“Towards adhesive free timber buildings” (AFTB), tel est le nom du projet de recherche initié en janvier 2017 (et devant se prolonger jusqu’en 2020) dans le cadre du programme européen Intereg. Il vise la mise au point de produits techniques bois sans colle. Une réunion a eu lieu à l’Enstib en décembre dernier, réunissant des chercheurs des six laboratoires de six pays participant au projet.
Au sein des universités de Liverpool en Angleterre, de Galway en Irlande, de Dresde en Allemagne, de l’Institut de science et technologie du Luxembourg, de l’Office économique wallon du bois, et du Laboratoire études et recherche matériau bois (Lermab) de l’université de Lorraine, un réseau de chercheurs s’est créé pour plancher d’ici à 2020 sur des produits techniques bois pour la construction sans colle. Marc Oudjene, du Lermab, a reçu en décembre dernier à l’Enstib, sur le campus bois d’Épinal, ses collaborateurs des six pays d’Europe du Nord-Ouest impliqués dans le projet AFTB. A ce stade du programme, c’est à dire un après son lancement, il s’agissait avant tout de faire le point sur l’avancement du projet, et notamment sur la fabrication de panneaux lamellés-croisés sans colle, et de régler le dispositif partenarial. Trouver le moyen de remplacer la colle dans les produits bois collés, tel est l’objectif que se sont fixé les chercheurs. Les résultats finaux sont attendus pour 2020.
Tourillons
À ce jour, l’Europe produit annuellement 5 millions de m3 de bois techniques, et le marché croît, indiquent les protagonistes du programme. Ces produits d’ingénierie sont des alternatives au béton et à l’acier mais ne sont pas sans impacts environnementaux de par l’usage des produits pétrochimiques qu’ils requièrent. En général, selon les chercheurs du programme AFTB, la production d’un mètre cube de bois collé requiert 5 kg de colle phenolresorcinol- formaldehyde (PRF) et 1 kg de colle melamine-urea formaldehyde (MUF) : durant la fabrication, et au moment du recyclage, l’impact de ces colles doit être pris en compte.
Le programme porte en particulier sur la mise au point de panneaux lamellés croisées (dits “CLT”) assemblés par tourillons bois. Au-delà des produits en eux-mêmes, ce sont leurs connecteurs, utilisés pour construire les bâtiments bois, qui sont aussi visés par le projet, étant en acier la plupart du temps : les assemblages par connecteurs bois seront aussi étudiés. Les chercheurs prévoient de fabriquer des milliers de tourillons en bois compressé, à partir de bois séché de différentes essences du Nord-Ouest de l’Europe, soumis à une pression de 200 t/m2 à température élevée, puis de les tester individuellement, avant de les utiliser pour fabriquer CLT, poutres, et réaliser des assemblages poutre-poutre. Ces produits seront alors testés et leurs performances comparées à celles des produits collés (en matière de résistance mais aussi de réaction au feu), grâce notamment aux outils numériques. Enfin des constructions démonstratives devraient être réalisées à Dresde, Liverpool et Épinal.
Fabienne Tisserand