui environ la moitié de son activité à la maison ossature bois, avec une moyenne de 15 à 20 maisons construites par an. Un quart du chiffre d’affaires est par ailleurs réalisé sur le secteur de la rénovation (réfection de toiture, extension, ou encore rénovation énergétique), le quart restant correspondant à la construction de chalets (incluant de la menuiserie et de l’agencement) ainsi qu’un peu d’agencement pur. «Nos clients sont essentiellement des particuliers, basés pour la plupart en Savoie ou Haute-Savoie».
«Être en mesure de revendiquer une activité variée est une force, notamment en période de crise», souligne Peter Whelan. «L’année 2016 a été assez difficile dans l’ensemble, même si la rénovation a un peu progressé durant cette période. A l’heure actuelle cependant, on peut dire que la demande est bien revenue.»
La recherche de la qualité demeure pour Darvey SA une exigence incontournable : «Nous ne prétendons pas à des réalisations de luxe, mais à une qualité technique irréprochable, et je peux dire que nous sommes particulièrement bien positionnés en matière de qualité/prix», déclare Peter Whelan. Pour contribuer à cette qualité, l’entreprise, qui ne sous-traite aucune de ses tâches, possède notamment un séchoir sous vide permettant de ramener les bois à 12% d’humidité. «Nous ne souhaitons pas, au demeurant, automatiser à outrance. Il est en tout cas hors de question pour nous de supprimer des postes en vue d’intégrer des machines supplémentaires», souligne Peter Whelan. «Nous essayons de privilégier le bois local à chaque fois que cela est possible», ajoute-t-il. «Cependant, il est vrai qu’il nous manque aujourd’hui un partenaire scieur, en vue de mettre en place une meilleure dynamique à ce niveau-là».
Stéphane Jardin